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Commentaire : ZOLA - L'Assommoir - l'Oie - extrait du chapitre VII

Publié le 22/03/2010

Extrait du document

zola

  Par exemple, il y eut là un fameux coup de fourchette ; c'est-à-dire que personne de la société ne se souvenait de s'être jamais collé une pareille indigestion sur la conscience. Gervaise, énorme, tassé sur les coudes, mangeait de gros morceaux de blanc, ne parlant pas, de peur de perdre une bouchée ; et elle était seulement un peu honteuse devant Goujet, ennuyée de se montrer ainsi, gloutonne comme une chatte. Goujet, d'ailleurs, s'emplissait trop lui-même, à la voir toute rose de nourriture. Puis, dans sa gourmandise, elle restait si gentille et si bonne ! Elle ne parlait pas, mais elle se dérangeait à chaque instant, pour soigner le père Bru et lui passer quelque chose de délicat sur son assiette. C'était même touchant de regarder cette gourmande s'enlever un bout d'aile de la bouche, pour le donner au vieux, qui ne semblait pas connaisseur et qui avalait tout, la tête basse, abêti de tant bâfrer, lui dont le gésier avait perdu le goût du pain. Les Lorilleux passaient leur rage sur le rôti ; ils en prenaient pour trois jours, ils auraient englouti le plat, la table et la boutique, afin de ruiner la Banban du coup. Toutes les dames avaient voulu de la carcasse ; la carcasse, c'est le morceau des dames. Madame Lerat, Madame Boche, Madame Putois grattaient des os, tandis que maman Coupeau, qui adorait le cou, en arrachait la viande avec ses deux dernières dents. Virginie, elle, aimait la peau, quand elle était rissolée, et chaque convive lui passait sa peau, par galanterie ; si bien que Poisson jetait à sa femme des regards sévères, en lui ordonnant de s'arrêter, parce qu'elle en avait assez comme ça : une fois déjà, pour avoir mangé trop d'oie rôtie, elle était restée quinze jours au lit, le ventre enflé. Mais Coupeau se fâcha et servit un haut de cuisse à Virginie, criant que, tonnerre de Dieu ! si elle ne le décrottait pas, elle n'était pas une femme. Est-ce que l'oie avait jamais fait du mal à quelqu'un ? Au contraire, l'oie guérissait les maladies de rate. On croquait ça sans pain, comme un dessert. Lui, en aurait bouffé toute le nuit, sans être incommodé ; et, pour crâner, il s'enfonçait un pilon entier dans la bouche. Cependant, Clémence achevait son croupion, le suçait avec un gloussement des lèvres, en se tordant de rire sur sa chaise, à cause de Boche qui lui disait tout bas des indécences. Ah ! nom de Dieu ! oui, on s'en flanqua une bosse ! Quand on y est, on y est, n'est-ce pas ? et si l'on ne se paie qu'un gueuleton par-ci, par-là, on serait joliment godiche de ne pas s'en fourrer jusqu'aux oreilles. Vrai, on voyait les bedons se gonfler à mesure. Les dames étaient grosses. Ils pétaient dans leur peau, les sacrés goinfres ! La bouche ouverte, le menton barbouillé de graisse, ils avaient des faces pareilles à des derrières, et si rouges, qu'on aurait dit des derrières de gens riches, crevant de prospérité.

Plan de l'étude

Situation du passage dans le roman

Le destinataire du roman

L'enjeu de la scène : la notion de fête pour le peuple

Les personnages - Les comportements

L'énonciation - la voix du peuple - l'écriture naturaliste.

Conclusion : La critique du peuple, connotée dans sa vulgarité, ou la critique de la société

qui, par sa dureté envers la classe ouvrière, animalise le peuple.

Situation du passage dans le roman

Le passage est extrait du chapitre VII. Gervaise, après avoir été abandonnée par Lantier, a

trouvé du travail au lavoir, puis comme blanchisseuse. Son courage a forcé l'admiration de

deux hommes, un ouvrier zingueur, Coupeau, et un forgeron Goujet.

zola

« Situation du passage dans le roman Le destinataire du roman L'enjeu de la scène : la notion de fête pour le peuple Les personnages - Les comportements L'énonciation - la voix du peuple - l'écriture naturaliste. Conclusion : La critique du peuple, connotée dans sa vulgarité, ou la critique de la société qui, par sa dureté envers la classe ouvrière, animalise le peuple. Situation du passage dans le roman Le passage est extrait du chapitre VII.

Gervaise, après avoir été abandonnée par Lantier, a trouvé du travail au lavoir, puis comme blanchisseuse.

Son courage a forcé l'admiration de deux hommes, un ouvrier zingueur, Coupeau, et un forgeron Goujet.

Tous deux s'éprennent d'elle.

Elle épouse le premier.

À force de travail et d'économie, ils s'apprêtent à acheter une blanchisserie ; Gervaise va ainsi réaliser son rêve de devenir patronne, et par là bourgeoise. Goujet et sa mère sont disposés à lui prêter la somme qui lui manque pour cette installation. Au dernier moment, Coupeau est victime d'un accident ; dès lors il va se mettre à boire, et sa déchéance est certaine.

Gervaise pourtant, aidée par Goujet, achète la blanchisserie. Son ascension sociale se poursuit jusqu'au chapitre VII, et jusqu'à cette scène qui consacre son apothéose : on y voit Gervaise offrant, pour sa fête, un somptueux repas [ un pot-au-feu (potage et morceau de viande bouillie), une blanquette de veau,une épinée de cochon aux pommes de terre, comme légume des petits pois au lard, et enfin le plat principal, une oie grasse rôtie ] ; elle réunit plus de quatorze convives, sans compter les enfants.

La description des préparatifs de ce repas, et du repas lui-même, occupe tout ce chapitre central du roman qui en compte XIII (six avant, six après).

L'odeur de l'oie en train de cuire se répand dans tout le quartier, qui, au fur et à mesure que le repas avance, participe à ces réjouissances en manifestant dabord sa curiosité puis en s'associant aux chants des convives ; chacun peut reconnaître ainsi la réussite de Gervaise, chacun peut l'envier ou la jalouser, sentiments qui font d'elle momentanément une bourgeoise.

Mais, au milieu du repas, Lantier réapparaît ; l'avenir de Gervaise se dessine alors ; elle devra se partager entre ses deux hommes, son mari devenu ivrogne et qui "boit" sa boutique à l' Assommoir , et Lantier, son ancien amant, qui va précipiter sa ruine, avant de "manger" la confiserie de Virginie qui a repris la boutique de Gervaise pour y installer ce commerce, puis la triperie de la femme qui succédera à Gervaise et à Virginie.

À partir donc de ce repas, point culminant de sa réussite, Gervaise va déchoir jusqu'à la mort. Le destinataire du roman Il est nécessaire de rappeler ici que les lecteurs des romanciers du XIX° siècle n'étaient pas les classes populaires, ignorantes, aliénées, abruties par le travail dans les ateliers, les. »

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