Devoir de Philosophie

De soi-même, que ne peut-on attendre ?

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

De soi-même, que ne peut-on attendre ? En admettant qu'attendre quelque chose de soi, c'est transcender sa propre nature ( l'homme contrevient fondamentalement à la nature : la station debout par exemple n'est pas naturelle, car elle lutte contre la loi de la chute des corps ) on pourrait simplement dire qu'il y a ''tout l'homme en l'homme''. Fort de cette citation, on peut naturellement être tenté d'avancer que l'être humain porte en lui son propre accomplissement et  sa propre transcendance. Il pourrait par conséquent tout attendre de lui, sans nécessiter la moindre émulation, ni la moindre pression qui lui soit extérieure.Ceci, toutefois, reste dubitable. Qu'adviendrait-il d'un homme absolument seul, n'ayant jamais connu ni société ni parents, ni vu d'autres êtres humains ? Pourrait-il dépasser son état de nature de lui-même, comme le ferait un homme social ?

Bien entendu, non.Les enfants sauvages, pour reprendre l'exemple de la station debout, se déplaçaient à quatre pattes, comme des animaux, ne pouvant aller d'eux-mêmes contre la nature.De soi-même, il n'y a donc rien à attendre spontanément, c'est-à-dire par soi-même.Ceci revient à dire que l'homme a besoin d'une intervention extérieure pour pouvoir se poser des exigences quant à son devenir et ses action, le faisant avancer vers le dépassement de sa nature, et par là-même l'accès à la liberté,Ainsi, là est la véritable question à se poser, quelles contraintes et coercitions sont les plus à même de nous faire exiger des choses de nous, nous poussant à nous dépasser nous-même, à nous transcender ?

 

En premier lieu, examinons les contraintes qui, sur cette Terre, paraissent de prime abord les plus astreignantes pour les hommes : les lois naturelles du monde. Appelons cela les délimitations ( pour ne pas les confondre avec les lois humaines).En effet, bien que l'homme soit tout à fait apte à se dépasser lui-même et possède en lui une âme munie d'un grand potentiel, il n'en reste pas moins contraint à l'extrême par ces délimitations qui régissent le monde physique.Elles sont au nombre de trois :

Tout d'abord, et paraissant comme le plus évident, les contraintes de la matière ; viennent ensuite les contraintes de l'intellect ; puis, enfin, comme étant la plus grande contrainte que le monde puisse imposer, les contraintes d'ordre temporelle.

Nous parlons ici de limitations, mais par limitations, entendons obstacle, sachant qu'un obstacle est fait pour être surmonté : ces mêmes contraintes que la matière impose sont, plus qu'elles ne paraissent, propres à rendre l'homme plus entreprenant pour les vaincre.Car une contrainte impose nécessairement une réaction idoine. On peut supposer que dans cette optique, la main humaine est devenue au fil du temps préhensile pour manipuler plus adroitement.

 

La première de ces contraintes est comme nous l'avons dit matérielle.Explicitons ce qu'est une contrainte matérielle.Nous définirons ici comme contrainte matérielle tout ce qui fait que l'homme aussi bien que les animaux ne sont pas physiquement capables de tout.Ainsi l'homme ne peut raisonnablement pas attendre de lui ce que la matière empêche : ses possibilités sont restreintes.D'un point de vue purement extérieur, l'homme peut se modifier lui-même, mais uniquement dans la mesure du physiquement réalisable.Il peut également modifier son environnement, mais là encore, la nature lui pose des barrières qu'il ne peut franchir, mais pose aussi des lois qui peuvent faciliter son évolution et la modification, l'adaptation, de son environnement.Enfin son corps peut-être blessé, il peut-être mutilé et perdre plusieurs de ses capacités, même son esprit peut-être endommagé voire détruit dans le pire des cas, celui où son cerveau, manifestation matérielle de son intellect, subit des préjudices.

 

Ensuite, on peut avancer que la limitation matérielle impose à son tour une autre, celle de l'intellect dont nous avons déjà esquissé les problèmes : l'esprit humain étant matérialisé par son encéphale, étant contenu par lui, son esprit n'est donc, en plus d'être physiquement atteignable, pas omnipotent.Les capacités mémorielles, rationnelles, créatrices, sont elles-aussi sujettes à des limitations qui sont aléatoires d'une part ( tous les individus n'ont pas les mêmes capacités intellectuelles ) et déterminées d'autre part : le vieillissement implique nécessairement une dégradation du cerveau, et donc de toutes les capacités de celui-ci.Son imaginaire, enfin, ne peut pas entièrement sortir du cadre du réel, il peut certes créer ce qui n'est pas, mais seulement à partir de ce qui est déjà ( on ne peux pas inventer une nouvelle couleur sans mélanger celles qui existent déjà ). Les facultés de raisonnement sont elles aussi plutôt astreintes, car elles ne peuvent se servir de concepts qu'elles ne peuvent pas appréhender.

