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Par un commentaire de ces sept premières strophes des « Destinées », vous essayerez d'approfondir la notion de poésie philosophique que Vigny avait dans sa jeunesse définie dans les termes suivants : « Compositions dans lesquelles une pensée philosophique est mise en scène sous une forme épique et dramatique. »

Publié le 09/09/2014

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vigny

Ambiguïté de l'allégorie Ces deux points de vue sont dis‑

tincts et, à la limite, contradictoires. Flétrir le fatalisme, c'est croire l'homme capable de quelque liberté ; flétrir la fatalité, c'est l'en croire incapable. L'allégorie de Vigny fait l'un et l'autre. La poésie rend ici un mauvais service à la philosophie, non pas parce que le poète laisse le problème « sans réponse «, mais plutôt parce qu'il en brouille les données, parce que sa vision exclut les distinctions et les définitions nécessaires à toute pensée rationnelle.

 

Au reste la poésie — art de l'image, art du langage — gagne sans doute plus à cet effacement de la raison que la philosophie n'y perd.

vigny

« VIGNY Levant avec effort leurs pieds chargés d'entraves, Suivant le doigt d'airain dans le cercle fatal, Le doigt des Volontés inflexibles et graves.

Tristes divinités du monde oriental, Femmes au voile blanc, immuables statues, Elles nous écrasaient de leur poids colossal.

Comme un vol de vautours sur le sol abattues, Dans un ordre éternel, toujours en nombre égal Aux têtes des mortels sur la terre épandues, Elles avaient posé leur ongle sans pitié Sur les cheveux dressés des races éperdues, Traînant la femme en pleurs et l'homme humilié.

INTRODUCTION En face de Lamartine et de Victor Hugo, Vigny, dès ses débuts, avait défini son domaine : les « compositions dans lesquelles une pensée philosophique est mise en scène sous une forme épique ou dramatique».

Il ne devait jamais s'écarter beaucoup de ce programme.

Dans le poème Les Destinées, qu'il écrivit vingt-cinq ans plus tard, on trouve une « pensée philosophique » et une « mise en scène » ; on y trouve en outre, ce que Vigny n'avait pas jugé utile de dire, sans doute parce que cela allait de soi, une mise en vers et presque une mise en musique.

Comment ces éléments se combinent-ils entre eux ? Que gagnent-ils à cette combinaison ? Sur ces questions, qui engagent la notion même de « poésie philosophique », un examen des textes pourra apporter quelques lumières.

Le tableau de l'huma­ nité avant le Christ, sur lequel s'ouvrent les Destinées, se prête bien à une telle étude.

I.

LA « PENSÉE PHILOSOPHIQUE » Point de vue historique On y trouve d'abord une pensée plutôt historique que proprement philosophique.

Vigny peint une humanité asservie au fatalisme.

Après l'aphorisme «C'était écrit» cité en exergue, tout le pas­ sage exprime l'abattement du troupeau humain, «errant sans étoile », « courbant le front » sous le joug, suivant « le doigt d'airain» du destin.

Sa souffrance -effort, terreur «éperdue», pleurs, humiliation -ne débouche sur aucun sursaut.

Pensée historique, disions-nous : en effet ces strophes sont d'un bout à l'autre à l'imparfait ou au plus-que-parfait ; nous savons dès le. »

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