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Commentaire de texte.

Publié le 29/01/2011

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Nous allons ici étudier un extrait du récit « Lucien Leuwen » qui demeure inachevé. « Lucien Leuwen » est le deuxième grand roman, après « Le Rouge et le Noir », de Stendhal écrit en 1834. Ce texte est un texte narratif. Nous commencerons par trouver quelle image Stendhal donne aux deux sujets qu'il aborde en parlant de la description morale de Lucien ainsi que de la description physique de la jeune fille ainsi que de Nancy. Puis, nous verrons comment il s'y prend pour rentre la part de réalisme qui lui est si chère.

 

 

  1. La description morale de Lucien.

     

    A) Un personnage hautain et méprisant.

     

    Pour commencer, cette impression de dédain et de mépris s'explique par le fait qu'il soit sous-lieutenant ainsi que fils d'un très riche homme d'affaires parisien, ce qui élève fortement son statut social. On constate qu'à peine arrivé à Nancy, Lucien se permet de critiquer tout ce qu'il voit. Il commence par parler des maisons devant lesquelles il est passé qu'il considère comme étant « mesquine » (ligne 1) jusqu'à ce qu'il arrive devant la grande maison avec la persienne vert perroquet. Là encore, il se moque et méprise ouvertement le goût des provinciaux en disant « Quel choix de couleurs voyantes ont ces marauds de provinciaux ! » (ligne 3), provinciaux qu'il qualifie de « marauds ». Ce terme injurieux place automatiquement les provinciaux à un niveau supérieur de celui de Lucien qui ne cache pas son amour-propre. On constate également que Lucien pense de ses camarades qu'ils ont un « esprit envieux et jaloux » (ligne 7). Là, encore, il se sent envié de tous et se considère comme étant meilleur que ses camarades qu'il méprise en les qualifiant de choses négatifs que la jeune femme est capable de faire disparaître. Lucien appartient donc à une catégorie sociale élevée et le fait savoir par ses remarques et dans ses idées « peu polies » (ligne 4).

 

B) Une impression de persécution constante.

 

De plus, on remarque que Lucien a cette impression que tout est contre lui, que des gens lui en veulent ou se moquent de lui. Cette impression de persécution constante. On peut le voir, tout d'abord, quand il parle de son cheval : « sur lequel glissait la rosse qu'on lui avait donnée, peut-être exprès » (ligne 9). Pourquoi lui aurait-on donné le mauvais cheval volontairement ? Peut-être parce qu'il sait que son statut social a de l'importance. Peut-être avait-il était mesquin avec les personnes qui se chargeaient de lui procurer le cheval. En tout cas, s'il en vient à penser qu'on lui aurait donné le mauvais cheval exprès, c'est qu'il a forcément quelque chose à se reprocher ; il a fait quelque chose qui fait qu'on aurait pu lui donner le mauvais cheval. De plus, il a tendance à ne jamais voir des choses positives. Par exemple, quand il parle des yeux de la jeune femme, la première question qui lui traverse l'esprit est « était-ce de l'ironie, de la haine, ou tout simplement de la jeunesse et une certaine disposition à s'amuser de tout ? » (ligne 12 – 13). Et pourquoi pas tout simplement un regard joyeux ou heureux ? Là encore, Lucien a tendance à voir le mal partout. Est-ce que le défilé du régiment a quelque chose d'ironique ? De haineux ? Ou bien quelque chose de drôle ? Sa façon de voir les choses montre que c'est lui qui regarde défiler le régiment avec ces mêmes expressions dans les yeux. Tout cela porte à croire que Lucien rejette ce qu'il est sur ce qui l'entoure : ils persécutent alors il est persécuté.

 

 

  1. Une description physique de Nancy et d'une de ses habitantes.

     

    A) Une description peu flatteuse de la ville.

 

La description que Lucien nous fait de Nancy est très sombre. Les murs sont « écorchés et sales » (ligne 7). Il est vrai que Lucien ne doit très certainement pas être habitué à une ville telle que Nancy. De plus, sa façon de nous la décrire reflète ce que Lucien ressent. « la boue noire » (ligne 7) nous laisse penser qu'il pleut beaucoup et que la couleur de Nancy vire plutôt dans le gris. « Le méchant pavé sur lequel glissait la rosse » (ligne 8) qui nous fait penser au vieux pavé rouge foncé. L'image qu'a le lecteur de la ville de Nancy se construit assez rapidement. De plus, le terme « glissait » est ici employé. Pourquoi le cheval glisserait-il sur le « méchant pavé » ? On imagine de suite un pavé très courbé ou alors énormément de pluie. Un « embarras sous une voûte, au bout de la rue » (ligne 9) nous procure la sensation d'une étroitesse dans la rue. Un espace confiné, gris avec des sols humides et de la boue. Revenons aux « idées tristes » (ligne 6) de Lucien qui nous dit qu'à la vue de la jeune femme, celles-ci disparaissent. Peut-être Lucien reflète-t-il ses idées tristes sur la ville. Quoi qu'il en soit, la description de Nancy semble bien lugubre.

     

    B) Un contraste avec la beauté de la jeune fille.

 

Cette description sinistre de Nancy contraste fortement avec la description de la jeune femme. Tout d'abord, parlons de la maison dans laquelle elle vit. « au milieu d'un grand mur blanc, il y avait une persienne peinte en vert perroquet » (ligne 4), cette description de la maison de la jeune femme est totalement opposée à la description de Nancy. Le mur blanc et les couleurs vives, telles que le vert perroquet, nous font plutôt penser à quelque chose de gai, de joyeux et de lumineux. Pourtant cette maison est placée entre les autres, avec les murs écorchés et sales. C'est exactement comme si on nous parlait d'un soleil éclatant surgissant en plein milieu d'un ciel gris et très sombre. Cette affirmation se poursuit lorsqu'il parle de la jeune femme : « c'était une jeune femme blonde qui avait des cheveux magnifiques » (ligne 5). La couleur des cheveux nous rappelle également la lumière, le soleil. Elle est si belle qu'il arrive à en oublier les défauts de Nancy, comme si tout autour disparaissait alors que cette maison et cette jeune femme sont plongés dans un décor sale et boueux. Mais cette affirmation se poursuit encore lorsqu'il parle des rideaux « de mousseline brodée de sa fenêtre » (ligne 11). L'univers dans lequel est la jeune femme est beau, doux et lumineux, rien à voir avec la ville dans laquelle elle vit. Cette impression de soleil qui surgit confirme l'idée de coup de foudre de Lucien. Plus rien n'existe pour lui mis à part la jeune femme. On peut d'ailleurs le remarquer lorsque le second escadron se remet en mouvement « tout à coup » (ligne 14) et que Lucien tombe de son cheval. Le terme « tout à coup » nous montre bien que cette action le surprend, l'interrompt pendant qu'il regarde la jeune femme.

 

 

Cette analyse de « Lucien Leuwen » affermit l'hypothèse dans laquelle je disais que ce texte se situait entre les deux autres ( « Clair de femme » et « La Princesse de Clèves »). Car dans les autres textes, soit tout est beau et joyeux, soit tout est sombre et laid. Ici, l'auteur a surtout voulu faire apparaître un contraste entre la beauté et la laideur, notamment, de Nancy et de la jeune femme. Un contraste entre Lucien et les autres. Et donc, un contraste entre le couple, Lucien et la jeune femme, et la ville ainsi que ses habitants.

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