Dissertation: ce texte vous semble-t-il intrépide ?

FICHE METHODE LA DISSERTATION Definition La dissertation se définit comme une argumentation construite et cohérente qui se fonde sur vos réflexions et vos connaissances " Disserter" signifie analyser une question et y répondre de manière argumentée en s'appuyant sur sa culture. Les différents types de sujets ? Une citation, suivie d'une question contenant éventuellement des consignes.   EX Le théâtre est «    le lieu de la plus grande liberté, de l'imagination la plus folle   »   selon Ionesco. Que pensezvous de cette affirmation? Vous répondrez en vous appuyant sur l'étude d'oeuvres théâtrales dans le cadre scolaire mais aussi sur votre expérience de spectateur. ? Une question directement posée, avec ou sans consignes précises. EX : La fonction de la littérature (roman, poésie, théâtre, essai...)vous paraît-elle essentiellement de distraire ou d'éduquer ? EX :Pour convaincre, est-il préférable d'illustrer son point de vue à travers une histoire ou d'exposer directement ses arguments ? EX: En vous appuyant sur les textes du corpus, les oeuvres étudiées pendant l'année et vos connaissances personnelles, vous vous demanderez, en un développement organisé, si le théâtre exprime le réel. COMMENT PROCEDER? ? ETAPE 1 : l'analyse du sujet ? ? ? Analysez soigneusement la consigne qui accompagne le sujet Repérez et analysez les mots clefs de l'énoncé Reformulez dans votre propre langage le sujet ? ETAPE 2 : la recherche d'idées ? Cherchez des arguments en mobilisant toutes les connaissances possibles : textes et livres étudiés en classe, mais aussi sa propre culture ? Ne cherchez pas tout de suite à bien classer vos idées, mais prenez le temps de noter tout ce qui peut vous venir à l'esprit ? Faites attention à bien accompagner chaque argument par un exemple (ou plus) ? ETAPE 3 : le plan et l'organisation des idées Il existe trois grands types de plan possible, selon le type de sujet. ? . le plan dialectique ou critique ( thèse - antithèse- synthèse ) Il convient pour tous les sujets où il faut « peser le pour et le contre » et qui se présentent comme une question fermée ? ? le plan analytique ( Constat-causes-conséquences) le plan thématique. ( par thèmes) C'est le plan à suivre quand on est face à une question ouverte. FICHE METHODE LA DISSERTATION Le plan détaillé Cette étape, la plus importante, est bien trop souvent négligée. Elle permet pourtant de mettre les idées bien au clair, et d'avoir une trame précise de votre démonstration I- 1ère partie 1) 1er argument a) 1er exemple b) 2ème exemple (facultatif) 2) 2ème argument a) 1er exemple b) 2ème exemple (facultatif) 3) 3ème argument a) 1er exemple b) 2ème exemple (facultatif) Idée de transition pour faire le lien entre les deux parties II- 2ème partie 1) 1er argument a) 1er exemple b) 2ème exemple (facultatif) ........ ? ETAPE 4 : Rédaction de l'introduction et de la conclusion ? L'INTRODUCTION comporte 3 étapes : ? amorce, accroche (= annonce du thème par un moyen qui permet de songer au sujet) ? rappel du sujet et problématique ? annonce du plan ? LA CONCLUSION comporte 2 étapes : ? faites le point (= un bilan, une synthèse) ? ouverture, ( limites du problème ou questions que cette dissertation a ouvertes) ? ETAPE 5 : Rédaction du développement ? Il se compose de deux ou trois parties contenant chacune deux ou trois paragraphes. ? Chaque partie doit comprendre une phrase d'introduction présentant l'idée générale qu'elle défend à travers deux ou trois paragraphes. ? Chacun des paragraphes doit contenir un argument justifiant l'idée principale et un ou plusieurs exemples (citations ou noms d'oeuvre) commentés. ? Les paragraphes sont reliés par des liens logiques qui soulignent l'enchaînement de votre raisonnement. (d'abord, ensuite, enfin ; dans un premier temps, dans un second temps,enfin.) ? A la fin de chaque grande partie