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Corée du Nord

Publié le 11/04/2013

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1 PRÉSENTATION

Corée du Nord, en coréen Chosŏn, pays d’Asie orientale, situé dans la partie nord de la péninsule de Corée. Sa capitale est Pyongyang.

La Corée du Nord est bordée au nord par la Chine, au nord-est par la Russie, à l’est par la mer du Japon, au sud par la Corée du Sud et à l’ouest par la mer Jaune. L’État nord-coréen a été fondé en 1948, après l’occupation militaire conjointe par les Américains (au sud du 38e parallèle) et les Soviétiques (au nord du 38e parallèle) de la péninsule, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La Corée du Nord s’étire sur une longueur d’environ 400 km du nord au sud, et atteint une largeur maximale de 110 km, d’est en ouest. Sa superficie est de 120 538 km². Le pays est longé au sud par le 38e parallèle, qui marque la frontière avec la Corée du Sud. Près de 75 p. 100 de son territoire présente un relief montagneux et accidenté.

Une grande partie du pays est occupé par le plateau de Kaema, surmonté, au nord-est, par les chaînes du Nangnim et du Hamgyong. Celles-ci se raccordent, au nord, aux Changbai shan, système montagneux dominé par le volcanisme, où se situe le point culminant du pays, le Paektu san (« Tête blanche «, 2 744 m). Situé sur la frontière avec la Chine, cet ancien volcan abrite un lac de cratère profond de 310 m, le lac Céleste.

Au sud du pays, la dépression de Chugaryong, vaste fossé tectonique s’étendant de Séoul (Corée du Sud) jusqu’à Wonsan, sur la côte orientale, sépare les chaînes septentrionales de la chaîne du Taebaek, qui se prolonge en Corée du Sud.

Les plaines couvrent moins du cinquième de la superficie totale du territoire nord-coréen. On les rencontre essentiellement sur le pourtour du littoral. Formant une mince bande côtière sur la mer du Japon, à l’est, elles s’élargissent à l’ouest, sur la mer Jaune, où elles constituent des plaines alluviales fertiles, vitales pour l’agriculture du pays.

Les principaux fleuves du pays sont le Yalu et le Tumen. Prenant leur source au Paektu san, ils marquent la frontière avec la Chine. Le Yalu (790 km) draine le plateau de Kaema et se jette dans la mer Jaune. Entrecoupé de bancs de sable et de récifs, il n’est navigable que dans les 80 derniers kilomètres de son cours. Tributaire de la mer du Japon, le Tumen (590 km) s’écoule vers l’est. Les autres cours d’eau sont le Taedong, le Chong-chon et le Chaeryong.

2.2 Climat

La Corée du Nord a un climat continental beaucoup plus rude qu’en Corée du Sud ; le 38e parallèle joue, en quelque sorte, le rôle d’une frontière climatique. L’ensemble climatique nord-coréen est régi par la latitude, le relief et la présence de la mousson. Le climat y est proche de celui de la Mandchourie, avec des étés chauds et des hivers froids. La température hivernale moyenne à Wonsan, dans le sud, est de - 3,9 °C, mais elle est nettement plus basse dans le nord du pays et sur le plateau de Gaema, où elle atteint - 20 °C au mois de janvier. Les précipitations annuelles oscillent entre 800 et 1 300 mm, selon les régions. La banquise apparaît à l’extrémité de la côte nord-est pendant plusieurs semaines, au fond du golfe de Corée ; elle demeure plusieurs mois sur les rivages du nord de la mer du Japon.

2.3 Végétation et faune

La Corée septentrionale possède une flore et une faune extrêmement riches. De superbes forêts recouvrent 70 p. 100 de la surface de la Corée du Nord, qui a moins souffert du déboisement et des cultures sur brûlis que le reste de la péninsule coréenne. La majeure partie de cette forêt est mixte, constituée de feuillus et de conifères ; dans les montagnes du centre du pays et sur le plateau de Gaema, l’on rencontre d’immenses massifs de cèdres, de thuyas, de trembles, de bouleaux, de mélèzes, de sapins et de pins de Corée. Sur les contreforts humides apparaissent les chênes de Mongolie. À l’ouest, l’essence dominante est le pin noir de Mandchourie ; à l’est, le pin, le mélèze et le sapin sont prédominants.