 

Ultimement, nous avons la dernière des limitations du monde physique, qui réduit grandement les actions des hommes sur Terre : le temps.L'espérance de vie de l'homme moderne est de 80 ans.C'est extrêmement court quoi que l'on puisse en penser.Sachant que nous devons passer de 18 à environ 26 ans de notre vie à nous former complètement, il ne nous reste pas autant de temps qu'on pourrait l'imaginer. C'est pour cette raison que l'homme possède une histoire, afin de non seulement savoir comment il en est arrivé où il est, mais aussi pour conserver une trace de tout ce qu'il a pu accomplir.Cette limitation agit, consciemment ou non, sur l'homme, le poussant à, premièrement, se démultiplier en grands nombres pour la continuation de l'espèce, et deuxièmement, à bâtir aussi vite que possible, et à batir de plus en plus grand et de plus en plus étendu, en partie pour répondre au besoin induits par la croissance exponentielle de l'homme.C'est une course contre la mort, un défi lancé : s'étendre autant que possible dans le temps d'une vie.Cette limitation de temps force également l'homme à trouver un but, un rôle dans la société qu'il remplira pendant sa courte vie pour la faire progresser, lui faisant attendre de lui la chose suivante : devenir quelque chose qui peut laisser une marque dans le temps.

 

Illustrons ces trois limitations, et prenons un homme normal, un homme lambda comme il en naît chaque jour.Faisons naître cet homme avec une malformation cardiaque, un hasard de la nature qui l'a ''désigné'' pour le subir.Il importe peu de comprendre en quoi elle consiste, ni par quoi elle a été causée : savoir cela ne serait d'aucune utilité ici.Cette déformation sera une limitation physique et temporelle, physique tout d'abord car il est évident qu'elle va limiter ses actions physiques, il ne sera par exemple ni un sportif ni un bâtisseur ( au sens premier ) dans la société.Limitation temporelle surtout car elle le tuera nécessairement un jour, et bien plus tôt que ne le ferais simplement la vieillesse.Sachant ces deux choses, cet homme va tendre vers les deux objectifs suivants : premièrement, il y a de fortes probabilités qu'il se tourne vers un métier qui favorisera et utilisera son intellect laissé intact, puisqu'il est physiquement très contraint et limité.Il va ainsi développer son esprit.Deuxièmement, il va, puisque son temps est réduit par rapport à celui des autres, tenter d'avoir une vie plus intense ( plus dense ) en compensation, et sera doté d'une plus grande volonté de bien vivre ( vivre en étant utile et productif, s'entend ), car sans cesse confronté à une mort qui pourrait surgir n'importe quand.Nous voyons ainsi comment une simple mais très astreignante délimitation imposée par la nature aura dirigé cette homme dans une direction qui fera sans doute de lui un membre très productif de la société, même si les limites intellectuelles inhérentes à l'homme limiteront l'impact qu'il pourrait avoir.Ces limitations, en empêchant certaines choses autorisent d'autres chemins, une porte fermée en ouvrant une autre.

 

Ces limitations paraissent donc à première vue tout à fait bénéfiques, en ce sens où elle pressent l'homme de réaliser de grandes choses, adaptées aux lois de la nature ( une voiture par exemple, se sert de contraintes physiques pour avancer, sans loi de la chute des corps, elle moulinerait inutilement dans les airs ).Cependant, une objection de taille se dresse contre cette hypothèse : les lois de la nature, ces lois matérielles, intellectuelles et temporelles, sont DÉTERMINÉES de part en part, totalement et irrémédiablement déterminées : jamais elles ne changeront.Les mêmes causes produisent les mêmes effets dans cette nature, ainsi, un homme qui n'aurait que ces coercitions pour le pousser à se transcender serait lui aussi déterminé : comment un homme qui suit des lois qui ne changent pas pourrait changer lui-même ? L'animal lui, n'a que la nature pour règles, n'a que ces trois lois pour cadres et contraintes : n'est-il pas déterminé, stéréotypé, et incapable de contrevenir à sa nature ? Reprenons l'exemple de l'enfant sauvage, n'est-il pas déterminé, lui aussi, dans tout ce qu'il fait ?

