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Commentaire composé de la scène 6 : Une Parodie de scène galante

Publié le 17/08/2010

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Le XVIIIème, siècle des Lumières est un mouvement intellectuel, culturel et scientifique. C’est le siècle des philosophes, des navigateurs mais aussi de grands écrivains. Le siècle se veut éclairé par la lumière des connaissances acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Elle suggère aussi, une vision du monde, où l’« homme éclairé « s’oppose à la masse de ceux restés dans les l’ignorance. Ce siècle prend une dimension sociale en dénonçant et en critiquant l’injustice par exemple des classes sociales. Les philosophes osent exposer leurs idées. Par exemple Voltaire, Diderot ou encore des écrivains comme Marivaux. Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, né en 1688 et mort en 1763 est un écrivain, dramaturge et journaliste français. Il suit des études à la Faculté de droit à Paris dès 1710. Il rencontre Fontenelle, et commence à fréquenter le salon de Madame de Lambert, Marivaux repère les esprits modernes et s’initie à la préciosité mondaine. Son premier texte est le Père prudent et équitable, ou Crispin l’heureux fourbe en 1712. Il développe alors son observation critique, s’engage dans la bataille contre les classiques et s’essaye à de multiples genres : roman parodique, poème burlesque ou chronique journalistique. Le parodique est alors sa principale voie d’écriture. Il débute une grande collaboration avec les Comédiens Italiens de la troupe la Comedia dell’Arte pour quelques pièces. Il s’inspire du personnage Arlequin pour révolutionner la comédie théâtrale. Son premier succès est Arlequin poli par l'amour en 1720.Ses comédies philosophiques surviennent. Elles sont placées dans des cadres utopiques à l’image de l'Île des esclaves en 1725 ou de la Nouvelle Colonie en 1729. L’île des esclaves est une comédie créée par les comédiens italiens en 1725 et publiée à Paris la même année. Dans un contexte Maître-Valet, Marivaux oscille entre deux pôles différents : l'utopie et la comédie de mœurs.Il met également en scène deux tonalités, l'une comique (Arlequin) et l'autre tragique (Euphrosine).L'île des esclaves, une île loin de la société civilisée, est un monde où les rôles sociaux sont renversés. Ceux qui ont été les maîtres dans la société civilisée deviennent les servants, ou les esclaves, tandis que ce qui ont été les servants devienne les maîtres. Dans la scène 6, Cléanthis, Arlequin, Iphicrate et Euphrosine se trouvent ensemble pour la première fois depuis le renversement de leurs places sociales. Maintenant, Iphicrate et Euphrosine sont les servants, ou les esclaves, de Cléanthis et Arlequin. Cléanthis et Arlequin profitent de cette situation pour comploter un jeu d'amour. Nous allons voir en quoi cette scène est une parodie galante. Nous analyserons d’abord la parodie du comportement amoureux du texte puis voir que c’est un théâtre dans le théâtre. Cette scène 6 met en scène une parodie de scène galante cest à dire une imitation burlesque. En effet cette conversation galante est exagérée avec une certaine contrefaçon grotesque. Nous abordons dans cette scène un thème traditionnel : en effet la déclaration d’amour est importante au XVIII siècle pour pouvoir gagner le cœur de la femme. L’homme est soumis à lui déclarer sa flamme en respectant des étapes importantes. La séduction semble avoir des règles à ne pas manquer. Premièrement, la tentative d'approche : l’homme doit engager la conversation délicatement sans brusquer la belle, ici il commencer par lui parler du temps « Remarquez-vous la clarté du jour madame ? «. Au XVIIIème siècle parvenir à avoir une discussion avec une femme est un moment à ne pas négliger. Elle est délicate, et sensible, c’est pour cela que deuxièmement : la femme repousse l’homme. En effet, issue d’une bonne famille, rejeter la première proposition de l’homme est l’attitude à adopter « Vous êtes aimable, mais coquet, et vous ne persuaderez pas. «. Elle veut se faire désirer et prolonge le jeu le plus longtemps possible. Nous pouvons observer un champ lexical de l’amour : « tendre « , « douceur «, « mes flammes «, ou encore « la sincérité de mes feux «, un discours précieux suivi d’images et métaphores de la scène soulignant le double thème d’amour et de la galanterie. Les figures d’atténuation exclamatives et interrogatives « Un jour tendre ? je ressemble donc au jour, Madame «, « Comment ! Vous lui ressemblez ? «, « Eh palsambleu ! «, « Qu’avez-vous donc ? « nous fait remarquer qu’il y a prédominance des sentiments, le ton de la conversation y joue un rôle considérable. Cette scène nous montre une parodie par les clichés que Marivaux met en valeur. Nous pouvons analyser un discours plat, codifié, banal. Marivaux expose la banalité dans la façon d’engager une conversation, en parlant du temps « Remarquez-vous la clarté du jour ? «, une manière plus superficielle pour séduire et montrer la politesse et la délicatesse de la personne. Nous constatons que Arlequin joue avec les images « Je ressemble donc au jour, Madame . « et cette expression narcissique désigne bien l’importance excessive accordée à l’image de soi. Aussi discute-t-il en utilisant un registre soutenu, par exemple pour dire « belle «, Arlequin emploie « vos grâces «. Dans cette parodie, nous utilisons beaucoup la tonalité comique. En effet l’humour est très présent ce qui nous offre une conversation légère basée sur l’ironie. Arlequin est un personnage comique, avec une certaine dextérité dans sa façon de parler et de jouer le jeu. Mais il garde les pieds sur terre et ne s’éloigne pas trop de la réalité : cela reste un jeu. Arlequin par son comportement souligne l'effet de caricature en créant une opposition avec la tonalité lyrique et romantique de la scène d'amour a parcouru toute la progression d'une cour galante: promenade, compliments, agenouillements, aveu avec un certain décalage ironique qui rend la pièce divertissante. Marivaux joue beaucoup sur la tonalité : Cléanthis est très agitée et nerveuse, elle ne supporte pas la négligence d’Arlequin face à cette nouvelle vie de nobles « Rayez ces applaudissements, ils nous dérangent. «. Les gestes sont les exagérés et forts, ainsi que les didascalies « l'arrêtant par le bras, et se mettant à genoux «, « riant à genoux «. Marivaux dans cette scène de l’île des esclaves nous décrit bien la séduction à son époque. Il y a une distance entre la réalité de la scène d'amour et ce qu'en font Arlequin & Cléanthis Cette parodie dénonce la niaiserie pour arriver à ses fins. Il affiche les dimensions comiques que peuvent prendre une étape comme celle-ci. Le passage de la galanterie à l’amour, l’expression amplifiée des sentiments, le refus, etc.. sont des éléments de charme. Cette façon de contourner la réalité de Marivaux est le principe du marivaudage.

 

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