Devoir de Philosophie

Cosette dans la foret

Publié le 25/11/2012

Extrait du document

Introduction [Amorce et présentation du texte] Parmi tous les personnages « misérables « peints par Hugo, ce sont surtout les enfants qui suscitent sa bienveillance et sa pitié : Gavroche, mais aussi Cosette, âgée de huit ans, qu'il décrit alors que ses tuteurs, les Thénardier, l'ont envoyée en pleine nuit dans la forêt voisine pour remplir un seau d'eau. [Annonce des axes] Pour rendre compte de l'angoisse de l'enfant, Hugo métamorphose la forêt en un décor nocturne terrifiant et, par une généralisation caractéristique de la vision romantique du monde, donne à la marche de la fillette une forte valeur symbolique. I. La métamorphose terrifiante du monde Hugo peint une forêt la nuit, les « nuages noirs «, « une grosse étoile « et la végétation (« grands branchages «, « hautes herbes «, « ronces «, « bruyères sèches «). Mais ce décor est décrit à travers le regard d'une enfant apeurée qui a l'impression d'entrer dans un monde terrifiant. 1. Des éléments inquiétants Certains détails rendent cet environnement hostile : les « nuages «, le « vent «, la « bise «, « l'obscurité « et les « ronces «. La dominante noire (« fuligineuse «, « ténèbres «, « ombre «), associée à la « rougeur horrible «, donne au tableau une atmosphère sinistre.Presque chaque élément du décor est assorti d'un adjectif qui le rend plus effrayant : les « nuages « sont « noirs «, le « vent « est « froid «. Tout est rapporté à la petite taille de Cosette et prend une allure gigantesque : les « nuages « sont « vastes «, les « branchages « « grands «, les « herbes « « hautes «, les bras des « ronces « « longs « ; Jupiter est une « grosseétoile «.C'est aussi parce que ce monde lui est inconnu qu'il effraie Cosette, « égaré(e) « : ainsi, de la planète Jupiter, Hugo précise qu'« elle ne [la] connaissait pas « ; le pronom indéfini « quelque chose (qui arrivait) « semble cacher des réalités effroyables parce qu'indistinctes. « L'épaisse couche de brume «, « l'opacité fuligineuse « et les « nuages « masquent tout point de repère. Les autres sens de Cosette essaient de relayer la vue, mais les bruits sont effrayants (« les buissons [...] sifflaient «), les sensations tactiles désagréables (« ronces «, « griffes «). 2. Un monde laid et monstrueux perçu par une enfant Les comparaisons dessinent un monde de laideur : les « buissons « sont « difformes «, la « rougeur « de Jupiter « horrible «. Violence et douleur y règnent (« griffes «, « proies «, « épouvante « ; Jupiter est comparé à « une plaie lumineuse «).S'y côtoient des êtres déformés et des animaux monstrueux, dont le grouillement a quelque chose d'horrifiant : par le procédé de l'animalisation, les « herbes « sont assimilées à des « anguilles « qui « fourmill[ent] « ; les « buissons « qui « siffl[ent] « rappellent les serpents.Tout est vu à travers « l'oeil égaré « de Cosette : les différents éléments naturels du décor, personnifiés, semblent animés de sentiments malveillants : les « ronces « deviennent de « longs bras armés de griffes cherchant à prendre des proies «. Les « bruyères « semblent prises d'« épouvante «. « L'ombre « a les traits d'un acteur sous son « tragique masque « et rappelle les divinités maléfiques qui, dans les contes, se penchent sur le berceau d'un enfant. 3. La présence et l'intervention du narrateur Enfin, la présence de Hugo est sensible à travers des termes affectifs qui transmettent les impressions ressenties par Cosette : il complète les noms qui désignent les éléments du décor par des adjectifs ou des adverbes du champ lexical de l'effroi : « tragique (masque) «, « (rougeur) horrible «, « (étendues) lugubres «, « (quelque chose de) hideux «, « (pénétration) sinistre «, « lugubrement «, « affreusement «.[Transition]Hugo visionnaire métamorphose la réalité pour influencer l'imagination du lecteur. Mais, dans le dernier paragraphe, il dépasse l'expérience individuelle de Cosette pour donner à cet épisode une portée générale presque philosophique. II. Le sens « humain « de cette expérience L'expérience de Cosette représente tous les cas où l'homme se trouve confronté à la « nuit «, à « l'obscurité «, aux « ténèbres «. 