Malgré une exploitation forestière de plus en plus intensive, les grands mammifères indigènes, tels la panthère de Chine, le tigre, le cerf tacheté, le chevrotain, l’ours et le loup survivent dans les régions forestières isolées.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

En 2008, la population s’élevait à 23,5 millions d'habitants, soit une densité moyenne de 195 habitants au km². Cette densité varie naturellement en fonction des régions : on ne compte que 50 à 60 habitants au km2 dans les régions forestières du Gaema, tandis que la majeure partie de la population est concentrée dans les plaines de l’ouest.

Le taux de croissance annuel de la population a été de 1,88 p. 100 de 1990 à 1995, de 1,65 pour la période 1995-2000, et est évalué à 1,07 pour 2003, avec un indice de fécondité de 2,25 enfants par femme. Le taux de mortalité infantile demeure élevé : 26,66 p. 1 000, plus de deux fois supérieur à celui de la Corée du Sud. La part des moins de 15 ans dans la population totale a été estimée à 25 p. 100, celle des individus âgés de 60 ans et plus, à 11,7 p. 100. L’espérance moyenne de vie est de 72,2 ans.

La Corée du Nord est l’un des pays les plus homogènes du monde sur le plan ethnique ; les Coréens sont apparentés aux Mongols, auxquels on les rattache le plus souvent. Une petite communauté étrangère, principalement chinoise, vit en Corée du Nord.

3.2 Découpage administratif et villes principales

Sur le plan administratif, la Corée du Nord comprend neuf provinces (Hamgyong-Nord, Hamgyong-Sud, Yangang, Jagang, Pyeongan-Nord, Pyeongan-Sud, Gangweon, Hwanghae-Nord, Hwanghae-Sud) et trois villes au statut particulier (si) : Pyongyang, Kaesong et Nampo.

La capitale Pyongyang, entièrement détruite en 1953, a été reconstruite sur un modèle soviétique. Principale métropole industrielle du pays, elle compte 3 228 000 habitants. Les autres grandes villes principales sont Chongjin (754 100 habitants), centre industriel et port au nord-est du pays ; Wonsan (300 148 habitants), port de la mer du Japon au sud du pays, et Kaesong (331 000 habitants), à proximité de la frontière sud-coréenne.

L’urbanisation de la population nord-coréenne a été spectaculaire depuis 1953 : 60,5 p. 100 des Coréens vivent en milieu urbain.

3.3 Institutions et vie politique
3.3.1 Organisation des pouvoirs

La Corée du Nord est une République populaire fondée en 1948. Depuis sa fondation, elle a été dirigée par Kim Il-sung, auquel à succédé son fils Kim Jong-il, en 1994. Son « dirigeant suprême « a instauré un régime autoritaire communiste, qui constitue l’un des derniers bastions du stalinisme. Les institutions et le fonctionnement du régime sont fixés par la Constitution de 1972, révisée en 1992, puis en 1998.

Institué par la Constitution de 1972, le poste de président de la République est supprimé en 1998 à la suite de la mort de Kim Il-sung, qui se voit honorer du titre de « président éternel «. Cette révision fait du président de la Commission de défense nationale la plus haute autorité de la nation ; son président depuis 1993, Kim Jong-il (réélu en 1998 et en 2003), est par conséquent le chef de l’État. Un chef de gouvernement, le Premier ministre, partage le pouvoir exécutif avec le chef de l’État. Il est élu par l’Assemblée populaire suprême, détentrice du pouvoir législatif. Ses 687 membres sont élus au suffrage universel pour cinq ans. L’Assemblée ne siège que deux fois par an. Entre les sessions, un présidium de l’Assemblée suprême assure la permanence du pouvoir législatif.

