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Commentaire explicit le diable au corps

Publié le 27/01/2011

Extrait du document

LE SUPPORT Raymond Radiguet Le Diable au Corps 1923

Dans l’explicit, c'est-à-dire à la fin du roman, le narrateur-personnage pleure la mort de sa bien-aimée, Marthe, jeune femme dont le mari est parti au front pendant la Première Guerre Mondiale.

 

Un jour, à midi, mes frères revinrent de l’école en nous criant que Marthe était morte.

 

La foudre qui tombe sur un homme est si prompte qu’il ne souffre pas. Mais c’est pour celui qui l’accompagne un triste spectacle. Tandis que je ne ressentais rien, le visage de mon père se décomposait. Il poussa mes frères : « sortez, bégaya-t- il. Vous êtes fous, vous êtes fous. « Moi j’avais la sensation de durcir, de refroidir, de me pétrifier. Ensuite, comme une seconde déroule aux yeux d’un mourant tous les souvenirs d’une existence, la certitude me dévoila mon amour avec tout ce qu’il avait de monstrueux. Parce que mon père pleurait, je sanglotais. Alors ma mère me prit en main. Les yeux secs, elle me soigna froidement, tendrement, comme s’il se fût agi d’une scarlatine.

Ma syncope expliqua le silence de la maison, les premiers jours, à mes frères. Les autres jours, ils ne comprirent plus. On ne leur avait jamais interdits les jeux bruyants. Ils se taisaient. Mais, à midi, leurs pas sur les dalles du vestibule me faisaient perdre connaissance comme s’ils eussent dû à chaque fois m’annoncer la mort de Marthe.

 

Rédaction du commentaire littéraire de l’extrait du roman Le diable au Corps

 

 

I/ Un texte tragique

1. La fin douloureuse d’un roman d’amour de jeunesse

 La tragédie frappe toute la famille tous les membres sont nommés : père mère identifiés et comportement différent

 Cet explicit montre le narrateur dépendant de son entourage

Ex : « parce que mon père pleurait, je sanglotais et ma mère me prit en main «.

 Peu d’occurrences du pronom personnel « je « : de sujet il devient objet. : Ex « me prit en main, me soigna «.

L’allusion à la scarlatine : statut de petit enfant.

C’est le retour à une réalité douloureuse, où la famille reprend ses droits.

 Importance du rôle de la mère : attitude protectrice mais ambiguë : à la fois maternelle et critique : antithèse dans la juxtaposition des adverbes « froidement, tendrement «.

2. L’annonce de la mort : brutalité extrême. L’expression d’une fatalité

 L’annonce est sous le signe du hasard et de l’ignorance : faite par les jeunes frères qui ne savent rien de l’histoire de leur frère aîné : « en nous criant « absence de précaution qui amplifie la violence de la nouvelle.

 Emploi de mots directs : aucun euphémisme pour évoquer la mort : le lecteur comme le narrateur ignore réellement les causes. Mystère qui renforce la douleur.

 Métaphore de la foudre et lexique de la maladie : amplification de cette nouvelle. Le narrateur est submergé par des forces invincibles.

Ex : La foudre qui tombe et le mot syncope : véritable cataclysme pour le narrateur.

Transition : cet épisode final signe la fin brutale d’un amour interdit mais le narrateur est à la fois le premier concerné par cette tragédie mais peut après coup procéder à une auto analyse.

II/ L’évolution des sentiments du narrateur : entre prostration et auto analyse : le registre lyrique.

1. Le récit se fait à posteriori : temps de l’écriture décalé par rapport au temps de l’action : recul et analyse

 Des repères temporels qui organisent le récit et permettent de comprendre l’évolution du mal.

Ex « un jour à midi «, Les premiers jours, Les autres jours , à midi. « temps cyclique

 Les temps du passé : imparfait et passé simple : récit et description / s’opposent au présent de vérité générale : constat et énonciation de principes

 La comparaison : « comme une seconde déroule aux yeux d’un mourant « : bilan confirmé par le jugement du narrateur « mon amour avec tout ce qu’il avait de monstrueux «

2. Le narrateur victime.

 Gradation dans la description de la douleur et de la souffrance

ex : « je ne ressentais rien «, « Durcir, refroidir, pétrifié, « gradation et hyperbole : le personnage ne se maitrise plus, il est le jouet de ses sentiments.

 Une douleur qui se renouvelle :

Chute du texte révèle la cruauté aveugle des frères : leurs pas sur la dalle...m’annoncer la mort de Marthe

 

 

Introduction

 

Préambule

 

Présentation du livre

 

Situation du passage

 

Problématique

 

Annonce des axes d’étude

 

Espace et alinéa

 

1er axe contenant 4 arguments illustrés d’exemples

 

Transition

 

Espace et alinéa

2eme axe

 

Avec trois arguments illustrés d’un exemple.

 

Le roman Le Diable au Corps de R. Radiguet très jeune romancier mort à l’âge de 23ans, n’a plus aujourd’hui le parfum de scandale qu’il eut lors de sa publication en 1924 ; en effet, publié à grands renforts de publicité, son sujet parut scandaleux à de nombreux critiques et écrivains]: [Le récit raconte au lendemain de la première guerre mondiale l’histoire d’un amour adultère entre une femme de soldat parti au front, et un très jeune garçon encore lycéen]. [L’extrait qui nous est proposé est en quelque sorte l’épilogue et nous révèle la mort de Marthe, qui, peu de temps avant, vient de mettre au monde un enfant. Cette mort est annoncée brutalement au jeune héros Jacques narrateur / personnage.]

