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Commentaire Dom Juan Act 5 scène 5-6

Publié le 25/05/2011

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juan

COMMENTAIRE DE « DON JUAN », Acte V, Scène 5 et 6. Molière a publié sa scène théâtrale comique « Dom Juan » en 1665. Il met en scène Dom Juan, qui vient de quitter sa femme Don Elvire, et dont le seul plaisir est de séduire les femmes. Il est accompagné de Sganarelle, son fidèle valet, qui tente timidement de ramener son maître sur le chemin de la vertu et de la religion, mais en vain. Bien plus qu’un simple dénouement, les scènes 5 et 6 de l’acte V (la fin de la pièce), donnent tout sens à cette œuvre qui ne cesse de tourner autour du rendez-vous et de la confrontation annoncés entre Dom Juan et la statue du Commandeur, la pièce se nommant « Dom Juan ou le Festin de pierre » (sûrement le symbole de la statue en pierre). Ici, la statue du Commandeur (que Don Juan ne cherche pas à trouver, mais qui la trouve sur son chemin) vient le chercher et lui demander des comptes. Pour  commenter ces deux scènes, nous allons donc tout d’abord étudier les différentes allégories placées sur son chemin, puis dans un second temps, nous allons montrer que Dom Juan malgré diverses intimidations, reste fidèle à lui-même, puis pour terminer, nous évoquerons le fait que la scène soit tragique mais à la fois comique.     Dans un premier temps, Molière utilise diverses allégories qui rendent le parcours de Dom Juan plus difficile, et qui seront présentes pour prévenir Dom Juan de son mauvais comportement.     La première allégorie utilisée par Molière est celle du Spectre. En effet, on peut dire qu’il représente ici un personnage envoyé par la Ciel, puisque l’on retrouve le champ lexical religieux  avec « miséricorde », « Ciel », « péché », « repent »… De plus le spectre (sous forme de femme voilée) rappel à Don Juan les femmes bafouées et déshonorées, « je crois que connaître cette voix ». Par ailleurs, le spectre parle de Don Juan en utilisant la 3ème personne, ce qui donne un aspect solennel ainsi qu’une étrangeté surnaturelle, « Don Juan n’a plus qu’un […] », « s’il ne se repent ». On a ici, un premier avertissement dont le rôle est de toucher la conscience de Dom Juan, il a encore la possibilité de se repentir et de sauver sa vie, mais il refuse.     Molière utilise ensuite l’allégorie du Spectre qui représente « le Temps avec sa faux à la main », qui va représenter le temps qui est passé sans que Don Juan ne se doute de rien et continue à séduire de nombreuses femmes, ce temps qui va le conduire à la mort représenté ici par la « faux ». Le Spectre apparaît puis disparait fugitivement, sans qu’elle n’ai eu le temps de prononcer un mot, « elle s’envole ».     La Statue du Commandeur est la 3ème allégorie utilisée par Molière, elle est, tout comme le spectre, chargée d’arrêter et résonner Don Juan, pour y parvenir, elle utilise l’impératif qui souligne aussi l’affrontement entre les deux personnages, « Arrêtez », Donnez-moi ». « Les grâces du Ciel » rappelle la « miséricorde » que Don Juan a jusqu’au bout rejetée et qui va le mener à la mort, surtout lorsqu’il va donner sa main à la Statue, qui est le symbole du contrat que Don Juan a repoussé pendant toute la pièce et qui va l’entrainer vers la mort. Dans cette scène, il n’y a aucuns autres avertissements, le jugement est déjà prononcé, puisque le mot « péché » connote la « mort ».     L’utilisation des ces diverses allégories est utile à montrer les différents moyens mis en place par Molière pour résonner et arrêter Don Juan. Malgré ces allégories visant à impressionner Don Juan et à le dissuader de ces actions, celui-ci reste fidèle à lui-même. Dans un second temps, Molière présente Don Juan en tant que personne têtue et obstinée, croyant que rien ne peux lui arriver, quelques soient les différents obstacles qui se présentent à lui. Il reste fidèle à lui-même malgré les avertissements, par son rationalisme. En effet, la phrase « je veux voir », nous rappelle que Don Juan ne croit qu’à partir du moment où il voit. De plus il essaie d’engager un combat physique avec le Spectre qui représente alors le Temps, « je veux éprouver avec mon épée si c’est un corps ou un esprit », dans cette dernière