Selon des sources de renseignement de la Corée du Sud, la Corée du Nord compterait près de 200 000 prisonniers politiques.

3.3.2 Partis politiques

Le parti politique au pouvoir est le Parti du travail de Corée (PTC), fondé par Kim Il-sung en 1946. Son secrétaire général est Kim Jong-il. Véritable source du pouvoir, le PTC est un parti unique, même s’il existe d’autres « pseudo-partis « : le Parti social-démocrate (dont le président est un des vice-présidents du pays) et le Parti du culte Tcheundo-Tcheungou — lancé par Kim Il-sung lui-même dans les années 1960, ce parti se réclame de l’idéologie fondamentale du régime, le Djoutché (indépendance politique et autosuffisance économique).

3.3.3 Défense nationale

Héritage de la situation liée à la guerre de Corée, le pays entretient une armée disproportionnée par rapport à ses besoins. En outre, alors que, depuis le milieu des années 1990, la population nord-coréenne ne survit que grâce à l’aide internationale, le pouvoir continue d’entretenir une armée de plus d’un million d’hommes, répartis comme suit : 950 000 dans l’armée de terre, 46 000 dans la marine, 86 000 dans l’armée de l’air ; l’État consacre environ un tiers du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de défense nationale. Le service national est obligatoire et dure de trois à quatre ans.

Le pays, signataire de nombreux traités de défense et d’assistance militaire avec la Chine et avec l’ex-URSS pendant la période de la guerre froide, use de la menace nucléaire depuis l’effondrement du bloc soviétique. Le développement des missiles à longue portée et la recherche dédiée aux armes nucléaires, chimiques et biologiques constituent un grave motif d’inquiétude pour la communauté internationale. Signataire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1985, la Corée du Nord signe en 1994 un accord pour le gel de son programme nucléaire civil. Toutefois, elle désavoue cet accord en décembre 2002 et annonce son retrait du TNP.

3.4 Langues et religions

Le coréen est rattaché à la famille des langues langues ouralo-altaïques et comprend quatre dialectes, dont celui de Séoul devenu la langue nationale. Ayant d’abord adopté l’écriture chinoise, les Coréens ont inventé, au XVe siècle, un système d’écriture phonétique appelé Choson muntcha (Han’gul en Corée du Sud) qui est resté en usage depuis.

Bien que la Constitution soit censée garantir la liberté religieuse, les pratiques religieuses ne sont que tolérées. Sans que l’on puisse citer de statistiques, la religion prééminente reste le bouddhisme, suivie du confucianisme et du chondogyo ou religion de la Voie céleste, synthèse coréenne (présente également dans le Sud) de confucianisme, de bouddhisme et de christianisme.

3.5 Éducation

L’État, comme dans toutes les démocraties populaires, prend en charge l’éducation, qui est gratuite et obligatoire, et dure onze ans : une année d’école maternelle, quatre années d’école primaire et six ans d’enseignement secondaire.

Au début des années 1990, 1,5 million d’élèves fréquentaient les écoles élémentaires. Les effectifs de l’enseignement secondaire et de la formation professionnelle s’élevaient à 2,8 millions d’élèves.

La principale université du pays est l’université Kim Il-sung (1970) à Pyongyang. Il existe environ 280 établissements d’enseignement supérieur, fréquentés par 300 000 étudiants. Le taux d’alphabétisation du pays avoisine 99 p. 100. L’embrigadement se fait au sein d’organisations pour la jeunesse : de huit ans à quatorze ans, les enfants appartiennent à l’Association des pionniers de la Corée, puis de quinze à trente ans, les jeunes gens font partie de la Ligue coréenne socialiste de la jeunesse travailleuse.

