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Desnos, Corps et Biens (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Desnos, Corps et Biens (extrait). Si le recueil Corps et Biens se caractérise par le télescopage formel et thématique de dix années de poésie, les sept poèmes « À la mystérieuse «, centrés autour de la figure de la femme (Yvonne George), disent et célèbrent le sentiment amoureux. Plantée au coeur d'un monde fugace et destructuré par l'absence de l'aimée, la parole du poète égrène, parfois avec cynisme, la litanie de l'amoureux dédaigné qui cherche l'épanouissement dans la fulgurance efficace de l'écriture. Corps et Biens de Robert Desnos (« Non l'amour n'est pas mort «) Non, l'amour n'est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche qui proclamait ses funérailles commencées. Écoutez, j'en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme. J'aime l'amour, sa tendresse et sa cruauté. Mon amour n'a qu'un seul nom, qu'une seule forme. Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche. Mon amour n'a qu'un nom, qu'une forme. Et si quelque jour tu t'en souviens Ô toi, forme et nom de mon amour, Un jour sur la mer entre l'Amérique et l'Europe, À l'heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues, ou bien une nuit d'orage sous un arbre dans la campagne, ou dans une rapide automobile, Un matin de printemps boulevard Malesherbes, Un jour de pluie, À l'aube avant de te coucher, Dis-toi, je l'ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t'aimer davantage et qu'il est dommage que tu ne l'aies pas connu. Dis-toi qu'il ne faut pas regretter les choses : Ronsard avant moi et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes qui méprisèrent le plus pur amour. Toi, quand tu seras morte, Tu seras belle et toujours désirable. Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l'éternité, mais si je vis Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons, L'odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d'autres choses encore vivront en moi, En moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire, Moi qui suis Robert Desnos et qui, pour t'avoir connue et aimée, Les vaux bien. Moi qui suis Robert Desnos, pour t'aimer Et qui ne veux pas attacher d'autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable. Source : Desnos (Robert), Corps et Biens, Paris, Gallimard, coll. « Poésie «, 1968. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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