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Commentaire du poème « Enivrez-vous » de Charles Baudelaire

Publié le 24/05/2011

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D'abord, Charles Baudelaire, célèbre poète du XIXème siècle, a popularisé à travers ses œuvres le concept de « spleen «, un sentiment d'ennui et de lassitude métaphysique de l'existence. Dans « Enivrez-vous «, il y aborde les thèmes de la fragilité de la condition humaine, puisque mortelle par nature, ainsi que celui de l'ivresse, présenté comme un échappatoire à ce mal implacable. Ainsi, dans ce poème, l'auteur déplore la mortalité de l'espèce humaine dans son ensemble face au temps. Nous évoquerons donc tout d'abord le temps perçu comme une souffrance, puis l'universalité de ce mal que Baudelaire décrit succinctement dans « Enivrez-vous «. Nous nous intéresserons en premier lieu à l'aspect du Temps comme un mal. D'abord, la personnification du « Temps « (l.3 et 18) traduit par l'emploi d'une majuscule au nom, dénote qu'il n'est pas entendu au sens commun de la mesure temporelle simple, mais comme une entité abstraite. La périphrase « l'horrible fardeau du Temps « (l.2 et 3) signifie clairement que, selon Baudelaire, le temps est un poids à porter pour l'homme car le temps n'a de cesse de lui rappeler sa condition humaine fragile et éphémère. Par ailleurs, la proposition subordonnée relative (au Temps) « qui brise vos épaules et vous penche vers la terre « (l.3 et 4) rappelle implicitement cette fragilité, car il s'agit là d'une définition de la vieillesse de l'homme, qui se rabougrit au fil des années sous le « poids « (décrit dans ce poème comme « fardeau «, à [sup]porter) du Temps. On retrouve un parallélisme de construction entre « Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps « (l.2 et 3) et « Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps « (l.17 et 18), ce qui accentue le caractère néfaste du Temps. Egalement, le nom commun « esclaves « (l.18) et l'adjectif qualificatif « martyrisés « (l.18) se réfèrent sans ambiguïté au statut de l'homme en tant que « prisonnier vaincu « du Temps. De même, le poème évoque le champ lexical du temps, au travers de « l'horloge « (l.12 et 16) et « heure « (l.15 et 17), ce qui traduit l'obsession de la conscience du Temps chez l'homme, et donc, de son statut de mortel. On constate également, de par les compléments du nom (chambre, qui désigne le lecteur) « solitude morne «, que Baudelaire présente une perspective sombre du présent et de l'avenir humain. Le Temps est réellement vu comme l'ennemi et le dominateur de l'espèce humaine dans son intégralité. En effet, dans ce poème, le Temps ne fait pas de distinction entre les personnes ou les entités qu'il affecte. L'emploi des compléments circonstanciels de lieux « sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre « (l.8 à 10) est une formulation imagée du fait que le Temps touche tout le monde : aussi bien le noble dans son « palais «, que le pauvre qui n'a que « l'herbe verte d'un fossé « comme refuge, mais aussi nous-mêmes, lecteurs, dans « [notre chambre «. Mais l'auteur met également en scène des notions plus abstraites. Ainsi, l'évocation des noms communs « vent « (l.11 et 15), « vague « (l.12 et 16), « oiseau « (l.12 et 16) et « étoile « (l.12 et 16) est une représentation de différentes entités que le temps affecte également, à l'instar de l'homme ; c'est à dire, aussi bien les forces de la nature immatérielles (le « vent «) et matérielles (la « vague «), que le monde animal (l'« oiseau «, plutôt petit) et le royaume du céleste (l'« étoile « appartenant au domaine de l'immensément grand). Au-delà de l'homme, tout est donc concerné par le Temps et soumis à son influence néfaste, sans différence. Le Temps est donc une entité néfaste