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désirer / souffrir

Publié le 29/09/2013

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Désirer, est-ce nécessairement souffrir? « On n'échappe au désir que pour être repris par le désir « écrivait Jacques Brault dans son oeuvre Agonie. Cette phrase montre le cercle vicieux qu'est le désir éprouvé par l'humain et qui fait penser à un piège dont il est impossible de se sortir. De même le simple titre de ce livre exprime toute la souffrance contenue dans le fait de désirer. Seulement désirer, est-ce nécessairement souffrir? La notion de désir est-elle forcément associée au mal et à la souffrance? Il s'agit donc de déterminer si désirer crée obligatoirement une souffrance, ou bien si le désir peut ne pas être associé à une souffrance quelle qu'elle soit. Nous étudierons donc dans un premier temps la notion de désir et plaisir, puis nous verrons la souffrance que ce désir peut engendrer, en enfin nous examinerons le fait de désirer en rapport avec la liberté. Le désir, au contraire du besoin qui est vital, est un manque qui demande à être comblé. Il n'a pour but que sa satisfaction. Il est également une grande caractéristique de l'espèce humaine et un sentiment vécu par tous qui ne vise pas la souffrance mais le plaisir. Il apparaît donc étrange d'allier les mots « désirer « et « souffrance « lorsque seul le plaisir devrait faire écho au désir. C'est l'envie de plaisir qui motive le désir. Lorsque l'homme voit du plaisir émis par un autre homme, il désire aussitôt ce qui produit chez cette personne tant de bonheur: « Le désir de l'homme trouve son sens dans le désir de l'autre « affirmait Jacques Lacan dans Écrits. Le désir et le plaisir restent donc fortement liés l'un à l'autre. Le fait même de désirer peut être un réel plaisir. C'est ce que l'on observe dans Don Juan de Molière. Car pour le héros, véritable bourreau des coeurs, le désir qui doit être comblé n'est non pas d'avoir toutes les femmes mais de les désirer et de se faire désirer d'elles. En effet, il prend plaisir à désirer, pour lui l'objet du désir est de désirer. Il entre dans une quête, une quête dont le but est de désirer et d'être désiré, il n'y a pas ici de souffrance dans ce désir mais du plaisir. Ce ne sont pas les femmes elles-mêmes qui l'intéressent mais le désir qu'il a de se faire aimer d'elles. Quand son désir est satisfait, peu lui importe la femme qu'il a séduit, la seule et unique chose qui lui importe est de renouveler cette expérience avec une nouvelle « proie «. Le fait de désirer n'est donc pas nécessairement associé à la souffrance. Il existe plusieurs genres de désirs: le souhait, l'envie, le rêve... Mais le plus fort d'entre eux reste la passion. Ce désir si fort est rapporté bien souvent au champ lexical de la douleur: on dit d'une passion qu'elle est brûlante, ardente, dévorante et même qu'elle consume la personne. Ici intervient la notion de souffrance. La souffrance peut prendre un autre aspect, celui du désintérêt. Dans le cas où on sait qu'un de nos désirs va être satisfait, celui-ci perd tout son intérêt puisqu'il est accessible, c'est une forme de souffrance car l'homme est né pour désirer, cela donne un sens à sa vie: « Il y a deux tragédies dans la vie: l'une est de ne pas satisfaire son désir, l'autre est de le satisfaire. « écrivait Oscar Wilde dans L'éventail de Lady Windermere, ce qui montre la déception de l'homme lors de l'accomplissement de son désir, surtout quand celui-ci s'est fait longtemps attendre.

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