[L’événement est en lui-même tragique mais le récit qu’en fait le narrateur accentue cet aspect]. [Nous verrons donc dans un premier temps quels sont les procédés mis en œuvre pour exprimer cette tonalité tragique, puis nous montrerons comment le narrateur insiste sur l’évolution de sa douleur tout en s’analysant].

 

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Cet extrait nous confronte à la mort brutale de la bien-aimée ; il s’agit de la fin d’un amour de jeunesse, visiblement réprouvé par le père et par la mère, cependant tous participent et interviennent au moment de l’annonce, tous les membres de la famille étant concernés par la tragédie : le père est nommé à plusieurs reprises : « le visage de mon père se décomposait...Sortez bégaya-t-il,...parce que mon père pleurait «. Bien qu’il soit très affecté, il agit en père de famille responsable. La mère, elle aussi, intervient, mais d’une manière très différente : « ma mère me prit en main, me soigna «, consciente du choc elle le soigne comme un petit enfant : l’allusion à « la scarlatine« montre clairement qu’il n’est plus le jeune garçon presque adulte. Elle adopte une attitude protectrice, cependant l’opposition entre les deux adverbes juxtaposés, «froidement, tendrement « montre qu’elle est sans doute à la fois inquiète et mécontente.

Par ailleurs, Cette mort est d’autant plus tragique qu’elle est inattendue et brutale ; en effet, ce sont les deux frères qui l’annoncent comme par hasard, de manière affreuse : « en criant «. On peut facilement imaginer le choc éprouvé par le frère aîné, d’ailleurs par sa réaction le père souligne la violence de l’annonce : « Vous êtes fous, vous êtes fous «. Or, pouvaient-ils agir autrement n’étant pas au courant de la relation amoureuse ? Mais leur attitude maladroite intensifie la tragédie.

En outre, les enfants n’emploient aucun euphémisme et disent directement la situation « Marthe était morte « et le lecteur s’interroge car il ignore les causes de cette mort : le mystère donne à sa disparition une dimension fatale.

Cette fatalité est également suggérée par la comparaison initiale : « La foudre qui tombe sur un homme «, mais aussi par l’allusion à la mort : « aux yeux d’un mourant « ; enfin, le lexique de la maladie : « syncope, perdre connaissance « et le silence qui frappe la maison donnent le sentiment qu’une mort symbolique les a tous frappés. Ainsi, le registre tragique s’affirme clairement dans l’expression d’un destin fatal.

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Cet épisode final signe la fin brutale d’un amour interdit le héros est le premier frappé par cette tragédie ; cependant il est aussi le narrateur et révèle l’évolution de sa douleur tout en procédant à une auto-analyse.

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La situation d’énonciation donne au héros un statut particulier, en effet, il est à la fois celui qui subit l’annonce et celui qui la raconte. Cette position implique inévitablement un récit après coup ; Quelle est la distance temporelle entre le moment de l’événement et le temps de l’écriture ? Aucun indice ne nous le révèle dans cet extrait ; cependant on relève des indices temporels qui témoignent d’une mise en forme et d’un souci de clarté ; surtout ils permettent de mesurer l’évolution du mal dans la durée : « un jour à midi «, Les premiers jours, Les autres jours, à midi. « Or on constate que la douleur s’intensifie au fil du temps et qu’elle se répète, puisque le narrateur revit ce coup du sort tous les midis : tout se passe comme s’il était prisonnier du cercle infernal de la douleur, dans la mesure où l’extrait se termine par ce qui l’a débuté : « m’annoncer la mort de Marthe «.

Mais, d’autres éléments dans le texte marquent une distance de sa part : tout d’abord, il y a une opposition très nette entre les temps du récit : imparfait et passé simple, et le présent qui prend ici une valeur de vérité générale : « La foudre qui tombe sur un homme est si prompte qu’il ne souffre pas. Mais c’est pour celui qui l’accompagne un triste spectacle «. Ces explications fournies par le narrateur permettent encore une fois au lecteur de mesurer l’intensité du malheur, vu et vécu aussi par la famille. A un autre moment, la comparaison et le présent s’associent pour souligner qu’alors le narrateur est confronté à un bilan de sa vie : « Comme une seconde déroule aux yeux d’un mourant tous les souvenirs d’une existence ...la certitude me dévoila mon amour avec tout ce qu’il avait de monstrueux «. On peut par ailleurs s’interroger sur le sens de l’adjectif monstrueux : signifie-t-il que le narrateur se sent coupable de la mort de Marthe ou comprend-il désormais que cet amour était une faute morale. Quelle que soit l’interprétation que l’on donne à ces phrases elles soulignent que le narrateur est désormais confronté à la solitude et à d’éternelles interrogations.

 

Ainsi cette scène met fin à une passion dévorante et peut –être coupable : tous les épisodes de cette annonce intensifient la tragédie que vit le héros narrateur : ses tourments physiques puis psychologiques virent à l’obsession, isolant cet individu de sa famille et du reste du monde. C’est cette situation tragique qui est aussi à la base d’un lyrisme douloureux touchant le lecteur. Et au-delà du succès de scandale qui avait la saveur des amours interdites entre deux individus d’âges différents, en temps de guerre, c’est certainement la force de ces élans lyriques qui explique l’attachement du public français à ce roman, l’un des deux romans de cet auteur mort à vingt ans.

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