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desirer l'impossible

Publié le 14/12/2014

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Tout au long de sa vie, l'homme désire et espère toujours satisfaire ce désir. Ainsi, Le pourquoi indique que l'on désire nécessairement ce qui est impossible. « Désirer » est tendre vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir c'est-à-dire que l'objet (ou un sujet, une situation, un état) de désir soit hors d'atteinte donc de nos limites. D'autre part, « impossible » est relatif, ce que nous considérons, nous, comme impossible à obtenir (pas dans l'absolu). Désirer l'impossible serait donc dans la nature de l'homme : le plaisir de désirer en particulier l'inaccessible mais si on parvient malgré tout à l'obtenir, l'impossible deviendrait possible et il n'y aurait alors plus d'intérêt. N'est-ce pas paradoxal que l'homme destine ses désirs à l'impossible, ce qui ne pourra le satisfaire ou bien est-ce une alternative pour avancer, progresser et repousser ses limites ? Dans un premier temps, nous étudierons l'improbable objet du désir qu'est l'impossible puis à quoi bon désirer l'impossible s'il entraîne des conséquences malheureuses. Nous pouvons observer un lien entre désir et impossibilité puisqu'au final il s'agit d'insatisfaction et d'irréalisation. L'impossible serait la source du désir. Tout d'abord, le désir est souvent opposé au besoin notamment les besoins primaires nécessaires à la survie de l'individu. En effet, désirer serait secondaire et superficiel. Le désir est aussi le moteur de la volonté qui permet de mettre en pratique les moyens de réaliser le désir (moyens appropriés ou non d'ailleurs). Sans désir pas de volonté, et sans capacité de volonté, pas de désir. Lorsque l'on obtient l'objet de son désir par exemple un objet de consommation, le désir commence à disparaître et n'est jamais vraiment atteint ce qui revient à l'impossible. Par ailleurs, tout désir cherche l'impossible puisqu'il y a toujours insatisfaction présente. Le désir est un puissant moteur de l'homme. Ainsi, selon Spinoza, « le Désir est l'essence même de l'homme », c'est sa force d'exister. Mais quel est le moteur du désir ? En regardant le Banquet chez Platon, on se rend compte que c'est le manque qui fonde et structure le désir. C'est parce qu'il y a de l'impossible et donc de manque qu'il y a du désir. Ce moteur est une force vitale aidant à faire avancer et progresser l'homme et on peut donc se demander si cela peut repousser certaines limites et dans le même temps rendre possible l'impossible. En ce qui concerne l'objet lui-même, l'objet du désir est un objet impossible, un faux objet derrière lequel se cache l'opinion des autres, la gloire, les honneurs. L'impossible se présente comme un obstacle. Or, l'homme cherche le défi. En affrontant l'impossible, il connaît les limites de ses propres capacités. Notre insatiabilité nous pousse à désirer l'inaccessible. En effet, l'homme est fasciné par l'impossible qui constitue en quelque sorte un jeu repoussant ses limites. Nous voudrions passer notre désir sur un autre objet pour qu'il continue sans cesse et ainsi de suite, c'est un cercle infini de déceptions et de recherches de perfection. Un désir brûlera continuellement avant d'avoir atteint son objectif. En outre, l'impossible est motivant : se fixer un but nous permet d'avancer aussi impossible celui-ci soit-il car la vie n'a pas de sens si on ne se dirige pas vers une direction. Prenons l'exemple du désir amoureux dans Dom Juan, ce qui l'anime est la conquête amoureuse : il voit une belle jeune fille, il la désire. Il fait donc tout pour la faire tomber amoureuse de lui en contournant les difficultés et une fois le mariage consommé, il se lasse et va à la recherche d'autres femmes en recherchant d'autres challenges. De plus, enlever l'impossible c'est enlever l'espoir. Or, comme le dit le proverbe : « l'espoir fait vivre ». Par ailleurs, nous avons toujours voulu réaliser nos rêves : l'impossible fait également parti des rêves. En somme, nous voulons toujours ce que nous ne possédons pas et cela depuis toujours comme avec Eve et la pomme. Ce qui montre que l'homme est faible face à la tentation. Cependant, comment peut-on juger une chose impossible ? Il n'y aurait pas d'impossible jusqu'à preuve du contraire. En effet, 'impossible est relatif. Ce qui semble impossible pour une personne