1. La généralisation : de Cosette à l'homme À la fin du texte (l. 28), toute allusion précise à Cosette a disparu : elle est mentionnée de façon allusive par l'article indéfini « un (enfant) « qui a remplacé l'article défini de la ligne 3.Le reste du paragraphe tourne autour de « l'homme «, au sens philosophique d'être humain, repris par des pronoms indéfinis (« quiconque «, « nul [ne...] «) ou par le pronom indéfini « on « (l. 25). Les articles définis donnent une valeur générique au nom qu'ils déterminent : « l'homme «, « le contraire... «, « l'oeil «, « l'esprit «, « l'âme «, « la nuit «. L'article partitif utilisé là où il ne l'est pas ordinairement (devant une abstraction : « il y a del'anxiété) élargit le champ d'application de la réflexion. Tout repère temporel ou spatial précis a disparu.Le présent de vérité générale remplace l'imparfait de la description : « Il faut à l'homme de la clarté « (l. 20-25). Les phrases, courtes, ont une structure percutante (« L'obscurité est vertigineuse « ou « Nul ne marche seul la nuit dans la forêt sans tremblement «). Les parallélismes et les symétries bien frappés ont le rythme incisif des maximes (« Quand l'oeil voit noir, l'esprit voit trouble «).Les termes abstraits (« l'esprit «, « l'âme «), les périphrases telles que « le contraire du jour « renvoient aussi à la généralisation philosophique. Certains noms antithétiques, comme « clarté « et « obscurité «, prennent un sens symbolique. 2. Quel sens donner à cet épisode ? Tout d'abord, Hugo constate, au premier degré, que « Quand l'oeil voit noir, l'esprit voit trouble « : dans les « ténèbres «, l'imagination prend le dessus, l'être perd ce qui fait de lui un homme, c'est-à-dire sa lucidité, ses facultés de raisonnement, lesquelles laissent place aux sentiments incontrôlables, à « l'anxiété «.Mais, au-delà de cette simple constatation, Hugo donne à l'antithèse « jour «/« nuit « une valeur symbolique, presque religieuse (« apocalypses «, « âme «) : pour lui, le monde est divisé en deux principes qui se livrent un combat perpétuel, rendu par les antithèses : « l'obscurité « représente l'inconnu, l'ignorance, mais aussi le mal qui règne dans le monde ; la « clarté « représente la connaissance, mais aussi le bien.Dans cet univers de conflit, les victimes- comme l'enfant - sont souvent accablées (« agonie «) par le pouvoir du mal : c'est ce qui révolte Hugo et qu'il dénonce. Conclusion En soulignant la fragilité de Cosette, Hugo se fait le défenseur de tous les enfants, mais aussi de tous les hommes victimes des forces obscures. Entretien Question L'examinateur pourrait débuter l'entretien par la question suivante. Quels points de vue un narrateur peut-il adopter dans un roman et quel peut être l'intérêt de chacun d'eux ? Il s'agit d'une question de cours. Mais il ne faut pas le « réciter « purement et simplement. Vous devez expliquer et alimenter chaque remarque d'exemples personnels qui l'illustrent.L'entretien pourra se poursuivre dans diverses directions, par exemple : Connaissez-vous d'autres personnages d'enfants dans les romans ?Pourquoi aime-t-on les romans ? Pour réussir l'entretien : voir guide méthodologique.Le roman : voir lexique des notions. Pistes pour répondre à la première question Définir le point de vue (ou focalisation), c'est déterminer qui voit et quelle est la manière de voir du narrateur, sa position. Il existe trois points de vue : le point de vue externe : le narrateur s'efface et est assimilable à un objectif de caméra, il donne de l'authenticité au récit et une impression d'objectivité ; le point de vue interne : le narrateur voit, sait et raconte au lecteur uniquement ce que percevrait un personnage, il permet de comprendre ce que ressent ce dernier ;le point de vue omniscient : le narrateur voit et sait tout dans le temps (il connaît le passé et le présent) et dans l'espace (il sait ce qui se passe dans différents lieux au même moment). Il connaît et retranscrit toutes les pensées des personnages, il donne au lecteur l'impression de dominer l'intrigue et a une valeur explicative.

Liens utiles