3.6 Culture

Toutes les activités culturelles dépendent du gouvernement. Les choix idéologiques de la Corée et la guerre civile ont mené au développement d’une culture militante : écrivains, cinéastes, musiciens sont tenus de produire selon la ligne du Parti, et leurs œuvres doivent « correspondre à la réalité «. Cette culture socialiste a donné lieu, évidemment, à des excès, renforcés par le culte de la personnalité du maréchal Kim Il-sung.

L’Agence coréenne centrale d’informations, gérée par le gouvernement, est la principale source d’informations en Corée du Nord et publie plusieurs journaux. Les radios sont contrôlées par le Comité central de radiodiffusion, et la télévision a vu le jour en 1969.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

On estime que 80 p. 100 du potentiel industriel de la Corée du Nord était détruit en 1953. L’industrie et l’agriculture furent collectivisées. Plusieurs plans économiques successifs appuyèrent le développement d’une industrie lourde et la mécanisation de l’agriculture.

En l’absence de statistiques officielles fiables, on estime que le produit intérieur brut (PIB), en 1994, aurait atteint 20,9 milliards de dollars, chiffre qui placerait le pays au 98e rang mondial. Il aurait diminué de 25 p. 100 au cours de la dernière décennie, d’après les observations de la Banque mondiale ; accablé par de très graves inondations en 1995, le pays est au bord de l’asphyxie au niveau économique.

4.2 Agriculture, forêts et pêche

Selon les estimations de 1994, 40 p. 100 de la population active serait employée dans le secteur primaire.

La mécanisation, l’irrigation et le défrichement à grande échelle (24,9 p. 100 de terres cultivables) avaient permis, dans les années 1960, d’accroître les rendements agricoles. Aujourd’hui, ce secteur connaît une crise grave et la balance agricole est déficitaire. Les principales cultures sont le riz (2 478 000 t en 2006), le maïs (1 964 000 t en 2006) et les pommes de terre (2 000 000 t), suivies par le millet, l’orge, le blé, les légumes divers, les pommes, les patates douces et le soja. L’élevage est peu développé, avec un cheptel d’environ 3,2 millions de porcs, 570 000 de bovins, 172 000 moutons et 26,5 millions de volailles. Massivement collectivisée, l’agriculture s’ouvre timidement à l’économie de marché : depuis 1992, les paysans peuvent posséder des parcelles.

La Corée du Nord possède une flotte de pêche importante, et ses prises annuelles, en 1994, totalisaient environ 1,8 million de t (anchois, thons, maquereaux, algues), ce qui plaçait le pays au 14e rang mondial.

4.3 Mines et industrie

Selon les estimations de 1994, 30 p. 100 de la population active serait employée dans le secteur secondaire. Comme le reste de l’économie du pays, les mines et les industries sont contrôlées par l’État.

L’exploitation minière est un secteur important de l’économie nord-coréenne. En raison de l’épuisement de certains gisements, la production de charbon se serait stabilisée autour de 30,1 millions de t par an en 2003). La production d’argent atteint 20 t, celle de plomb 60 000 t. On extrait aussi du fer, du tungstène, du magnésite, du zinc, du cuivre et de l’or.

Les secteurs de la métallurgie et de la fabrication de machines lourdes fournissent une large part de la richesse nationale. En 1993, la production annuelle de saumons de fonte atteignait 5,8 millions de t, et celle de l’acier brut totalisait 4,2 millions de t. L’industrie nord-coréenne produit également des camions, des locomotives Diesel, des équipements lourds pour le secteur du bâtiment, du ciment, des fibres synthétiques, des engrais ainsi que du cuivre, du plomb, du zinc et de l’aluminium raffinés.

La Corée du Nord est bien équipée en installations hydroélectriques qui fournissent 56,20 p. 100 de la production d’électricité. La production annuelle s’élevait à environ 18,7 milliards de kWh en 2003, toutes origines confondues. Il n’y a pas d’énergie électrique d’origine nucléaire.

4.4 Secteur tertiaire

En 1990, 30 p. 100 de la population active était employée dans le secteur tertiaire.

