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Commentaire Les Liaisons Dangereuse - Lettre LLXI de Pierre Choderlos de Laclos

Publié le 15/09/2006

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Pierre Choderlos de Laclos écrivit Les Liaisons Dangereuses en 1782, roman épistolaire composé de lettres que s’échangent treize personnages. Cette oeurvre majeure du XVIIIème siècle retrace les aventures amoureuses de deux aristocrates du siècle des Lumières. La lettre LLXI, dont l’expéditeur et le destinataire sont les deux personnages principaux de ce roman, la marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, est située en plein cœur du roman composé de cent soixante-quinze lettres. Qu’est-ce- qui fait la particularité de cette lettre, réponse de la marquise à Valmont qui lui donne des conseils de prudence dans une entreprise amoureuse qu’elle veut réaliser. Dans une première partie, nous mettrons en évidence l’apprentissage méthodique de la marquise de Merteuil, puis nous observerons les caractéristiques de son autoportrait dans une deuxième partie, et enfin, nous analyserons le regard critique que porte l’auteur sur la société du XVIIIème siècle. L’apprentissage de la marquise de Merteuil est marqué par différentes étapes. En effet, l’utilisation du présent de vérité générale montre une revendication de différence. On voit comment elle se met en valeur par l’utilisation répété de la première personne du singulier « je « (l.1 à l.5), ainsi que « Mais moi qu’ai-je de commun « (l.1) ici le pronom personnel « moi « qui la met en valeur est en opposition avec l’adjectif « commun « qui ramène aux autres femmes « inconsidérées «. Son apprentissage suit une méthode scientifique. Dans le deuxieme paragraphe, la marquise commence par « observer et réfléchir « (l.7) puis conclue que le discours « qu’on cherchait à lui cacher « (l.9) était le plus intéressant qu’elle recueillera par la suite. Le troisième paragraphe est dédié à l’art de la dissimulation. La marquise apprend à utiliser « un regard distrait « (l.12.13), règle « les différents mouvements « (l.14) de sa figure et cache ses véritables sentiments en jouant les sentiments opposés. Ainsi, la marquise s’efforce jusqu’à se causer « des douleurs volontaires, pour chercher pendant ce temps l’expression de la joie « (l16.17). La gradation « non contente de ne plus…. formes différentes « (l22.23) marque une étape supplémentaire après la dissimulation : la simulation. Enfin, l’analyse d’autrui par « un coup d’œil pénétrant « (28) confirme la méthode scientifique de son apprentissage. Ce constat montre une grande maitrise de soi dont fait preuve la marquise ce qu’elle considère comme sa puissance. La locutrice insiste sur le travail de soi qu’elle a dû opérer. En effet, elle se prend pour Dieu « je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage. «(l.5). Ainsi que le champ lexical de l’effort et de la contrainte appuis la rigueur de cet apprentissage : « j’essayai de guider « (l.12), « je tâchai de régler « (l.14), « j’ai porté le zèle « (l15). De plus, le mot « travail « est employé deux fois au sens étymologique du terme. En effet, « me causer des douleurs volontaires « (l.16) et « réprimer les symptômes « (l.18) renvoient à une idée de torture sur soi-même. D’autre part, la marquise utilise le terme « ce travail sur moi-même « qui renforce cette idée d’effort. Parallèlement à la description d’un apprentissage méthodique, la marquise dresse un autoportrait très valorisant. Ainsi, la marquise se décrit comme un être unique, supérieure aux autres femmes de son époque. La première question rhétorique revendique d’emblée une différence radicale entre la Marquise et les « autres femmes «, rejetées en fin de phrase. La marquise revendique son caractère unique, en se différenciant des « autres femmes « dont elle méprise l’irréflexion souligné par l’énumération « au hasard, sans examen, par habitude «. Contrairement à la marquise de Merteuil qui est « son propre ouvrage « et qui adopte une démarche active quant à son éducation, ses contemporaines manquent d’esprit critique et de logique. Son autoportrait lui donne un caractère orgueilleux. La marquise n’estime devoir ce qu’elle est qu’à elle-même. Elle va jusqu’à se comparer aux politiciens possédant les mêmes talents de dissimulation, alors qu’elle n’a que seize ans. La marquise apparaît comme une femme redoutable. De plus, La conscience de soi ressort au travers de l’emploi de la première personne du singulier ainsi qu’au travers de nombreuses tournures renforcées : « je me suis travaillée «. Les nombreux emplois du « je « sont le signe de son égocentrisme : tout tourne autour d’elle. Enfin, la locutrice fait preuve d’une grande maîtrise de soi. S’éduquant en fonction des mœurs de sa société, elle en devient hypocrite. En effet, « c’est ainsi que j’ai su prendre sur ma physionomie cette puissance dont je vous ai vu quelquefois si étonné « (l.19). Mme de Merteuil est une comédienne talentueuse. De nombreuses expressions la présentent comme une excellente comédienne car son apprentissage consiste en réalité à former ses manières, plus que son esprit. En voulant l’enfermer dans sa condition de femme, la société lui a en fait permis d’acquérir sa liberté de penser. Elle agit sur le règne du paraître avec «je ne montrai plus que celle qu’il m’était utile de laisser voir « (l.26) qui fait référence à un masque. Elle impose son refus du statut des femmes par l’emploi répété de la première personne du singulier « je « ainsi que plusieurs tournures renforcées du « moi «, « je puis dire que je suis mon ouvrage «(l.5), « je me suis travaillée «(l.17), « Ce travail sur moi-même «(l.27). Madame de Merteuil se moque des hommes politiques « Je n’avais pas quinze ans, je possédais déjà…je ne me trouvais encore qu’aux premiers éléments de la science que je voulais acquérir. « La marquise de Merteuil nous montre son appétit de puissance, sa volonté a surpassé les hommes.

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