Nous avons ainsi avancé que le monde matériel limitait les actions des hommes par des lois physiques, qui induisent des contraintes intellectuelles, mais aussi des contraintes temporelles ( car c'est bien la dégradation de la matière qui limite l'espérance de vie ).Nous avons donc par là-même vu et justifié que ces lois étaient hautement stimulantes quant à l'homme, qui, se voyant ainsi limité, faisait tout ce qui était en son pouvoir pour contourner autant que possible ses contraintes, ou au minimum les retourner à son avantage.

Mais, cette hypothèse manque de pertinence : elle est tout aussi déterminée que les lois qu'elle englobe.Cette thèse ne changera jamais, car les lois naturelles non plus : et ainsi le serait l'homme si la nature était tout ce qui l'empêchait d'une quelconque manière.

 

En second lieu, maintenant que nous avons exploré les possibles, et surtout le problème majeur que pose cette hypothèse, se présente à nous une nouvelle façon de voir les choses.Oublions le point de vue de la nature, et concentrons-nous sur la société, sur l'homme social.Ayant tout d'abord parlé des lois de la nature, qui sont déterminées, il paraitraît logique d'envisager l'hypothèse de lois n'étant pas déterminées, car crées par des êtres plastiques et donc pouvant potentiellement se démarquer du déterminisme : la Loi.Considérons cette hypothèse : la loi est une coercition qui fait que les hommes exigent d'eux-même plusieurs choses que nous aborderons.Les lois des hommes sont le cadre et le fondement de toute société.Toutes les sociétés, du capitalisme français aux tribus africaines, en passant par les dictatures, ont des lois, que ce soit sous forme de règles, de coutumes, ou de constitution.La loi va de pair avec la société, aucune n'est possible sans l'autre ( les délimitations sont exclues de cette affirmation ).Elle est le fait d'un consensus d'individus possédant le pouvoir de la-dite société, qui dans les régimes les plus libéraux, se conforment à la volonté commune, ou au moins éditent des lois justes qui assurent la pérennité de l'espèce d'une part, et le bien-être des individus d'autre part, accompagné d'exigences.La loi possède trois buts : réprimer les pulsions néfastes ce que la nature ne fait pas ; être juste et universelle ; permettre à l'homme de se dépasser lui-même.

 

Tout d'abord, admettons que cette loi est indépendante de la nature ; cette dernière ne possède que la loi du plus fort, qui n'étant pas juste, est un devoir sans droit.La loi est par conséquent supérieure à la délimitation, en ce sens qe l'homme qui ne suit que sa nature  est virtuellement habilité à TOUT faire ( dans les limites naturelles ).La société, pour corriger ce problème, impose le système des lois qui, une fois inculqué à l'homme, corrige et empêche le déchaînement de ses pulsions les plus néfastes.La loi doit être assimilée dès le plus jeune age à l'individu, avec le concours de ses parents, du système éducatif et de ses contemporains.Il est ainsi impossible de vivre ensemble sans le respect de ces règles, étant admis que ces dernières sont justes.En comparaison de cela, l'homme seul que nous avons déjà évoqué n'aurais aucune répression de ses pulsions, et irait satisfaire sans aucune arrière-pensée ses désirs sexuels, morbides, possessifs et de survie : pourrait-on encore le qualifier d'être humain ? Sans doute.Mais d'un point de vue éthique, seul un être fidèle aux lois mérite entièrement sa place dans l'espèce.

 

Pour ce faire, il est essentiel que les-dites lois soit totalement fondées ( c'est-à-dire justes ) et applicables à tous les hommes, sans quoi certains pourraient soient y déroger, soit être lésés par le fait qu'ils sont en dehors de sa juridiction.Dans cette optique, et dans celle-ci seulement, les lois doivent se limiter à généraliser et regrouper les actes que les humains ne doivent pas commettre, et ceux qu'ils sont autorisés à faire.Montesquieu avançait qu'une chose n'était pas juste parce qu'elle était loi, mais qu'elle devait être loi car elle était juste.Mais qu'est-ce qu'être juste ? On peut définir l'homme juste comme celui qui est respectueux de la loi, incite les autres à l'être également, et qui sait réprimer ses pulsions et les tempérer par sa raison.L'homme juste est donc un homme digne, qui ne s'abaisse pas au niveau de ses bas instincts.La loi juste est donc la loi digne, qui respecte l'homme de trois façons : en empêchant qu'il réponde à ses pulsions néfastes ; en le faisant de manière à respecter sa propre dignité ; en protégeant la dignité des autres de lui-même et inversement.

