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Discours d'inauguration du Printemps des Poètes

Publié le 25/01/2011

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discours

Le Printemps des Poètes. La mise à l'air libre, chaque année, d'un petit bout d'écriture artistique, renaissance pendant quelques jours d'une littérature parfois perdue, ouvre ses « portes » à tous et à toute expression des sentiments, joies, peurs, passions, révoltes.. Ouverture à toute une population, enfants, adolescents, adultes, poètes dans l'âme, amateurs, la manifestation permet un mélange des générations, des sociétés, ethnies, et demande cette association des regards et des idées qui n'ont pas besoin de jugement pour exister.

En vers ou en prose, la poésie est un moyen de s'exprimer qui s'estompe peu à peu, se réduit à un petit cercle, quand les écrans ont pris une place considérable dans le monde occidental, laissant prendre du terrain à une fiction de facilité, la passivité des individus devant le mouvement d'une image qu'ils n'ont pas créée. Rappelons-nous le combat de la poésie engagée ; Aimé Césaire, Jacques Prévert, Paul Eluard, Victor Hugo et d'autres ont dénoncé les injustices politiques et sociales de leur époque dans la non violence, c'était leur révolte en musique, d'avoir rendu beau ce qu'ils voyaient de dégoûtant. N'est-ce pas remarquable, avec l'esprit, les rimes et la plume, d'embellir ce qui est laid ? Baudelaire le fît lorsqu'il aperçût la charogne sur le sentier : « Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. »

N'est-ce pas remarquable que la poésie amoureuse ? N'y a-t-il rien de plus fort et de plus vrai que les mots proprement choisis et travaillés pour exprimer ce que l'on ressent au plus profond ? Ce qui nous prend aux tripes. Rappelons-nous les nombreux poèmes d'amour de Pablo Neruda, les vers parlent, font mal, pleurer ou sourire : « Pliés à mon amour, les pins dans le vent veulent chanter ton nom avec leurs aiguilles de fer ».

Certains disent que la poésie est un état d'esprit, en est-ce vraiment un ? Il serait alors accessible à tous, à tout ce qui vient, là, dans l'instant, dans la tête, l'expérience et le cœur de chacun. Il suffirait d'une pause avec soi-même, un regard intérieur, extérieur sur le monde, la vie, le rêve, peu importe, si ce qui est beau peut être écrit, et lu. L'art de l'écriture.

La poésie est partout, il suffirait d'ouvrir les yeux, de s'ouvrir, elle est partout où l'on veut bien la voir, la percevoir. Lettres posées sur du papier ? Un code pour la décrypter et la partager. Mais elle est ici, et là, abstraite, jusque dans le quotidien le plus triste et monotone qui puisse être, puisqu'il est. Elle est.

Là où tout est permis, tout peut être ressenti ; et c'est alors que dans leurs sens les mots prennent des couleurs, une consistance, s'approprient des odeurs, des saveurs qu'on pourrait toucher à travers l'encre du poète ou la voix du lecteur. « Lumière, étang de paix, fumée, ton souvenir » disait un vers de Pablo Neruda dans un poème à une de ses maîtresses.

Il est aussi, pour finir, une chose qu'il ne faut pas oublier : bien qu'à notre époque la poésie classique aie perdu de sa popularité, une autre forme de poème s'est considérablement développée, une double musique, la mélodie du texte associée à la celle de l'instrument, un genre musical récent dans l'art de l'écriture : le rap, dont nous observons avec ferveur l'évolution.

Le Printemps des Poètes est cette opportunité de partager le jeu des mots, la perception de chaque chose, la redécouverte par le texte de ce qui nous parle à tous plus ou moins selon les vécus. Un moment de paix avec soi, avec l'autre.

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