La devise du pays est le won nord-coréen, divisé en 100 chon. Il existe trois banques, toutes nationalisées, en Corée du Nord. La Banque centrale coréenne est la banque d’émission.

Les 8 530 km de voies du réseau ferroviaire nord-coréen sont en majeure partie électrifiées et relient directement la Corée à la Chine et à la Russie. Le réseau routier compte 31 200 km de routes, dont seule une infime proportion est bitumée.

Le fleuve Taedong est la voie d’eau la plus utilisée du pays, qui dispose de 2 250 km de voies navigables. Nam’po et Haeju sont les deux grands ports de commerce de la côte occidentale, et Chongjin et Wonsan les deux plus importants sur la côte orientale.

4.5 Commerce extérieur

La majeure partie des échanges commerciaux de la Corée du Nord s’effectue encore avec la Russie et la Chine. À eux seuls, ces deux pays fournissaient, en 1991, 59,9 p. 100 des importations de la Corée du Nord. Depuis, le pays a diversifié son commerce (qui transite toujours par la Chine). Le Japon (9,7 p. 100 des importations, 20,2 p. 100 des exportations), l’Arabie saoudite, Hong Kong et l’Australie sont devenus des partenaires économiques de la Corée du Nord. Le pays exporte principalement des minerais, des métaux, du riz et du poisson ; il importe du pétrole, du charbon, des produits chimiques et des machines. Avec 1 550 millions de dollars d’importations et 920 millions de dollars d’exportations, la balance commerciale était largement déficitaire en 1992.

5 HISTOIRE

L’histoire de la Corée du Nord avant 1948 est indissociable de celle de l’ensemble de la péninsule de Corée (voir Corée).

5.1 La montée en puissance de Kim Il-sung

Revenu en Corée en août 1945 avec un groupe de partisans antijaponais, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Kim Il-sung fonde avec Kim Tubong, le 29 août 1946, le Parti populaire du travail de Corée (PPTC). Il bénéficie de l’appui des forces d’occupation soviétiques (jusqu’à leur départ à la fin de 1948) et, dès 1947, réussit à éliminer l’opposition. La République populaire démocratique de Corée (RPDC) est proclamée le 10 septembre 1948 à Pyongyang, qui devient la capitale du pays, et le parti ne reconnaît le Sud que comme une province perdue. En juin 1950, la Corée du Nord tente cependant de réunifier la Corée en envahissant la Corée du Sud (voir guerre de Corée).

Le programme du Parti est défini, avec pour mots d’ordre : réunification, collectivisation des terres et nationalisation des industries. Concrètement, la collectivisation est achevée en 1958. Le Parti, tout-puissant, peut dès lors lancer plusieurs plans quinquennaux et contrôler la vie économique du pays. Le pouvoir du maréchal Kim Il-sung, alors au poste de Premier ministre, est souvent contesté, mais il réussit toujours à conserver son autorité, en écartant les rivaux dangereux et en plaçant des membres de sa famille aux postes clés. Ainsi, Pak Honyong, un communiste du Sud, est exécuté après la guerre de Corée (1950-1953). On pense que Pak a été rendu responsable de la défaite, car les communistes et les éléments nationalistes sud-coréens ne soutiennent pas le Nord comme Pak l’avait peut-être promis. Kim Tubong (en 1956) et d’autres rivaux potentiels sont également éliminés, laissant Kim Il-sung seul au pouvoir.

5.2 Après la guerre de Corée
5.2.1 La situation économique

La guerre cause d’énormes dégâts : on estime que 80 p. 100 du potentiel économique de la Corée du Nord a alors été détruit. La discipline « spartiate « du PPTC et l’encadrement rigoureux de la société nord-coréenne autorisent un redressement et un développement considérables dans la période de l’immédiat après-guerre. La politique des plans de développement permet la reconstruction d’un secteur industriel important. Cette politique s’appuie, à partir de 1956, sur un mouvement de mobilisation des travailleurs le Chollima undong, le « mouvement du cheval volant «, et sur le concept de Djoutché, terme que l’on pourrait traduire par « maîtrise du destin «.