vous devez rédiger une transition résumant l'idée que vous venez de défendre et annonçant l'idée à venir. ? Mise en page : passer une ligne entre introduction et première partie, entre chaque grande partie, entre la dernière partie et la conclusion. EXEMPLE DE DISSERTATION REDIGEE INTRODUCTION Traditionnellement, et étymologiquement, le théâtre est associé au spectacle. Mais penser le théâtre comme un lieu de divertissement strict relève cependant du contresens historique et littéraire ; de tous temps, le théâtre a abordé des thèmes polémiques ou proposé une réflexion, implicite ou explicite sur la société. C'est pourquoi, il est légitime de se demander si le théâtre est une bonne tribune pour défendre ses idées. Il s'agira d'étudier en quoi la spécificité du genre théâtral permet au dramaturge de s'engager et d'être entendu. Nous verrons dans un premier temps que le théâtre offre indiscutablement un dispositif propice à l'engagement. Puis nous nous demanderons jusqu'où il se révèle efficace ; enfin nous montrerons que faire du théâtre un espace politique est réducteur. FICHE METHODE LA DISSERTATION PREMIERE PARTIE Le théâtre contrairement au stéréotype qui voudrait que ce ne soit qu'un lieu de masques et jeux de scène, se révèle souvent une tribune subtile et marquante qui permet à l'auteur de faire entendre sa voix voire d'alimenter la polémique. En effet, le théâtre est un phénomène social, un art public et collectif qui se prête au débat d'idées et permet de rassembler un auditoire important.. Les constructions de l'Antiquité étaient des espaces très vastes permettant d'accueillir des milliers de spectateurs d'origines sociales différentes. Et toute la cité se pressait aux représentations des tragédies de Sophocle ou des comédies d'Aristophane. que les dramaturges créaient dans le cadre de concours. Même les espaces plus restreints des théâtres à l'italienne ou les scènes contemporaines favorisent l'écoute en créant par le décor, la lumière ou les costumes, un espace magique au grand pouvoir de persuasion. De plus, la double énonciation permet au dramaturge de s'adresser au spectateur par l'intermédiaire du dialogue que prononcent les comédiens. Car les personnages s'adressent autant, sinon davantage, au public qu'aux autres protagonistes. Ce phénomène est particulièrement net lors des monologues. Phèdre ayant appris qu' Hippolyte aimait Aricie, se décompose devant le public qui est pris à parti et sommé de juger le comportement de l'héroïne racinienne. Il en va de même pour le célèbre monologue d'Harpagon ,de la scène 7 de l'acte V de l'Avare, à travers lequel Molière interpelle ses contemporains. Et le spectateur réagit par le rire ou la pitié, ressorts d'une persuasion réussie. Mais le théâtre, fondé sur le dialogue, permet surtout le débat. Le dialogue est, en effet, lié à l'argumentation, à la confrontation d'idées. Nombreuses sont les scènes argumentatives dans les comédies de Marivaux. Comme la scène 13 de la Colonie où Madame Sorbin et Arthénice discutent et argumentent, devant le public, sur la condition des femmes. Ces échanges vifs et polémiques invitent le spectateur à réfléchir. On peut d'ailleurs, noter que de nombreuses pièces sont fondées sur le conflit : les comédies de Molière présentent souvent des jeunes gens en désaccord avec un père tyrannique. On voit par exemple Agnès dans l'Ecole des femmes argumenter face à Arnolphe, tuteur qui abuse de son autorité. Il est évident que Molière défend ici le droit des jeunes gens à disposer d'eux-mêmes dans une société où tel n'est pas le cas. Le conflit entre le maître et le valet est aussi un motif dramatique récurrent . Victor Hugo fonde toute l'action de Ruy Blas sur l'opposition entre le héros éponyme et Don Salluste , conflit qui atteint son paroxysme dans la scène 4 de l'acte V où le valet tue son maître. Ces différents exemples montrent bien que le