invincible. Il affecte tout et pousse l'homme, devant l'inexorable, à se morfondre. Cependant, Baudelaire propose un remède à la mélancolie qu'engendre la fatale destinée de l'homme : l'ivresse Nous étudierons donc l'ivresse comme palliatif au fameux « spleen «, ainsi que les différents types d'ivresse présentés dans le poème. L'ivresse, dans ce poème, est clairement présentée au lecteur comme un échappatoire à la mortalité de l'homme. En effet, l'emploi de l'impératif à la deuxième personne du pluriel dans le titre même « Enivrez-vous « démontre que Baudelaire s'adresse aux lecteurs directement et les implique donc dans son écrit afin de mieux les toucher. De même, l'utilisation du verbe « falloir « dans « Il faut être toujours ivre. « (l.1) propose l'ivresse comme une solution, mais plus encore, comme une obligation universelle, absolue et incontournable contre le Temps. On retrouve cette idée avec le parallélisme de construction entre « Il faut toujours être ivre. « (l.1) et « il faut vous enivrer sans trêve. « (l.4 et 5), qui renforce le statut de l'ivresse comme un remède « Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps «. [ La formation en prose du poème peut également traduire une envie de l'auteur de se libérer du Temps, ce à quoi il parvient à travers l'ivresse qui lui confère un certain entrain dans la rédaction, d'où son rythme particulier. ] Aussi, l'auteur nous propose plusieurs ivresses différentes. Ainsi, il pose la question « Mais de quoi [s'enivrer] ? « et y répond également. L'utilisation du nom commun « vin « (l.6 et 19) connote explicitement l'ivresse, au sens le plus usuel, afin d'oublier la condition humaine fragile ; l'homme boit pour fuir sa condition et se réfugie dans une ivresse « physique «. Mais on peut également comprendre cette forme d'ivresse comme une tentative d'exalter les sensations du poète à travers la boisson. Par ailleurs, dans la mythologie grecque, Dionysos est le dieu du vin et des poètes, et les poètes de l'Antiquité usaient et abusaient de ce « procédé « pour approcher une sorte d'état de transe où les sensations physiques sont anesthésiées, et les « ressentis poétiques «, décuplés. Le poète cherche donc également l'inspiration à travers l'ivresse, afin de laisser libre cours à son imagination et de s'évader de sa condition pour échapper au poids du Temps sur celle-ci. L'utilisation du nom commun « poésie « (l.6 et 20) mis sur le même plan que « vin « signifie que la poésie est également, à sa manière, le vin du poète au travers duquel il cherche à oublier sa condition. Le nom commun « vertu « (l.6 et 20) désigne la capacité à faire le bien ; il s'agit d'une qualité morale dont peut « s'enivrer « le poète pour apaiser sa conscience et, encore une fois, exalter son art poétique. L'emploi de la locution « à votre guise « (l.6 et 7 et 20) n'inclut pour seule limite que la volonté du lecteur, détaché de toute autre contrainte, et incite à une consommation immodérée de l'ivresse. Il peut n'en choisir qu'une ou bien les trois, tant que cela lui permet d'oublier le Temps. De même, par l'emploi des locutions « sans trêve « (l.4 et 5) et « sans cesse « (l. 19) induit une notion de continuité dans l'enivrement, afin de « devancer « le Temps, le prendre de court et ne pas lui laisser de répit en s'enivrant pour éviter d'avoir conscience du mal qu'il provoque. En résumé, Baudelaire nous propose différentes façons de s'enivrer à souhait, peu importe la « quantité « du moment que l'ivresse est là. Pour conclure, l'auteur nous décrit le « spleen «, la fatalité du Temps qui ravage l'homme et affecte l'univers entier sans échappatoire possible, mais il nous propose de pallier à ce mal en nous exhortant à l'ivresse continue des sens et de l'âme pour éviter d'avoir à penser à notre condition mortelle.  