5.2.2 Les relations internationales

À l’extérieur, le gouvernement nord-coréen choisit de ne pas prendre parti dans les conflits opposant les différents États communistes, et ne soutient ni la Chine ni l’URSS. Lors de l’intensification de la crise entre les deux pays, au contraire, les dirigeants nord-coréens s’efforcent de définir une voie nationale qui sert surtout à renforcer le régime. Tournés vers la soviétisation de l’économie, les différents plans privilégient la croissance de l’industrie lourde et, en raison de la guerre, les industries d’armement. La production de biens de consommation et le niveau de vie général de la population en souffrent.

À la fin des années soixante, la guerre du Viêt Nam et l’essor des mouvements révolutionnaires en Asie réactivent la crise entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et les États-Unis. Le président de la Corée du Sud, Park Chung-hee, échappe de justesse à un attentat. En 1968, le Pueblo, un navire espion américain, est arraisonné par la marine nord-coréenne et son équipage détenu dans de très mauvaises conditions pendant un an. L’engagement américain au Viêt Nam empêche une nouvelle guerre d’éclater, mais les incidents se multiplient : des combattants communistes s’infiltrent dans le Sud, sans aucun effet significatif ; un avion de reconnaissance américain est abattu en avril 1969. En fait, ces incidents de frontière ont plutôt pour effet de stimuler la défense des Sud-Coréens qui, même s’ils souhaitent une réunification, ne veulent pas d’un régime communiste ni d’une nouvelle guerre. Indirectement, la Corée du Nord renforce le régime politique de la Corée du Sud en justifiant la mise en place d’un régime encore plus autoritaire.

5.3 L’impossible réunification
5.3.1 Une dictature héréditaire ?

Président de la République depuis 1972, Kim Il-sung prépare de longue date sa succession. Ainsi, son fils Kim Jong-il est nommé à des postes importants au Bureau politique et au Comité central du parti lors du congrès du PPTC en 1980, puis, en 1986, le maréchal le désigne ouvertement comme son héritier politique. Le népotisme a toujours été l’une des caractéristiques du régime : douze parents de Kim Il-sung occupaient en 1982 des postes importants ; sa femme Kim Song-ae, par exemple, était la présidente de la Ligue démocratique des femmes de Corée.

5.3.2 Un dialogue difficile

Dès 1970, des négociations secrètes sont engagées avec les dirigeants de la Corée du Sud. Le 4 juillet 1972, une déclaration conjointe proclame que les deux parties continueront de dialoguer pour avancer vers la réunification de la péninsule, mais les rencontres, irrégulières, sont sans résultat, chacun des camps demeurant sur ses positions. En 1986, toutefois, la frontière avec la Corée du Sud, fermée depuis 1953, est ouverte aux familles séparées. En 1991, les deux Corée adhèrent à l’Organisation des Nations unies, et les deux pays signent des accords en matière d’armement nucléaire et de réconciliation.

En 1992, la Corée du Nord signe un accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) autorisant l’inspection de ses installations nucléaires. Probablement détentrice de l’arme nucléaire, la Corée du Nord refuse toutefois aux inspecteurs de l’AIEA la visite des sites suspectés et menace de se retirer du traité de non-prolifération nucléaire qu’elle a ratifié en 1985. Cette question, plus encore que le problème de la réunification, empoisonne les relations du pays avec les États-Unis.

La mort du « grand leader « Kim Il-sung en juillet 1994 n’ébranle pas le régime. Son fils, Kim Jong-il, lui succède, même s’il doit attendre 1997 pour être nommé officiellement au poste de secrétaire général du Parti des travailleurs. Les accords signés à Genève en 1994 évitent la crise nucléaire avec les États-Unis, mais la Corée du Nord connaît des difficultés économiques de plus en plus importantes, depuis 1995, date à laquelle, à la suite de fortes inondations, Pyongyang reconnaît la gravité de la situation et sollicité une aide internationale.