peut être possible pour une autre. L'impossible, c'est le rêve, le fantasme et l'imaginaire. Or, sans désirer l'impossible, comment évoluer ? C'est donc également une question de temps : ce qui a paru impossible aux populations d'il y a plusieurs siècles semble tout à fait ordinaire pour nous autres aujourd'hui : l'avancée des découvertes, les technologies. En effet, autrefois, l'homme souhaitait voler. Ce désir semblait inconcevable mais grâce à son imagination (dont les limites s'étendent en désirant l'impossible) et à son ambition, sa créativité ; il a su lever les obstacles et créer le principe d'aviation et même chose pour marcher sur la lune en 1969 qui semblait insensé il y a 3 siècles. Cependant, nous pouvons juger une chose impossible dans la mesure où la réalité est différente de l'imagination : nous pouvons désirer quelque chose qui ne peut pas être réel comme être éternel, être toute sa vie en vacances ou encore un monde parfait (utopique).Les lois et la morale dans une société peuvent aussi nous imposer ce qui est possible et impossible. L'impossible ne serait-il donc pas une illusion, une invention de l'homme ? René Char disait : « L'impossible, nous ne l'atteignons pas, mais il nous sert de lanterne ».Si on se contenterait du « possible » et du « raisonnable », on ne serait pas donc pas allé bien loin. Après avoir étudié comment l'impossible pouvait être l'objet d'un désir, nous allons voir à quoi bon désirer l'impossible s'il entraîne des conséquences malheureuses. En effet, à force de voir renaître le désir et à ne pouvoir le satisfaire définitivement, le sujet souffre de manque et de frustration. Si le désir est un manque, alors il est nécessairement lié à la souffrance aussi longtemps qu'il n'est pas satisfait. Il y a l'attente : nous n'arrêtons pas de nous projeter dans le futur et oublions de profiter de l'instant présent, ce qui provoquera inévitablement des frustrations. « Ce n'étais pas ce à quoi je m'attendais" est une réaction habituelle à la déception causée par l'illusion du désir. Dès lors, nous retombons très vite dans la désillusion. Cette souffrance naît d'un conflit entre la volonté, nos désirs et la réalité. Dans Le Monde comme volonté et comme représentation, pour Schopenhauer, le désir est un obstacle au bonheur : il y a une incompatibilité entre le désir et la réalité. Ainsi, la vie d'un être de désir est comme un pendule, elle oscille entre souffrance du désir insatisfait et ennui du désir satisfait.. De plus, on peut également en souffrir en voulant trop. En effet, Dans le Mythe d'Icare, le désir de l'Homme d'aller toujours plus loin, au risque de devoir se retrouver face à face avec sa condition de simple être humain. Brûlé les ailes pour avoir volé trop près du soleil. Mais c'est peut-être le prix à payer... Quand on désire l'impossible, on est conscient car on existe en tant que ce désir. On désire, on existe, on est conscient de notre désir mais est-on pour autant être conscient de l'impossible ? La limite entre le possible et l'impossible n'est pas connue au départ, et ce qu'on ne pouvait pas voir au départ comment il serait possible, le deviendra ensuite. En effet, nous souffrons probablement parce que la conscience de cette impossibilité nous vient de la raison. Malheureusement pour nous, notre désir ne comprend pas ces limites. . Ex : lorsqu'on est amoureux d'une personne inaccessible, on souffre. Pour nous, cette impossibilité n'existe tout simplement pas. Le sujet est donc inconscient de l'impossible satisfaction. C'est tout le drame de l'humanité depuis la nuit des temps. Sa souffrance provient de ce décalage entre l'absence de limite du désir qui est pourtant limité, local et contingent et la perception de ces limites par la raison qui toutefois n'en connaît pas les siennes. Hegel : l'homme de l'animal, c'est que, chez l'homme, la pensée s'interpose entre le désir et sa satisfaction : elle peut empêcher un désir de devenir conscient ou, au contraire, contribuer à sa satisfaction, par le biais de la représentation qu'elle en élabore. Je désire l'impossible car c'est humain. Le désir n'est pas concret et réel, désirer l'impossible c'est donc vouloir ne pas avoir. Le rêve, la croyance, mais encore l'art ou la passion, peuvent nous faire oublier les limites et les dépasser, rendre donc possible ce qui ne l'était pas jusqu'alors.

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