 

D'un autre point de vue, amener l'homme à se dépasser lui-même est moins un des objectifs de la loi qu'une conséquence de ceux-ci : c'est parce que la loi empêche dignement qu'elle permet aussi d'être libre.Cette liberté, conjonction des droits ( être protégé des autres ) et des devoirs ( protéger les autres de soi ) est tout à fait nécessaire pour que l'homme attende de lui plus qu'il ne devrait simplement s'il suivait les délimitations de la nature.D'un côté, la main ferme et équitable de la loi sociale empêche à l'homme de se nuire à lui-même et aux autres ; de l'autre, elle lui accorde des droits ainsi qu'une dignité.Ces droits et devoirs varient évidemment d'une société / culture à une autre ; mais là n'est pas la question.Il est à noter que si la société était parfaite, les lois ne seraient que figuratives, et les tenants de celle-ci ne seraient même plus nécessaires.Heureusement, la perfection n'existe pas : le système garde donc toute sa nécessité, et a toujours besoin de garants.La loi applique des pressions sur les hommes : elle les force pour ainsi dire à devenir quelqu'un, et donc à aller plus loin que leur nature seule le permet.Elle crée également un code de valeurs morales généralisées qui guide nos jugements et assiste notre raison.Par ailleurs, il ne faut pas penser que seuls les devoirs poussent les hommes à attendre des choses d'eux-mêmes : leurs droits également sont porteurs de telles coercitions.On peut également ajouter que puisque c'est l'homme qui fait la loi ( alors que c'est la nature qui fait la délimitation ), c'est l'humanité elle-même qui presse les individus la composant vers leur devenir.

 

Nous l'avons dit, la loi doit empêcher les pulsions néfastes ( pulsions reproductives, pulsions possessives, pulsions morbides, etc ) d'avoir trop d'emprise, moins en les sanctionnant qu'en les empêchant.La loi doit enseigner ce qui est bien ou mal ( nul n'est supposé ignorer la loi après tout ).

Il y a de fortes probabilités pour qu'un homme sans loi tue, vole, agresse, détruise, sans vergogne ni remord : il peut tout aussi bien avoir conscience ou pas de la loi, là n'est pas la question.Cet homme n'a pour seule loi que ses bas instincts, il s'est rabaissé à un niveau inhumain.Jugeons tout de même qu'il reste dans le domaine de la délimitation : celà le pousse peut-être à se dépasser, mais dans une optique de destruction et d'auto-destruction seulement.Ainsi donc, cette loi qui se veut juste le jugera comme elle aurait jugé toute autre personne, même s'il ne s'est pas comporté en être digne : la loi est universelle nous l'avons déjà avancé.C'est, dans l'essence, juger humainement l'inhumain, et de la même manière à tous les niveaux.La loi n'est pas seulement dure.Aussi, la loi se veut pousser les hommes vers un dépassement de leur nature.Les enfants sauvages, à nouveau, ne sont pas aptes à le faire, car sans loi autre que celle de la nature.Les hommes reçoivent le droit de devenir ce qu'ils veulent, à condition que la loi ne le proscrive pas.C'est donc une liberté.Or une liberté est une pression considérable, quelle qu'elle soit, car un pouvoir de choisir implique forcément une décision, décision dont l'impact sera prédominant : il est évident que sous ce poids, aussi petit soit-il, un homme doit faire valoir sa nature et essence d'homme, et donc dépasser le stade sensible, pour aller plus loin que sa nature seule l'aurait permis.

 

Nous sommes ici dans le cadre d'une coercition ferme, non-déterminée, et qui pousse en effet les hommes vers un mieux de leur propre condition.Plus encore, elle est le fait de la société, et donc des hommes, plutôt que d'être le fait de simples lois naturelles.On supposera donc que la loi est d'une bien plus forte influence, et qu'en limitant à ce point l'être humain, elle le rend digne, l'élève, et permet à la société d'exister harmonieusement.Malgré tout, ces lois ne sont pas aussi stimulantes pour l'humanité que la délimitation naturelle.Un autre problème, aussi, est qu'en dépit du fait que la loi est humaine, elle est universelle : et l'universalité implique l'impersonnalité.Car il est vrai que si tous les hommes peuvent se référer à la loi, et être jugés équitablement par elle, il n'en reste pas moins qu'aucun d'eux ne peut s'y identifier totalement comme étant sa morale personnelle, il y aura toujours une personne pour avoir un point de vue plus sévère ou plus clément sur tel ou tel point de la loi, il y en aura toujours pour penser que certains lois ne devraient pas exister, ou que d'autres doivent être rajoutées.