La chute de la production agricole, tombée à 2,5 millions de tonnes, pour une demande annuelle de céréales de 4,5 millions, entraîne une quasi-famine. À cette situation désastreuse, aggravée par la diminution de l’aide de la Chine qui privilégie désormais ses échanges économiques avec la Corée du Sud, vient s’ajouter la défection de certains cadres du régime, notamment Hwang Chang-yop, l’un des théoriciens du Djoutché, qui opère un transfuge vers la Corée du Sud, en février 1997. Afin de sortir de cette crise, Kim Jong-il tente de rompre l’isolement de son pays et d’obtenir une aide extérieure. Il normalise ainsi les relations avec les États-Unis et propose la transformation de la convention d’armistice de 1953 en un traité de paix. Pour la première fois depuis juillet 1994, des délégations gouvernementales des deux Corée se rencontrent en avril 1998 à Pékin. Cependant, malgré l’arrivée au pouvoir, en septembre 1998, du nouveau président sud-coréen Kim Dae-jung, réputé plus conciliant, les relations politiques demeurent en dents de scie, la Corée du Nord décidant de suspendre le dialogue inter-coréen peu après et se livrant à des activités d’espionnage en Corée du Sud.

La situation intérieure reste marquée par une pénurie alimentaire dramatique qui aurait fait, à ce jour, plusieurs centaines de milliers de victimes et qui a entraîné la fuite de milliers de personnes vers la Chine. En août 1998, la Corée du Nord procède à un tir de missile qui survole le Japon avant de tomber dans le Pacifique. Les rapports avec les États-Unis entrent cependant progressivement dans une phase de détente, la Corée du Nord ayant autorisé des représentants américains à visiter un site suspect, et, surtout, s’étant engagée par l’accord de Berlin du 13 septembre 1999, en contrepartie d’un assouplissement des sanctions commerciales frappant le pays, à geler ses essais de missiles à longue portée. Après un regain de tension avec la Corée du Sud en juin 1999 lors d’une « bataille navale « dans la mer Jaune au cours de laquelle un bateau nord-coréen a été coulé par la marine sud-coréenne, les relations entre les deux pays se sont depuis lors améliorées après la rencontre à Pyongyang en juin 2000 de Kim Jong-il avec le président sud-coréen Kim Dae-Jung.

Peu après, les deux Corée concluent un accord permettant à une centaine de familles des deux pays de se rencontrer aux alentours du 15 août. Sur le plan régional, le 27 juillet, le ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord, Paek Nam-sum, participe pour la première fois au forum de l’Ansea (Association des nations du Sud-Est asiatique) qui se tient à Bangkok. Il y rencontre son homologue sud-coréen ainsi que la secrétaire d’État Madeleine Albright. Le 15 août, les deux Corée rouvrent leurs bureaux de liaison à Panmunjon sur la zone démilitarisée et envisagent de reconnecter leurs réseaux ferroviaires.

Cette volonté d’ouverture s’explique en partie par la situation économique catastrophique, qui conduit les dirigeants de Corée du Nord à espérer une arrivée massive des investisseurs sud-coréens et de l’aide alimentaire. Mais l’arrivée à la Maison-Blanche de George W. Bush en janvier 2001 marque un raidissement de la politique américaine à l’égard de la Corée du Nord. En septembre 2001, le président chinois, Jiang Zemin, effectue une visite à Pyongyang.

Le 10 janvier 2003, après avoir annoncé la reprise de son programme nucléaire, la Corée du Nord annonce son retrait immédiat du traité de non-prolifération nucléaire (TNP) à la suite d’un contentieux avec les États-Unis. Cette annonce sème le trouble et l’inquiétude dans la communauté internationale, qui craint une offensive militaire de la Corée du Nord (contre la Corée du Sud notamment) et les risques d’embrasement d’une telle crise.

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