phrase d’ailleurs, le verbe « éprouver » nous montre qu’il cherche une preuve concrète, mais il est alors trompé par le surnaturel, c’est l’un des premiers signes symbolisant sa défaite, mais il ne veux pas l’admettre. Il est déterminé à ne pas céder, puisqu’il ne réagit pas sur ce qu’on lui dit, mais sur le fait que quelqu’un ose lui adresser la parole, il refuse de se soumettre à la moindre autorité, puisqu’il a bien trop d’orgueil, « Qui ose ? ». Il refuse de se rendre à l’évidence et continu à repousser les avertissements donnés par les différentes allégories, puisqu’il ne supporterait pas de donner une image négative de lui, puisqu’il possède une grande fierté et un orgueil irréductible. Il reste fidèle à lui-même devant le jugement du Commandeur, il nous semble que plus rien ne pourra arrêter Don juan, il est décider à aller jusqu’au bout, « Où faut-il aller ? », il se rend sans s’en rendre compte, il va droit vers la mort, mais il est sûr de lui, puisqu’il fait ce qu’on lui dit, notamment lorsque la statue lui demande sa main, « La voilà ». Dans cette scène, sa force maintient sa grandeur, et Don Juan reste fidèle à ses convictions, quitte à mourir. Don Juan commence déjà à envisager et à accepter les conséquences des ses actes, « quoi qu’il arrive ». Il refuse de se repentir, pour ainsi braver le Ciel.  Malgré la confiance en lui-même, Don Juan va tout de même connaître un destin tragique, même si l’on va pouvoir tout de même parler du registre comique sur certains points. Pour finir, Molière utilise un peu de registre tragique dans une pièce comique. Tout d’abord, il utilise le comique de Sganarelle pour faire ressortir sa noblesse par l’utilisation d’antithèse, entre la peur de Sganarelle et le courage de Don Juan par exemple, ou bien encore la superstition de Sganarelle et la conviction de Don Juan. De plus, à travers les craintes de Sganarelle, l’on peut voir la hauteur et l’audace de Don Juan. La noirceur de la fin est tempérée, puisque le tragique et même le fantastique (surnaturel inquiétant, avec la foudre et la terre qui s’ouvre) n’apparaissent qu’à la fin. Toute fois, il reste des traces de comique, puisque Sganarelle (tout comme son maître) reste fidèle à lui-même, peureux, matérialiste et superstitieux…. Cependant, il est constamment au second plan, il n’est pas intégré au cœur de la scène. Sganarelle a le dernier mot, puisque l’on ne termine pas sur une mort de Don Juan telle quelle, le côté tragique est alors atténué. Il énumère alors les nombreuses fautes de Don Juan et peut apparaître en tant que victime exclusive, en quelques sortes, le dindon de la farce avec son refrain matérialiste comique « Mes gages, mes gages…. ». Les éléments du tragique sont cependant très présents, puisque l’on a la mort du héros par châtiment. De plus, on peut assister à une sorte de compte à rebours jusqu’au moment fatidique (où il va être victime de la foudre du Ciel), et à de brèves répliques qui vont créer des tensions dramatiques. Don Juan est par ailleurs face aux forces divines, flammes « mon corps devient un brasier ardent », foudre du Ciel…. Mais Don Juan reste libre de son destin à l’inverses des tragédies classiques, il a en effet le droit de se repentir jusqu’au bout. Les éléments du tragique vont nous ouvrir l’horizon de cette comédie. En effet, la pièce n’est pas seulement une comédie de mœurs (inconstance, libertinage) qui consiste à mettre en scène un travers, un vice comme dans « Tartuffe » (puisque la pièce a été crée suite à l’interdiction de « Tartuffe »). « Don Juan «  n’est pas une pièce tragique, bien qu’elle s’achève mal pour le héros, mais c’est la fin d’un personnage avec lequel il ne s’agit pas de mettre le spectateur en accord et pour lequel aucune pitié n’est possible. Don Juan termine sa vie comme il l’a vécue, c'est-à-dire dans l’éclat d’un moment. Ces derniers moments donnent une dimension mythique avec la rencontre de Don Juan face à la mort et l’au-delà, l’histoire acquiert alors une portée plus profonde et symbolique. On peut s’apercevoir que malgré la confiance en soi de Don Juan, la mort l’a rattrapé malgré divers avertissements donnés par les différentes allégories (Spectre et Statue du Commandeur).

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