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Commentaire sur la poésie

Publié le 25/04/2012

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  1. Voici maintenant quelques mots à propos de la Poésie, mais avant voici une autre citation de Jean Cocteau à son propos : « La poésie est une religion sans espoir. Le poète s’y épuise en sachant que le chef-d’œuvre n’est, après tout, qu’un numéro de chien savant sur une terre peu solide. » (Journal d’un inconnu, chez Grasset Editeur.)

    La poésie qui exprime les idées du cœur, comme le fait la poésie lyrique telles que l’ont surtout conçue les Romantiques : le poète exprime son monde intérieur et sert en même temps d’ « écho sonore » à tous les sentiments humains. La poésie est connaissance, ou plutôt « co-naissance », selon Paul Claudel : c’est-à-dire qu’en revenant à l’étymologie du mot, elle « fait », elle recrée les choses ; -elle « est un moyen de connaissance, un des moyens d’apprendre le monde » (Eugène Gillevic). L’attitude poétique ne consiste pas seulement à exprimer les choses dans un certain style, mais à les voir d’une façon fondamentalement différente de celle du prosateur. La poésie est la « connaissance du réel incréé » (René Char). Au monde logique que peuvent connaître science, raison, esprit de finesse, la poésie préfère le domaine de l’irrationnel qu’elle seule peut explorer, car l’état poétique est voisin de l’état mystique, (et donc essentiellement différent de l’émoi de la sensibilité et de la pensée claire) ; par ailleurs, seule la poésie peut, sinon éclairer, du moins faire entrevoir par intuition, grâce à la magie irrationnelle de son langage ; -le poète est un voyant ; par conséquent, il nous offre un monde qui n’est que « merveilles » (c’est la position de Paul Eluard). Cette conception est partagée par Platon, la Pléiade qui, en théorie du moins, voit dans le poète un « vates », un devin ; c’est aussi le poète voyant ou mage de Victor Hugo hanté par des visions qui lui donnent une intuition du mystère qu’il transcrit en images ou en idées (La Pente de la rêverie, Ce qui dit la bouche d’ombre, La Fin de Satan, Dieu), ou le poète symboliste, alors que chez les romantiques on trouvait déjà Gérard de Nerval, explorateur du rêve, et que Charles Baudelaire cherchait à déchiffrer la surnature et les correspondances ; -Elle est aussi connaissance des hommes, en particulier dans ses zones obscures, irrationnelles (Arthur Rimbaud : « Je fixais des délires »), et connaissance de l’absolu, d’un au-delà dont la poésie ouvre la porte (Charles Baudelaire dans Correspondance). La tentation est alors celle de la poésie pure qui, débarrassée de l’inutile besoin de signifier, hante certains écrivains (par exemple Stéphane Mallarmé) : on privilégie alors l’image et le rythme. La poésie, surtout la poésie moderne, n’a nullement pour mobile la pensée […] alors qu’en prose on cherche à fixer, à immobiliser la pensée. » (Jules Supervielle). Mais cette conception risque de détourner la poésie de l’humain et de l’éloigner du grand public par son aspect obscur.

    Elle est un chant de l’âme, le poète n’intellectualise pas ses sentiments, mais rend musicalement un certain nombre de rythmes profonds qu’il sent en lui ; -la poésie est donc musique et accessoirement image, la pensée claire importe peu et le sens ne se rattache que vaguement à l’effet suggestif de l’ensemble (par exemple Paul Verlaine, Guillaume Apollinaire) ou même n’existe pas, la poésie n’étant que libération de l’inconscient (se référer au Surréalisme) ; -cette conception présente le danger de limiter l’univers à celui du poète ; la communication devient alors difficile, la poésie renonce à ses autres missions et on peut même penser qu’il y a chez les Surréalistes, disparition de tout travail artistique.

    La poésie en gagée cherche à entraîner, à pousser à l’action, à éveiller l’enthousiasme. C’est une forme de la poésie qui exprime le cœur mais qui se veut active ; - la poésie a longtemps été didactique (par exemple avec Pierre de Ronsard, Les Hymnes, Discours ; Jean de La Fontaine, Fables) et se veut de nouveau pédagogique au XIX° siècle, en particulier avec Alphonse de Lamartine (elle « doit se faire et devenir populaire ») et Victor Hugo (Les Châtiments). Au XX° siècle les œuvres de Paul Claudel, Charles Péguy militent pour leur foi alors qu’un des plus beaux exemples de cette poésie engagée est sans conteste celle de la Résistance avec Louis Aragon, Paul Eluard, René Char. Le poète chilien Pablo Néruda va même jusqu’à dire : « la poésie est une insurrection » et, effectivement, elle st souvent un moyen d’expression privilégié pour les opposants aux régimes totalitaires ; - ses procédés favoris sont le recours aux sentiments simples, aux thèmes mobilisateurs (liberté, justice…), aux images frappantes (se référer à Les Châtiments), aux symboles élémentaires, à l’obsession du rythme ; - on a beaucoup critiqué cette poésie, depuis les Classiques (qui prônent le bon sens ; la discrétion, la litote), jusqu’à ceux qui jugent l’engagement comme une régression, une prostitution de la muse : Théophile Gautier, le Parnasse, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé (pour qui la vulgarisation de l’art est une impiété, un gâchis) Paul Valéry, Boris Pasternak (« le poète est comme un arbre dont les feuilles bruissent dans le vent, mais qui n’a le pouvoir de conduire personne.)…

 

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