 

 

 

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« Le Temps est donc une entité néfaste invincible.

Il affecte tout et pousse l'homme, devant l'inexorable, à semorfondre.

Cependant, Baudelaire propose un remède à la mélancolie qu'engendre la fatale destinée de l'homme :l'ivresse Nous étudierons donc l'ivresse comme palliatif au fameux « spleen », ainsi que les différents types d'ivresseprésentés dans le poème.L'ivresse, dans ce poème, est clairement présentée au lecteur comme un échappatoire à la mortalité de l'homme.

Eneffet, l'emploi de l'impératif à la deuxième personne du pluriel dans le titre même « Enivrez-vous » démontre queBaudelaire s'adresse aux lecteurs directement et les implique donc dans son écrit afin de mieux les toucher.

Demême, l'utilisation du verbe « falloir » dans « Il faut être toujours ivre.

» (l.1) propose l'ivresse comme une solution,mais plus encore, comme une obligation universelle, absolue et incontournable contre le Temps.

On retrouve cetteidée avec le parallélisme de construction entre « Il faut toujours être ivre.

» (l.1) et « il faut vous enivrer sanstrêve.

» (l.4 et 5), qui renforce le statut de l'ivresse comme un remède « Pour ne pas sentir l'horrible fardeau duTemps ».

[ La formation en prose du poème peut également traduire une envie de l'auteur de se libérer du Temps,ce à quoi il parvient à travers l'ivresse qui lui confère un certain entrain dans la rédaction, d'où son rythmeparticulier.

]Aussi, l'auteur nous propose plusieurs ivresses différentes.

Ainsi, il pose la question « Mais de quoi [s'enivrer] ? » ety répond également.

L'utilisation du nom commun « vin » (l.6 et 19) connote explicitement l'ivresse, au sens le plususuel, afin d'oublier la condition humaine fragile ; l'homme boit pour fuir sa condition et se réfugie dans une ivresse «physique ».

Mais on peut également comprendre cette forme d'ivresse comme une tentative d'exalter les sensationsdu poète à travers la boisson.

Par ailleurs, dans la mythologie grecque, Dionysos est le dieu du vin et des poètes, etles poètes de l'Antiquité usaient et abusaient de ce « procédé » pour approcher une sorte d'état de transe où lessensations physiques sont anesthésiées, et les « ressentis poétiques », décuplés.

Le poète cherche donc égalementl'inspiration à travers l'ivresse, afin de laisser libre cours à son imagination et de s'évader de sa condition pouréchapper au poids du Temps sur celle-ci.

L'utilisation du nom commun « poésie » (l.6 et 20) mis sur le même planque « vin » signifie que la poésie est également, à sa manière, le vin du poète au travers duquel il cherche à oubliersa condition.

Le nom commun « vertu » (l.6 et 20) désigne la capacité à faire le bien ; il s'agit d'une qualité moraledont peut « s'enivrer » le poète pour apaiser sa conscience et, encore une fois, exalter son art poétique.

L'emploide la locution « à votre guise » (l.6 et 7 et 20) n'inclut pour seule limite que la volonté du lecteur, détaché de touteautre contrainte, et incite à une consommation immodérée de l'ivresse.

Il peut n'en choisir qu'une ou bien les trois,tant que cela lui permet d'oublier le Temps.

De même, par l'emploi des locutions « sans trêve » (l.4 et 5) et « sanscesse » (l.

19) induit une notion de continuité dans l'enivrement, afin de « devancer » le Temps, le prendre de courtet ne pas lui laisser de répit en s'enivrant pour éviter d'avoir conscience du mal qu'il provoque.

En résumé,Baudelaire nous propose différentes façons de s'enivrer à souhait, peu importe la « quantité » du moment quel'ivresse est là. Pour conclure, l'auteur nous décrit le « spleen », la fatalité du Temps qui ravage l'homme et affecte l'univers entiersans échappatoire possible, mais il nous propose de pallier à ce mal en nous exhortant à l'ivresse continue des senset de l'âme pour éviter d'avoir à penser à notre condition mortelle.. »

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