dialogue, au théâtre, est un prétexte et un moyen, pour l'auteur de défendre des causes et de faire réagir le public. Et le théâtre peut même devenir une tribune assumée, revendiquée par un auteur engagé et polémique. Ainsi dans le théâtre contemporain, les dramaturges européens utilisent-ils le théâtre comme lieu d'expression politique, comme Bertholt Brecht en Allemagne dont le théâtre même lorsqu'il réécrit des mythes grecs, est à lire comme un coup de poing politique et idéologique. Lire l'Antigone de Brecht, ou son Irrésistible ascension de Arturo Ui, c'est évidemment lire l'appel à la résistance anti-nazie, et prendre avec les mots, les armes. Bertold Brecht est connu pour être une des consciences de l'Allemagne des années 50 et pour ses prises de position tranchées. Son moyen d'expression favori est sans conteste, le théâtre qui semble un terrain privilégié pour le débat et les combats d'idées. TRANSITION Par son dispositif et par la particularité de son énonciation, le théâtre offre donc indiscutablement au dramaturge une bonne tribune pour se faire entendre. Mais ce qui fait la richesse du théâtre en fait aussi sa limite. DEUXIEME PARTIE Le théâtre n'est pas toujours un support idéal pour exposer ses idées. En effet, l'essence même du théâtre est d'être un spectacle divertissant. De ce fait, le spectateur peut ne pas le prendre au sérieux. La farce par exemple, genre dramatique ancien, est une pièce bouffonne visant à provoquer le rire par les moyens les plus simples, voire les plus grossiers: Le Médecin volant de Molière, est une pièce à l'intrigue simple qui se fonde sur des effets visuels ,verbaux et des quiproquos dont le seul but semble être de faire rire le spectateur. Mais qu'en est-il des idées transmises ? Même si Molière y critique implicitement le corps médical du XVIIème siècle, cela peut ne pas être pris au sérieux, et l'histoire peut supplanter la critique. L'Avare, comédie pourtant classique, présente cette même ambiguïté. Retiendra-t-on plutôt le ridicule du personnage d'Harpagon, ou la morale transmise ? Non seulement l'auteur doit craindre de ne pas être pris au sérieux mais il doit aussi se "méfier" du lecteur/spectateur qui peut ne pas comprendre son point de vue. Effectivement,il est quelquefois difficile de reconnaître parmi les personnages celui qui représente le mieux le dramaturge. Qui est le porte-parole d'Anouilh, dans son Antigone ? Créon défend l'ordre établi, et se soumet aux exigences du peuple, même si cela lui semble contraire à sa morale, tandis qu'Antigone revendique la liberté, et demande à n'être astreinte à aucune loi. On ne peut alors dire de quel côté se place l'auteur, sans risquer une erreur d'interprétation... Bernard Marie Koltès ,dans son ultime oeuvre Roberto Zucco, relate l'histoire d'un tueur en série italien qui a réellement existé et qu'il transforme en héros mythique. Cette pièce provoqua un énorme scandale et certains l'interprétèrent comme une pièce subversive faisant l'apologie du crime, dans une totale méconnaisance des intentions de Koltès. Mais les auteurs dramatiques, en s'exposant trop ouvertement peuvent aussi être censurés : leurs pièces ne peuvent être représentées avant qu'ils n'en aient modifié des extraits voire le livre entier. La représentation de Roberto Zucco , en 1990, à Grenoble, ville où le meurtrier avait sévi, fut très mal accueillie et annulée. La première version du Tartuffe, en 1664, fut rejetée et censurée tout comme la deuxième en 1667. Il faudra attendre 1669 pour que la pièce soit jouée. Un siècle plus tard, en 1784, la censure est toujours présente en France. Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais est interdit à la représentation. Le texte remet en cause l'ordre social, puisqu'il dénonce la condition injuste des femmes et attaque même la justice ! Ainsi, l'auteur dramatique peut craindre de n'être pas assez explicite, et ainsi être mal interprété, ou d'être au contraire trop explicite, prenant le risque d'être censuré. FICHE METHODE LA DISSERTATION TRANSITION Le dramaturge se trouve donc confronté à de réelles difficultés pour défendre ses idées. Mais le théâtre a bien d'autres fonctions. TROISIEME PARTIE Car le théâtre ne peut être réduit à sa dimension politique. Il demeure avant tout un art de la scène, visuel et spectaculaire et ce sont ses caractéristiques mêmes qui l'empêchent de se mettre au seul service de la politique ou la polémique. Une oeuvre d'art reste une oeuvre d'art. Le théâtre n'a pas qu'une dimension politique. Il est un divertissement, visant au plaisir du spectacteur. On pourra toujours voir dans la Cantatrice chauve de Ionesco un constat glaçant de l'état des relations humaines, au point mort, mais ce serait alors passer à côté de la fantaisie, de l'absurde de la pièce, et se priver du rire comique que veut susciter cette bande de personnages improbable. De même, le spectateur retiendra avant tout du Tartuffe de Molière la scène de quiproquo où la mari jaloux se cache sous la table. Mais c'est aussi un spectacle à fonction morale .Le théâtre grec ancien, de Sophocle ou Euripide, n'a pas de réelle prétention politique. Voir OEdipe-Roi de Sophocle dans le seul but d'y lire une méditation sur la notion de pouvoir serait un contresens. Cela reste avant tout une tragédie, représentée dans l'espoir de déclencher chez le spectateur le processus de catharsis. En s'identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur se voit en effet délivré, purgé des sentiments inavouables qu'il peut éprouver secrètement.Il s'en trouve grandi moralement. Enfin,une pièce, toute polémique et engagée soit-elle, est tout de même avant tout une oeuvre d'art. Même les pièces-choc comportent aussi une dimension purement esthétique que peuvent apprécier les spectateurs éclairés, les intellectuels ou les amoureux du genre. Ainsi le lecteur de l'Antigone d'Anouilh, pièce grave sur la seconde guerre mondiale, appréciera-t-il la beauté et la poésie des tirades . Et lorsqu'il assistera à la représentation , la magie des décors, des costumes ou du jeu des lumières l'enchanteront. Le théâtre ne sera donc jamais tout à fait l'égal d'un discours argumentatif pur, tel qu'un éditorial de journal, ou une plaidoirie d'avocat où la conviction dans le discours prime sur sa forme et où sans ambiguïté il s'agit pour le locuteur d'entraîner l'adhésion, sans se soucier de la beauté du texte. CONCLUSION La littérature offre toutes les gammes dans l'argumentation : de la tribune franche et massive que sont les pamphlets jusqu'aux poèmes à lire entre les lignes, en passant par le théâtre, explicitement ou implicitement mêlé à du discours argumentatif. Pas plus qu'un autre, pas moins qu'un autre, le théâtre n'est une tribune possible pour défendre des idées. Il est autant efficace qu'inefficace ; efficace car expressif et marquant tous les sens du spectateur, et inefficace car toujours teinté de beauté divertissante, y compris au coeur du débat. On pourrait se demander si toute oeuvre, peu importe son genre, n'est pas argumentative. Un roman même apparemment aux antipodes de l'argumentation, comme le roman de science-fiction, ne permettrait pas des questionnements plus profonds ? Pourtant, il y a consensus sur le fait que le 1984 d'Orwell relève bien de l'apologue. Qu'est-ce que le roman a alors de plus que le théâtre ? De même que le théâtre avait pour lui la vivacité entraînante, le roman a pour lui la longueur qui laisse au lecteur le temps de s'installer dans l'histoire et dans le problème soulevé, lui ménageant le temps nécessaire pour qu'il se forge son opinion ou achève d'adhérer à celle de l'auteur. Chaque genre littéraire a en fait ses armes propres pour insinuer, manipuler, suggérer, convaincre et persuader, le théâtre pas plus, pas moins que les autres.