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Commentaire portant sur le sonnet de Marbeuf "Et la mer et l'amour"

Publié le 12/09/2012

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amour
« Et la mer et l'amour... «, Recueil des vers de Monsieur de Marbeuf (1628) Contextualisation (cf histoire littéraire): Poème écrit durant la première moitié du 17e siècle. Il reflète deux tendances présentes dans les pratiques artistiques de l'époque : la tendance précieuse de la littérature et la tendance baroque de l'art en général. Préciosité : Elle se développe dans les salons (par ex. celui de Mlle de Scudéry. Elle procède d'un désir de s'élever au dessus du vulgaire. Cette élévation concerne trois domaines : les manières, les sentiments (cf apparition d'un code de l'amour précieux), dans le langage. C'est surtout ce dernier domaine qui est concerné par notre poème (cf. recherches formelles pour impressionner, langue châtiée, mépris des mots bas) Baroque : Mouvement artistique qui s'est développé en Europe durant la période 1580-1660 et s'est étendu à tous les domaines (architecture, peinture, sculpture). Ce mouvement a deux caractéristiques  principales : Il propose une esthétique particulière (les trompe-l'oeil, l'illusion, les lignes courbes) Il répond à une certaine conception de l'homme et du monde : tout se modifie, tout change. L'homme est un être fragile. Caractéristiques du sonnet : lr demander de se reporter à p. 354 (mettre en notes ce qui dit sur sonnet) Ensuite identifier les composantes du sonnet dans notre poème LECTURE Mouvements : Mer et amour : deux éléments qui se ressemblent et se confondent. (2 1ers 4ns) Mer et amour (désigné par le « feu « dans les tercets) : deux éléments antagonistes (qui s'opposent) Plan de commentaire : Un développement fondé sur une comparaison entre la mer et l'amour Entrelacement des deux thèmes : a. Deux champs lexicaux primordiaux : « mer «, « amour « Les deux thèmes sont tellement rapprochés qu'ils créent un sentiment de confusion : - cf figures de répétition : paronomase, anaphore, chiasme (v. 10-11), rythme (cadence 6-6: 6 temps pour l'amour, 6 temps pour la mer) c. Raison de rapprochement : Une mer tourmentée devient la métaphore filée de l'amour et de ses dangers (cf utilisation de la métaphore filée de la navigation, des orages et du naufrage pour signifier que les dangers en mer et en amour sont communs) Ressemblances entre la mer et l'amour (qui justifient la métaphore filée à laquelle on vient de faire référence) La ressemblance entre les deux thèmes est dite de façon explicite : « en partage «(l. 1), « aussi bien « (l. 3), « tous deux « (l.8) Parallélisme qui va jusqu'au vers 10. Il est fondé sur les points communs suivants : l'amertume la vie tourmentée (« orage «). Le risque de naufrage (v. 8) Point commun puisé dans la mythologie : il existe des liens filiaux entre la mer, la déesse de l'amour et le dieu de l'amour. Les différences entre la mer et l'amour : dans les tercets, les deux thèmes ne sont pas assimilés a. Malgré leurs liens de parenté, la mer et l'amour ont des parents différents. b. Dans le premier tercet l'amour est remplacé par le feu. Dorénavant, l'amour est désigné par mot « feu « jusqu'à la fin du poème. Or, la mer et le feu sont des éléments antagonistes (= qui s'opposent) : l'eau ne parvient pas à éteindre le feu de l'amour. Un poème sur l'amour malheureux (registre élégiaque) a. Un monologue teinté de lyrisme (cf. un « je « qui exprime ses sentiments) cf: « Ton amour qui me brûle.. «, v. 13 : le fait que le poète s'adresse à la femme aimée montre qu'il s'investit dans cet amour (cf. P1 et P2) b. La thématique de la passion malheureuse : « amer «, « on s'abîme «, « feu «, brasier «, « me brûle, « douloureux «, « mes larmes «. c. Mais cette thématique utilise souvent des clichés : l'amour comparé au feu, la métaphore du naufrage Transition : Le poème serait moins une expression sincère des sentiments du poète qu'un jeu Plus qu'une expression sincère des sentiments du poète, le poème est un exercice de style (= une occasion pour le poète de montrer son talent et son habileté d'artiste) Un respect parfait des règles de la métrique : pas d'enjambements, cadence 6-6, respect des règles du sonnet : patron rimique (ABBA ABBA CCD EED), quatrains constituant une entité s'opposant aux tercets Une musicalité extrêmement travaillée : cf. figures de répétition comme paronomase, anaphore, chiasme, allitérations, assonances. Par le jeu sur les mots et les sonorités, Pierre de Marbeuf crée un véritable vertige verbal (baroque : but d'impressionner) qui reproduit le vertige amoureux. Chute du poème : montre que le poème est une gigantesque hyperbole (= exagération) (donc une construction rhétorique, langagière) puisque la mer se réduit en réalité aux larmes on passe du général au particulier) un poème plus à la gloire des mots et du langage qu'un poème lyrique d. La préciosité du poème permet au poète de mettre en avant le jeu et de prendre ainsi une certaine distance non exempte d'humour. Conclusion : Poème qui répond à la définition de la poésie lyrique: un « je « qui livre ses sentiments. Ici sur l'amour, comme c'est très souvent le cas : l'impuissance que ressent le poète devant la passion qui le dévore renvoie à la thématique baroque. En effet, le baroque s'inspire de la fragilité de la vie et des sentiments. un texte doté de musicalité (cf. I/1/b et III/c) MAIS : Il s'avère être un texte écrit à la gloire des mots et du langage : la chute nous montre que le poème constitue une gigantesque hyperbole (cf. III/c ) La musicalité est tellement travaillée que le poème devient un exercice de style, type d'écrit cher au mouvement précieux de l'époque. La priorité accordée au langage peut être à l'origine d'un certain humour qui permet au poète de dédramatiser la souffrance amoureuse. Problématique possible : Comment le poète s'appuie sur une comparaison entre la mer et l'amour pour développer une réflexion sur les souffrances de la passion Axes de dissertation dans lesquels ce poème peut être intégré : la poésie n'exclut pas l'humour. Par sa nature même, la poésie est jeu (poème ludique). Ici jeu avec les mots. la poésie permet de prendre de la distance par rapport à la souffrance.

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