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Commentaire Du Texte De Perec : Les Choses

Publié le 15/09/2006

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Ce texte est un extrait du roman contemporain de Georges Perec, Les Choses, écrit en 1965 et ayant reçu le prix Renaudot. Il décrit, à travers l'histoire de Jérôme et Sylvie, deux jeunes gens, une dramatisation de la vie et les dangers de la société de consommation. On remarque que trois parties de l'extrait se dégagent ; une sorte d'introduction, suivie ensuite par l'illustration de ces arguments avec une partie en crescendo, puis une partie en décrescendo.    Cet extrait est essentiellement basé sur la première phrase ; l'argent qui se "dresse" entre eux est le sujet principal de leurs conversations et le reste de ce texte est une illustration du premier paragraphe, plus particulièrement de la première phrase. Dès le début, on sent que les personnages sont coincés entre cette "espèce de butoir" et qu'il n'y a pas d'échappatoire puisque le "mur" dont il est question n'est que le quotidien, fermé et détruit par ces deux personnages. Ils sont décrits comme séparés par ce mur mais tout au long de ce texte, on verra qu'ils sont très liés par leur unique sujet de conversation qu'est l'argent et surtout par ce seul pronom qu'est "Ils" ; ni "elle", ni "lui" ne seront utilisés. Leurs idées sont déjà rabaissées et montrées comme "impossibles" grâce à l'accentuation de l'absence d'ouverture montrée par la répétition des termes "clos", et "sans", ainsi qu'une accumulation de termes péjoratifs comme "impossibles", "imbéciles", "ne tenaient pas debout" qui enfoncent ces deux personnages et détruisent leurs ambitions. Le parallélisme de construction des deux dernières phrase "Ils étouffaient" et "Ils se sentaient sombrer" n'est que le résumé de la dernière partie de cet extrait.    Une deuxième partie débute alors à la ligne 35, qui prend la forme d'un crescendo illustré par les conversations des personnages, constituées encore d'un peu d'espoir de leur part. L'idée de l'argent comme seul sujet de conversation, vaguement présentée dans la première partie est expliquée ici. Les deux personnages ne dévoilent pas de propre personnalité, ni de goûts ou de choix différents en parlant "d'autre chose", de "livre" ou "metteur en scène" mais ne cherchent qu'à se bâtir un idéal de vie qui consisterait "au confort" et au "bonheur" offert par leurs achats, leurs dépenses. Le terme "vraies" est mis en italique pour insister sur le fait que ce sujet de conversation est le seul qui intéresse et réunit dans leurs idées les deux personnages. La phrase "Alors le ton...plus grandes" à la ligne 38 marque le début du crescendo, illustré par le "ton" qui "montait", la "tension" qui "devenait plus grande", ce qui montre que les deux personnages sont alors intéressés par leur conversation. Alors commence une énumération de projets et d'espérances immédiatement détruits au fur et à mesure ; cette énumération donne aussi une impression de morosité, de recommencement, de quotidien ennuyeux. Une antithèse à la ligne 42 renforce cette idée ; "échafauder" est en opposition avec le terme "détruire". Le rythme s'accélère avec le terme "rageusement" à la ligne 43 ainsi qu'avec le parallélisme de construction de la ligne 40 à la ligne 41 ; "Ils" est repris trois fois en début de phrase. Puis, à la ligne 43, une simple phrase coupe violement le crescendo en mettant les deux personnages face à leur réalité ; ils se rendent compte qu'ils n'arriveront pas à réaliser leur rêve et prennent conscience de la vérité.    Alors commence le decrescendo de la troisième et dernière partie. On remarque que le passage du crescendo au décrescendo forme une symétrie, présente tout au long du texte dans chaque phrase de la deuxième partie avec une partie d'espoir, puis un effacement de cette ouverture directe ; la vie fantasmée est alors cachée, supprimée par la vie réelle. Cette partie est l'effacement total du bonheur imaginé par les personnages, il devient de plus en plus horrible et insupportable, comme le quotidien qu'on devine à travers les accumulations de "ils" qui forment un parallélisme de construction de la ligne 44 à la ligne 47. Cette répétition continuelle dans le texte qui décrit leurs habitudes illustre leur quotidien, sans changement, toujours pareil. L'ennui de cette vie est aussi illustré par la "haine" des personnages envers ce monde et envers les individus qui, finalement, ne s'éloignent pas tellement de ces deux personnages ; ils sont présentés comme des "poissons", eux aussi sans personnalité et muets, incapables d'échange intéressant et surtouts inintéressés par autre chose que l'argent. Les "affiches de néon" qui "s'allumaient tour à tour" renforcent l'idée du quotidien morose, sans émotion, impersonnel, aussi plat et démuni de fantaisie que ces néons. Le rythme est ralenti, monotone, comme les "automobiles" qui "glissent lentement". La fin du texte est dramatique et montre les personnages "fatigués", démunis de toute envie, déprimés. La seule solution envisagée de façon implicite est la mort, devinée dans la phrase de la ligne 55 ; "Ils se couchaient sans dire un mot" et en particulier dans la phrase de la ligne 34 ; "Ils se sentaient sombrer".    Tout au long du texte, on découvre une dramatisation de la situation progressive et sans issue. La société de consommation est ici remise en cause et dénonce un sujet encore d'actualité, qui prend une place importante, même 40 ans après. L'auteur nous fait réfléchir sur ce danger, peut-être en utilisant un exemple extrême mais possible.

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