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Des coches, Essais, Montaigne

Publié le 18/10/2010

Extrait du document

montaigne

 

Intro : 

- Enthousiasme face aux découvertes de la Renaissance, mais ces nouveautés aiguisent la tendance à désirer le pouvoir, et cela conduit à des actions d’une extrême violence.

- Montaigne, XVIème donne la définition d’un sauvage « chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage «. Ainsi, il tente de faire prendre conscience à l’homme de la relativité de ses valeurs, illusions..  

- Montaigne, homme d’une grande culture, vivait près de Bordeaux, et sur les poutres se sa bibliothèque, figuraient des citations devant l’aider à mener sa réflexion.

- Dans ce texte, Montaigne fait état des grandes découvertes et prend très fermement position. Il traite du Nouveau Monde et dénonce la guerre, la violence et la colonisation des peuples. 

 

I. L’image d’une Europe colonisatrice

 

1. Un monde nouveau

On observe le champ lexical de la nouveauté, combiné avec celui de l’enfance : « nouveau « (L.4) «  enfant « (l.4), « abc « (l.5). Ce monde est illettré,  «  apprend son abc « (l.5) qui fait référence à l’alphabet, et «  ni lettres... vignes « (l.6, 7). Le nouveau monde est dénudé de tout ce qui constitue une civilisation. On observe également la métaphore de la nourrice violente «  fouetté et soumis à notre discipline « (l.12). L’auteur donne l’impression que la pureté du nouveau monde  a été défraichie par les colons, et que sa fragilité et son innocence «  âmes si neuves « (l.15), ont été brisées par la cruauté des européens qui ont abusé de ce peuple. «  Nous nous sommes servis de leur ignorance « (l.18).

 

2. L’Europe soumet les peuples du Nouveau Monde

« Subjugué « (l.14) veut littéralement dire : «  mettre sous le joug «, qui renvoie une idée de soumission très forte, et l’intervenant menant la soumission est doublé d’une idée de violence. « Soumis « et « fouetté « (l.12) arrivent en prémices de subjugué : c’est une gradation. Montaigne dévoile le rapport de force inégale qui oppose les deux mondes : « forces naturelles « (l.13). 

«Mécaniques victoires «, phrase averbale qui montre que dans le combat entre ces deux mondes, l’Europe est victorieuse, mais ce succès est nuancé par « mécanique «, mis en valeur par l’antéposition. Le point se situe directement après le mot victoire, comme si celle-ci était abrégée. 

Montaigne analyse cette colonisation avec distance, peu de sentiments, et ironie tout en démentant les valeurs de l’homme. « Justice « et « bonté « (l.14) sont des antiphrases qui reflètent l’horreur et le mépris qu’il éprouve pour sa société et les actes de celle-ci. A la ligne 23, l’ironie est remplacée par la contradiction du texte lui-même «  passé au fil de l’épée « (l. 33). Le peuple de nouveau monde est soumis par la violence.

 

3. Qu’est ce que coloniser ? 

Pour Montaigne, coloniser c’est envahir puis soumettre. On observe un glissement dans le texte, Montaigne de parle pas de civiliser les peuples, la colonisation est faite pour le profit. Il dépeint l’ignorance de la civilisation découverte, sans connaissance. Le silence que fais le texte sur les meurs des peuples nous montre l’ignorance des européens en la matière, ceux-ci désirent uniquement installer leur civilisation, sans prendre en compte celle des peuples du nouveau monde : «  nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts « (l.10). Or l’opinion humaine est malléable, arbitraire, variable et con sans valeur certaine, c’est un point de vue. Les européens installent donc leur monde, et les problèmes inévitablement liés à celui-ci : «  la trahison, luxure, avarice et vers toute sorte d’inhumanité et de cruauté « (l.19). La civilisation européen se dore dans la corruption, et use de moyens non civilisés pour raser les villes des « sauvages « : elle manque de valeurs devant la facilité du profit. 

Conclusion : 

Montaigne donne dans cet Essais l’image d’une Europe marchande avant toute chose, intéressée principalement par l’argent, et ayant peu de scrupules. La responsabilité commune nait d’une responsabilité individuelle, mais les européens sont présentés comme d’avantages attirés par l’or brut que par les apprentissages que peu fournir une nouvelle civilisation.

