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Commentaire de l' excipit de La Curée de Zola (chap VII)

Publié le 03/03/2011

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zola

(attention! il manque dans ce commentaire un passage sur l'aspect nouvelle Phèdre et tragique de Renée)

 

LA CURÉE CHAPITRE VII

 

 

 

Zola fait paraître la Curée, en 1871, c'est le deuxieme volume de la serie des Rougon- Maquart, fresque naturelle et sociale d'une famille sous le second empire. Il évoque dans cette oeuvre l'ascention sociale et financière d' Aristide Saccard, alors que les travaux d'Haussman bouleversent Paris. Il s'adonne à la spéculation et entraîne sa femme Renée dans le luxe et la futilité.

L'extrait que nous allons étudier constitue l' excipit de l'oeuvre, il s'incrit dans le denier chapitre qui décrit comment Renée est délaissée, ruinée et utilisée par Maxime et Sacard.

Dans ce passage, Renée retourne dans sa maison d'enfance, elle ouvre alors la fenêtre et observe le paysage de Paris en se remémorant sa jeunesse; elle se rend alors compte de la misère de sa vie.

Notre approche du texte s'articulera autour de trois axes: Une description impressionniste du passé de Renée. Paris, comme lieu du paradoxe. Un excipit .

 

 

I- Tout d'abord cet extrait est une description impressionniste du passé Renée.

 

L'impressionniste est utilisé, plusieurs éléments le montrent:

 

. les couleurs; des nuances; le noir et le blanc ( est présente l'opposition « la dentelle noire... la blancheur de ses piliers »), de nombreuses couleurs: « jaunissaient », « bleui », « grises », « rougeâtre », « verdâtre »

. la lumière et le coucher du soleil sont caractéristiques. Mais aussi des touches de lumière « flammes fauves » « flammes blanches » sont présentes.

. vision panoramique typique des paysage impressionnistes, rappelle un tableau.

. temps: le soleil se couche

. l'eau est très présente « eau stagnantes », « grande mare »

. les formes sont floues, imprécise avec « la brume », de plus c'est au crépuscule, les formes, les couleurs sont difficilement discernables, on a des termes comme « fondu », « s' effacaient »

 

Cet impressionnisme et le cadre rappelle le passage de la pluie d'or, du dîner avec Angèle. Comme Saccard rêvait à l'or de Paris, Renée rêve à son enfance, elle se rend compte qu'elle est passé à côté de sa vie.

 

L'imressionnisme est utilisé pour mettre en valeur la nostalgie de Renée face à son passé.

. Elle est nostalgique: « amertume derniere », « elle se souvenait »,

. Elle rêve de son passé protecteur « les éternelles joies », « heureux temps »,

c'est une des seules fois dans le livre où elle est associée à quelqu'un qui paraît être avec elle. Emploi de l'adjectif possessif« leur »: « leur tendresse », « leur amour ».

Son enfance est également présenté comme stable, il est question « d' éternelles joies ».

. Renée apparaît comme désespérée. Elle a les mains jointes, comme un appel à Dieu, et elle « sanglote ». Elle nous fait penser à la figure de Marie Madeleine (pécheresse qui pleure ses fautes). Le registre est pathétique; c'est le registre de la fin d'une vie.

. Le soleil couchant est comparé à l'enfance joyeuse et paisible de Renée. Ainsi le soleil est positionné derrière elle. Les derniers rayons du soleil représentent les derniers souvenirs du passé (avant sa mort psycologique). « c'était comme une chanson du dernier jour, un refrain de gaité »

 

 

Cette nostalgie provient de la rupture entre son enfance si pur et sa vie si malsaine. Nous remarquons que Paris représente ce paradoxe présent chez Renée.

 

 

II - La ville est présenté comme un lieu du paradoxe : à la croisée de la pureté et du vice

 

Il faut tout d'abord spécifier que ce texte est une description subjective, qui se fait à travers les yeux de Renée.

Sont présents des verbes de perception: « voyait », « lui apparut », « elle sentait encore »,

des verbes de sentiment, des mots comme « gamines », des adjectifs comme « rougeâtre », « verdâtre », qui montrent une prise de position de la part de Renée.

 

    D'un côté, Renée présente Paris de facon méliorative.

. Renée observe de sa fenêtre un Paris symbole de pureté: « rien n'était sali »

. La Seine joue ici un rôle protecteur. Elle est personnifiée: « en deux bras », « la Seine avait passé sa belle robe ». La Seine devient en quelque sorte une mère pour Renée: «dont elles sentaient la grande et pure caresse »,  « leur amour pour sa coulée colossale », Renée se trouve sur l'île saint louis et la Seine semble la protèger de l'extérieur. Il est écrit que la Seine calme Renée, elle met de « la fraicheur dans sa poitrine ».

