Commentaire de Splendeurs et Miséres de courtisane
Publié le 27/02/2008
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Tout au long du XIX e siècle, le genre romanesque domine la littérature. Celui-ci sera aussi associé au réalisme dans certains romans, c’est notamment le cas entre 1838 et 1847 lors de la publication de Splendeurs et Misères des courtisanes de Honoré de Balzac. Dans la page que nous allons étudier, Esther, une courtisane qui par amour pour Lucien de Rubempré, a rompu avec sa vie de débauche. En effet, Esther reçoit instruction et éducation morale dans une maison religieuse pour être digne de ce dernier. Pour rendre compte de la sensualité dont fait preuve Balzac dans ce texte, ne faut-il pas s’interroger sur la façon dont est faite la description. Nous verrons ensuite comment Balzac a saturé son personnage d’Esther de traits caractéristiques.
En ce qui concerne le texte, celui-ci est écrit au temps de l’imparfait avec les verbes « brillait », « jetait », « se fondaient » ou bien encore « déparait », « allait », « apprenait» et pourquoi pas « tendaient », « voulait » et « sentait ». Tous ces verbes font de ce temps, le temps dominant du texte et nous permet d’affirmer qu’il s’agit d’un texte descriptif. De plus, la focalisation dont laquelle s’inscrit le texte est omnisciente puisqu’on sait qu’ « elle avait étonné les dépravés » et «elle inspirait, enfin l’exercice des facultés », ce qui nous permet de tout savoir et de ne pas seulement être témoin de l’histoire. De ce fait nous observons deux portraits : l’un physiologique, l’autre psychologique.
Nous remarquons donc le lexique de la sensualité de chaque partie du corps grâce à « la douceur de voix » ou bien sa « peau suave » et plus particulièrement du visage avec les termes « figure », « yeux », « front ferme » et « menton modelé ». La description d’Esther se rattache à ses origines qui doivent être orientales puisqu’il y a présence d’indications à ce sujet comme « l’Orient brillait dans ses yeux » et « ces caractères de la péri des sables ardents ». De plus, elle possède, ce qui nous permet d’affirmer notre hypothèse, une « peau suave » et un « nez comme celui des arabes ». Enfin, on peut rattacher ce portrait physique à son portrait moral avec la description de « sa bouche rouge et fraîche » qui est un trait marquant la passion qu’elle éprouve.
Cette même passion se retrouve à travers les mots « flamme » et « douce chaleur » ce qui prouve son amour pour Lucien. Nous constatons donc une légère description de l’état d’esprit d’Esther avec les mots « ne savait ni lire, ni écrire, à qui toute science, toute instruction était nouvelle » et « elle eut bientôt pris les manières, la douceur de voix, le port et les attitudes ». A travers ces deux relevés, nous observons tout de même un avancement dans cette description. Mais était-ce réellement ce que l’on croit entre être et paraître, n’existe-t-il pas une différence ?
Le personnage d’Esther possède différents traits caractéristiques. Nous pouvons dire que le portrait fait par Balzac est laudatif avec les groupements de mots « ce regard et la douceur de sa peau suave » ainsi que son « front ferme et d’un dessin fier » bien qu’une marque péjorative est mentionnée avec « ses ongles déchirés », ceci se rapportant au mouvement réalisme. Des termes religieux tels que « la ferveur », « cette âme vierge » ou bien « le paradis » ont pour but la sacralisation d’Esther c'est-à-dire de faire de cette dernière un personnage saint.
Les pensionnaires la jugent sur son apparence avec « jalouser ces miracles de beauté ». Ceci est une référence au fait que le jugement des autres est uniquement sur l’apparence est c’est un des mœurs qu’à voulu dévoiler Balzac à la société par ce biais. Ces pensionnaires finirent par se trouver « supérieur à elle par l’éducation » ce qui est une marque de condescendance. Du fait de sa jeunesse et donc de sa naïveté, Esther voudrait leur ressembler et du fait de sa « peau suave », cette dernière se met de la poudre, ce point est mentionné avec « le menton modelé (…) avait la blancheur du lait ».
Une certaine avancée se produit en même temps que la description se fait comme l’on a pu le démontrer dans le paragraphe concernant le portrait moral. L’ascension d’Esther apparaît difficile puisqu’elle est liée à son passé avec « courtisane tombée trop bas » et « instincts développés par la débauche ». De plus son caractère sensuel la rattache à ce même passé. Elle semble comme les filles du couvent puisqu’elle « eut bientôt pris les manières, la douceur de voix, le port et les attitudes de ces filles si distinguées » mais ceci est superficiel, ce n’est qu’une image : on peut donc inscrire le personnage d’Esther dans le registre pathétique mais aussi dans celui de tragique et polémique car c’est une courtisane et elle veut plaire à Lucien qui lui souhaite monter dans la société et elle n’y pourra rien.
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