 

II. Qui est l’auteur dans ce texte ? 

 

1. Un homme de bon sens

Montaigne déplore les actes commis par les européens et les dénonce, montrant ainsi le courage de s’opposer à l’opinion publique. De la même manière, dans «  de la vanité «, il dénonce les français qui en voyage reste français, n’apprenant pas sur les mœurs et les habitudes des pays dans lesquels ils voyagent. Montaigne, grand voyageur, ouvert à toutes les cultures, tente de saisir les usages des différentes contrées qu’il visite. 

Ainsi, Montaigne est un homme de bon sens, qui possède un grand sens de l’analyse et qui ose affirmer son avis. Il fait l’éloge du nouveau monde, à l’état de nature « si nouveau, si enfant « (l.3), ce qui est contraire à son époque, désirant ardemment la civilisation. Il défend ainsi ceux que son peuple extermine, et ose admirer ce nouveau peuple, inconnu et envahit : « si affamées d’apprentissage « (l.16), et à l’inverse dévalorise l’Europe, qu’il compare à une maladie « notre contagion « (l.10). Toutefois, on remarque que l’auteur admire la civilisation, qui aurait pu apporter beaucoup à ce nouveau monde, si elle n’avait pas été imposée avec tant de violence. 

 

2. Un homme capable d’énoncer son point de vue, et de dénoncer le colonialisme et sa société. 

Montaigne, nous l’avons vu, dénonce le colonialisme, toutefois, il met également en valeur les vices de sa société, « trahison, luxure, avarice et … mœurs « (l.19.20). Il ose employer des termes qui peignent la réalité de façon crue, sans concession ou euphémisme. De même, il qualifie le nouveau monde de façon franche «  qu’on lui apprend encore son abc «, (l.5) : c’est non péjoratif mais direct et véridique. Il effectue une comparaison des deux mondes «  non moins que … « (l.4, 5) avec de justes termes. Ainsi, Montaigne effectue une peinture assez objective de la réalité, et de son déséquilibre entre les gains : «  pour la négociation des perles et du poivre ! « (l.25), et le prix à payer «  bien cher vendu « (l.10) + gradation l.22. 

 

3. Un homme de son temps

Dans le 3eme paragraphe, Montaigne déplore le gâchis de la colonisation, et souhaiterait un profit humain « profit d’âmes si neuves « (l.15), par exemple, l’inculcation des principes humanistes et de ses valeurs aux habitants du nouveau monde. Il considère l’enseignement humanistes comme ce que l’Europe possède de plus précieux, et le présente comme essentiel à divulguer, à partager aux autres peuples. Mais l’idéal humaniste ne s’applique pas forcément à l’universel. Montaigne souhaiterait transmettre culture, savoir et religion ; il projette ainsi sur le nouveau monde sa propre image de l’idéal, ses propres valeurs, en les estimant meilleures que celles que les Européens inculquent. La question de l’altérité se pose, lui s’il le pouvait importerait les valeurs humanistes sans toutefois laisser le choix aux peuples du nouveau monde, car il considère que cela leur sera forcément bénéfique. 

Conclusion : Dans cet Essais, Montaigne est partagé entre son courage pour dénoncer les agissements brutaux de la société, profiteuse avant tout, sur les peuples colonisés et l’idéal qu’il désirerait y voir, ou y installer. Mais dans ce raisonnement leur inculquant les valeurs humanistes, il ne laisse pas non plus le choix aux colonisés. 

 

Conclusion : 

Ce texte est courageux dans la mesure où il dénonce les vices, l’aveuglement, la cupidité, les abus des Européens assoiffé de pouvoir et d’or, informant ainsi le lecteur sur les actes et la mentalité de l’époque. Il représente un témoignage intéressant de ce qu’était le XVIème siècle.

Ce texte nous montre néanmoins les limites de son auteur. Pour faire accéder l’autre à l’épanouissement de ce qu’il est, il faut lui offrir la liberté : valeur antinomique avec la colonisation. Or Montaigne ne refuse pas, et ne condamne pas la colonisation, simplement les moyens employés et le but de celle-ci. Or l’éducation, même si dans son idéal, serait dans le but d’inculquer les principes humanistes aux peuples du nouveau monde, resterait colonisation, et empêcherait ainsi ces peuples de s’épanouir avec leur véritable nature, ce qui serait contraire aux principes de l’humanisme.

 

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