 

     

D'un autre côté, Renée présente Paris de facon péjorative:

. La métaphore de Paris qui pourrit est reprise: Paris devient une mare:  « les ombrages de la halle aux vins faisaient une grande mare » ,le terme « se noyer » on parle d « eaux stagnantes et moussues »,

Des adjectifs dépressiatifs sont présents: « verdâtre », « rougeâtres »

 

. Il est également question dans la deuxième partie du texte de « la ville complice », des « flamboiement des nuits des boulevards » qui font référence à l'argent dépensé, à la débauche.

Dans ce passage, est présent le vocabulaire de la chaleur, « ardentes », « flamboiement », La chaleur représente l'oppression d'une société de luxe et de débauche. Elle s'oppose à la fraicheur que procure la Seine à Renée.

 

On observe donc un paradoxe dans la description de Paris ; d'un coté un Paris qui pourrit et un Paris de débauche et de l'autre un Paris pur.

On retrouve la même dichotomie, le même paradoxe chez le personnage de Renée, avec l'opposition entre son enfance inocente, paisible et pur et sa vie de débauche. Paris devient alors un symbole de cette opposition.

 

 

 

III- Ce texte constitue l'excipit de l'oeuvre, quels éléments nous le montre? Qu'a-t-il de particulier?

 

Tout d'abord, le soleil se couche, tout semble s'endormir « un refrain de gaité qui s'endormait ».

Le vocabulaire de la vieillesse est présent: « vieil ami », « éternelles joies »

Le champs lexical de la fin: « l'adieu du soleil », « une chanson dernière du jour »,

Cet excipt, fin du livre, met en scène la fin d'une vie: Renée va mourir. On sent que la fin est proche. Il est question d' adieu, de l'hopital Salepêtrière, de la fin d'une vie.

 

Ensuite, cet excipit reprend de nombreux thèmes et idées rencontrés dans le livre:

.c'est l'aboutissement du détraquement cérébral qui est évoqué tout au long de l'oeuvre. Elle meurt ainsi d'une méningite aiguë.

.Les métaphores Paris- mare , et Paris prostituée sont également reprises « le pont Constantine détachait la dentelle noire de ses cordages» Il faut faire le rapprochement entre cordage et corsage.

.Comme nous l'avons évoqué dans le premier axe, on nous décrit le coucher de soleil de facon impressionniste, tout comme dans de nombreuses scènes du livre. (par exemple dans l'incipit de l'oeuvre) 

.On a des références à des passages du roman; notamment le dîner avec Angèle (panoramique sur Paris, le rêve, le coucher de soleil, l' impressionnisme, et le rapport entre l'eau, le feu et Paris.)

 

 

Cet excipit est néanmoins particulier.

Tout d'abord, nous remarquons que ni Saccard, ni Maxime ne sont représentés, alors que ce sont deux des trois personnages principaux de l'oeuvre. En revanche, Paris prend une place importante dans cet extrait, ce qui reflète son importance au sein du livre. Ici, la ville joue le rôle d'un des personnages principaux. Paris et Renée seraient alors les deux réels personnages principaux de la Curée.

 

Ensuite, nous remarquons que les trois dernières lignes sont en totale rupture stylistique avec le reste du texte.

On passe d'une longue description impressionniste de Paris, à deux phrases brèves très réalistes sur la mort de Renée. Ces deux dernières phrases sont très sarcastiques, elles exposent les côtés noirs et malsains de la mort de Renée de facon très crue. Ainsi le montant de la somme remboursée est très précis « deux cent cinquante-sept mille francs » . Zola ne précise pas les sentiments de sa famille, mais uniquement le montant qu'ils doivent payer. Il fait la critique d'une société dont l'unique centre d'intéret est l'argent, comme dans le reste du livre.

Entre la troisième et la deuxième dernières phrases, on observe une ellipse de presque un an, ce qui accentue la rupture stylistique: « l'hiver suivant » .

Cette rupture est également marquée par le changement de focalisation. Alors que la description est vue par Renée, c'est Zola qui prend soudain la parole dans les deux dernières phrases.

 

Cette rupture aussi bien stylistique que temporelle exprime deux morts différentes de Renée. Tout d'abord, sa mort psycologique vue à travers ses yeux : les rayons du soleil couchant représente une dernière lueur de joie avant sa fin. Ensuite, Zola nous présente cruement sa mort physique et ses conséquences, de facon réaliste.

 

 

 

 

 

Pour conclure,

D'une part, Paris, décrit de facon impressionniste, occupe une place importante dans cet excipit, ce qui en fait un personnage à part entière.

D'autre part, Zola met en scène la mort psycologique de Renée, qui se rend compte qu'elle est passé à côté de sa vie. Il veut choquer ses lecteurs et axe la fin de son oeuvre sur les conséquences morales d'une vie de débauche.

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