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Commentaire Jacques le Fataliste, incipit

Publié le 10/07/2012

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Commentaire sur l'incipit de Jacques le Fataliste

 

 

Le siècle des Lumières est appelé ainsi suite aux diverses révolutions qui ont eu lieu. De grands événements se sont déroulés durant ce siècle, et n'ont épargné aucun domaine, que ce soit la science, la littérature, l'art... Diderot, auteur de cette période, est essentiellement connu pour avoir été le directeur de l'Encyclopédie : un projet qui rassemble une grande majorité de philosophes. L’encyclopédie est d'ailleurs la plus grande œuvre de sa vie (vingt ans lui sont consacrées). Diderot multiplie les œuvres dans lesquelles il s'interroge sur des thématiques philosophiques telles que l'athéisme, le déterminisme, ou encore la question du bonheur des peuples. Le passage que nous étudierons, est l'incipit du roman Jacques le Fataliste.

Comment Diderot fait-il de l'incipit de son roman, un incipit original et non traditionnel ?

D'abord, nous nous intéresserons, à une ouverture complexe et déstabilisante, et ensuite, nous verrons, un incipit qui sollicite l'activité permanente du lecteur.

 

 

L'incipit de Jacques le Fataliste est bien complexe grâce au mélange des genres. Nous ne savons pas si nous sommes dans un roman ou une pièce de théâtre. Une remise en cause de nos habitudes de lecture est alors faite en ce début de roman. Dès les premières lignes, on ne peut pas dire qui énonce la première question. En effet, nous ne pouvons pas déterminer si c'est une conversation entre deux personnages, un récit à la première personne, ou encore un récit à la troisième personne. Le roman commence donc avec une ambiguïté. Nous ne connaissons également ni le lieu, ni quand, ni comment la situation se passe ; c'est donc une introduction in medias res. Ce début de roman ne nous donne aucune information sur l'histoire qui va suivre.

 

Le cadre spatio-temporel n'est pas le seul à nous déstabiliser. En effet, ce texte est d'autant plus complexe à cause de la variété des voix. A la septième ligne, un dialogue s'entame entre deux personnages « Le Maître », et « Jacques ». On devine alors que le narrateur est un personnage du roman. Lors du premier paragraphe « comment s'étaient-ils rencontrés ? », celui qui répond, répond à côté. Nous avons alors une notion de hasard. Qui dit notion de hasard, dit, qui s'oppose à la destinée, ce dont tout le fil du roman traitera notamment avec la phrase répétée sans cesse par Jacques « tout est écrit là-haut ». Lorsque la conversation débute entre les deux protagonistes éponymes, nous observons qu'il y a une inversion des rôles. En effet, Jacques parle et agit tandis que le Maître ne fait rien.

 

 

Une ouverture qui nous promet beaucoup de voix, de dialogues et d'échanges entre les personnages « le maître ne disait rien, et Jacques disait que son capitaine disait [...] ». Le verbe « dire » est utilisé mainte et mainte fois. Jacques nous racontera ses amours en ouvrant une histoire après l'autre au sein du même récit (récit à tiroirs). Nous serons alors en présence de personnages tous différents : un valet dominant qui narre ses amours, un narrateur parfois « agressif », un lecteur supposé intervenir dans le texte... Nous suivrons le chemin du narrateur, qui suit lui-même le chemin de Jacques, qui suit le chemin de ses amours. Un déroulement compliqué qui s'interrompra souvent. Une attention active du lecteur doit être présente.

 

Malgré un début de roman complexe, nous tenons déjà des fils précis qui traitent principalement de la place de Dieu, des amours de Jacques, des rapports entre le valet et le maître...

 

 

Une ouverture surprenante et originale, voilà ce que nous présente Diderot en ce début de roman. Il fait comprendre au lecteur son récit est à visée philosophique notamment avec le thème du fatalisme. Ce roman doit être lu par un lecteur cultivé et actif, capable de réfléchir pendant sa lecture. 

 

 

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