Ainsi cette hypothèse, bien que pertinente et s'approchant assez du problème, n'explique pas suffisamment les choses.Nous allons donc aborder un point qui reprend les qualités qu'on aurait pu énoncer en faveur de la loi, mais qui cette fois n'en possède pas les défauts, le plus gênant étant son impersonnalité, nous pourront même dire sa froideur.

 

Enfin, au vu des problèmes que posent les deux hypothèses de la délimitation et de la loi humaine, il nous faut considérer une solution qui puisse être à la fois non-déterminée et personnelle, unique à chaque être humain, et dans laquelle il peut se reconnaître, et sur laquelle les individus ont une influence, un pouvoir décisionnel.On ne peut pas bien sûr considérer qu'une telle solution puisse venir d'un individu par lui-même, de lui-même, il faut que d'autres éléments rentrent en ligne de compte.Ceci étant dit, nous allons aborder la conscience morale : ce que nous considèrerons ici comme l'aboutissement.Cette conscience morale inclut également la loi en elle, mais dans une moindre mesure, tant il est vrai que la loi est issue de la conscience morale et non l'inverse.Nous allons définir la conscience morale comme suit : la conscience morale est ce qui permet à un individu de discerner le bien et le mal, de se maîtriser, de faire preuve de tempérance et de vertu, si tant est que la vertu est encore une valeur dont les hommes peuvent se targuer dans l'époque où nous sommes.Elle est l'ensemble des valeurs éthiques, morales, sociales, religieuses et sémantique de l'individu.La conscience morale est le fruit de plusieurs éléments qui s'émulent les uns les autres : la loi tout d'abord ; l'expérience de vie ; la personnalité propre ; la pression des autres ; l'éducation parentale et celle du système.Nous supposons dans le cas présent que la conscience morale est la pression et coercition la plus à même de faire changer un être humain pour qu'il aille vers son devenir.Pour justifier de ce propos, voici trois affirmations : premièrement, la conscience morale se démarque de la loi par le fait qu'elle est propre et unique ; deuxièmement, la conscience morale évolue sans cesse au cours d'une vie et ne sera jamais la même entre deux âges distincts d'une existence ; dernièrement, la conscience morale est une conjonction de toutes les contraintes qui peuvent faire exiger a l'homme le meilleur de lui-même, et étant unique, elle possède une fin intrinsèque, elle n'est pas un moyen, au contraire de la loi et de la délimitation dont les fins sont extrinsèques.

 

Voici notre point de départ : jusqu'ici, nous n'avons étudié que des contraintes déterminées d'une part et impersonnelles de l'autre ; c'est donc un changement majeur que d'aborder ici une contrainte qui s'éloigne autant de celles que nous avons mentionnées.De plus, dans les deux cas, les-dites contraintes étaient extérieures à l'homme ; la conscience morale est intérieure à l'homme, et partant, propre.Il n'y aura jamais deux hommes possédant EXACTEMENT la même conscience morale, cela ne se peut pas et ne se pourra jamais.Ceci est le premier point.La conscience morale est unique car elle provient de sources variées, mais aussi parce que chaque personne a sa manière propre de recevoir l'éducation parentale et systémique, ainsi que tous les autres éléments qui forment cette conscience, et qui ne cessent jamais de la transformer au cours de la vie.Il est aussi évident que chaque individu a sa manière propre de voir le monde et l'éthique, ce qui crée une très grande diversité dans les consciences morales, aussi bien dans la manière dont elles sont constituées que dans les principes qu'elles garantissent.

Cela nous amène au seul défaut de cette conscience morale, que nous avons déjà mentionné : les consciences diffèrent avec les personnes.Dans la mesure où cela peut créer de graves conflits entre consciences ''rivales'' et surtout mener certaines conscience à commettre des actes indignes de la condition humaine, le concept de conscience morale est imparfait : seulement, c'est la meilleur solution qui se puisse imaginer.La perfection, quoi qu'on en dise, n'existe pas, elle n'est qu'un but vers lequel nous devons tendre sans jamais y toucher, ce qui peut excuser cette petite faiblesse qu'a la conscience morale.Malgré tout, la loi est aussi là pour sanctionner les écarts de certaines consciences, ce défauts n'est donc pas aussi signifiant qu'il y paraît.

 

Nous avons en outre de l'unicité de la conscience morale dis que celle-ci ne cessait jamais d'évoluer, dès le moment où l'on peut considérer qu'il y a conscience morale ( proposons un seuil à 14 – 15 ans ) jusqu'à la mort, et ceci pour presque tous les êtres humains : il y a une part d'imprévisible, nous ne somme pas déterminés après tout.Ce qui induit ce même changement dont nous parlons, c'est le simple fait que nous ne cessons jamais de recevoir de la ''matière'' pour construire notre conscience morale.L'on pourrait la comparer à une œuvre d'architecture qui ne sera jamais terminée, et que divers artistes complètent peu à peu selon leur gré.Ceci parce que les lois changent ; parce que l'éducation du système se renouvelle, évolue ; parce que l'éducation parentale a des influences différentes selon les âges de la vie, parce que les closes du droit éthiques peuvent changer, les mentalités peuvent évoluer, etc.Aussi, il est évident qu'en vieillissant la morale peut soit s'émousser, soit se renforcer, mais les facteurs qui peuvent influencer cela sont trop nombreux et complexes pour être cités.Nous pouvons tout de même invoquer l'expérience de la vie, ou certains accidents qui peuvent traumatiser, ou changer un point de vue.

On ne peut pas concevoir que la conscience morale ne puisse pas changer au vue de tout ce qui la compose, et sachant que ces composants changent, et ont beaucoup changé au cours du temps et de l'histoire.

 

Enfin, en dernière affirmation, nous avons avancé que la conscience morale avait une fin en-soi, c'est-à-dire intrinsèque.Pourquoi cela ? Dans un premier temps parce que cette conscience n'est pas déterminée, puisqu'elle change de multiples fois dans le temps d'une existence, comme expliqué susditement.Dans un second temps, la conscience morale est une finalité, puisqu'elle est un résultat et non une cause ( elle est ce qui résulte de la réunion de la loi, de l'éthique, de la sémantique, du religieux, et de tous les autres éléments que nous avons évoqué ).Toutefois, dire qu'étant un résultat, elle ne peut en entraîner un autre, est une fausse affirmation.Il est tout à fais possible qu'un résultat induise autre chose, et devienne par là-même le déclencheur d'un changement quelconque.Et c'est parce qu'elle est une fin en soi, parce qu'elle un résultat mais aussi un déclencheur, qu'elle peut avoir sur l'homme tout son effet.Elle pèse en effet sur lui comme étant un ensemble de règles, à l'instar des lois.A celà près que la conscience morale est en grande partie un choix de l'homme, dans lequel il a versé son libre arbitre : ces règles sont SES règles et celles de nul autre.Ses restrictions sont donc totalement acceptées, par choix plutôt que par obligation, tant il est vrai que la conscience morale relève autant de la liberté que la loi relève de la dignité.

 

Ainsi donc, nous avons vu qu'un simple humain est régi par trois strates de pressions, de coercition : celles que lui impose la nature ; celles que lui impose la loi humaine ; et enfin celle qu'il s'impose lui-même, de son propre chef.Les lois de la nature, que nous avons ici appellé délimitation, sont des lois tout à fait déterminées, il est impossible de les changer, et il est impossible qu'elles fassent changer les êtres qui ne sont soumis qu'à elles.

Les lois humaines ensuite, représentent beaucoup plus que celles de la nature.L'homme à maintenant le pouvoir sur ces lois, qui ne sont donc pas déterminées, et qui sont donc à-même de lui faire exiger de lui tout ce qui est nécessaire pour les respecter.Mais ces lois sont beaucoup trop impersonnelle car universelle : aucun homme ne peut tout à fait s'y reconnaître et les accepter totalement.

Enfin, nous avons la conscience morale.Cette strate humaine qui réunit beaucoup de règles et de codes est un produit de l'être humain, de ceux qui l'entourent, et du système qui l'encadre.Elle est unique, particulière à chacun, possède une fin intrinsèque et varie durant le cours de la vie.Cette conscience morale est ce que nous considèrerons ici comme étant la pression qui pousse le plus les hommes à exiger d'eux-mêmes des choses que leur nature seule ne permet aucunement, comme par exemple se faire un place dans la société, ou se donner un but particulier dans l'existence, nous permettant ce dépassement de soi, cette transcendance de l'essence humaine.

Liens utiles