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Dissertation sur Le réalisme

Publié le 30/09/2010

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Après la domination du classicisme suivi du romantisme, un nouveau mouvement littéraire, le réalisme, voit le jour au milieu du XIXème siècle. Il s’étend en Europe et aux Etats-Unis et va survivre jusque dans les années 1950. Il survient dans un contexte historique et politique bien précis : après l’échec de la révolution de 1848, après la Commune de 1870 ; sur le plan économique et social,  à l’époque de révolution industrielle qui donne naissance au  prolétariat, au développement du mouvement ouvrier. De plus, le progrès des sciences et l’apparition de la photographie sonnent le glas de l’illusion romantique. L’objectif  des artistes est désormais de  représenter intégralement et objectivement la réalité la plus banale. Pour cela, ils choisissent des sujets dans les classes moyennes et populaires, et abordent des thèmes comme le travail salarié, les relations conjugales, ou les affrontements sociaux. Le réalisme cherche à dépeindre le monde réel tel qu’il est, sans artifice et sans idéalisation. La revue Le Réalisme proposait cette définition : « Le réalisme conclut à la reproduction exacte, sincère du milieu social, de l’époque où l’on vit, parce qu’une telle direction d’études est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du public, et qu’elle est exempte de mensonges, de toute tricherie «. Cependant, est-ce que oui ou non, le réalisme se base uniquement sur l’imitation pure et simple de la réalité du monde dans lequel nous sommes ?

Dans un premier temps, nous essayerons de donner une définition du réalisme et nous verrons pourquoi on peut dire qu’il est effectivement un calque de notre milieu, de la vie quotidienne, du  « petit peuple «. Ensuite, nous contredirons cette thèse, en mettant en valeur des éléments qui désapprouvent cette définition du réalisme.

 

Le réalisme, par définition est l’imitation du réel, de ce qui existe déjà. Nous pouvons citer l’exemple de Gustave Flaubert avec Madame Bovary, qui s’inspire clairement de faits réels. En effet, il n’a pas imaginé le fil conducteur de son récit, il s’est inspirer d’un fait divers, à la manière d’un journaliste il a mené une enquête sur le lieu réel, ceci pour l’aider à décrire au mieux les personnages auxquels il allait donner vie. Les écrivains réalistes ont une vraie volonté de copier le réel, ceci implique une grande observation et une véritable documentation. Zola illustre bien cette volonté de rendre compte de la réalité, pour son roman La Terre, fera un voyage dans la Beauce pour s’imprégner du lieu où il situera l’action. Les peintres de l’école de Barbizon, comme Millet, ont aussi cherché leurs sujets dans la nature et les travaux des champs : Zola, amateur de peinture, s’est inspiré de leurs tableaux ou de leurs gravures dans son travail préparatoire à l’écriture de son roman. 

De plus, nous pouvons affirmer que l’écrivain  ou l’artiste réaliste est un témoin de son temps, il nous rend compte de la réalité de la vie de son époque. Les évènements politiques, sociaux, culturels, influencent, mais aussi stimulent, dirigent son inspiration. La guerre d’Espagne est à l’origine d’une des œuvres les plus célèbres de Picasso : Guernica. C’est l’occupation nazie qui conduit Camus à écrire La Peste. En outre, étant donné que l’écriture et l’art s’inspirent pleinement du réel, Balzac n’a-t-il pas mieux décrit son époque que tous les journaux réunis ? Mais est-ce que le réalisme se limite exclusivement à cette stricte définition de reproduction intégrale de notre réalité ?

 

Premièrement, qu’est-ce que la réalité ? Nous approuverons sans difficulté, que la réalité peut être perçue de nombreuses manières différentes. Chacun vit dans sa propre réalité, selon notre milieu social, notre religion, nos idées politiques, nous ne percevons pas le monde de la même façon. Par exemple, à une même époque, la réalité du roi n’était pas celle du peuple : au temps de Louis XIV, la cours vivait dans le luxe et dans l’excès, le roi avait tous les pouvoirs, alors que la majorité de la population obéissait à cette domination arbitraire, était extrêmement pauvre, ne rêvait que de se révolter. Certainement qu’une première réalité serait perçue de manière agréable et sous un autre point de vue elle serait misérable, peu enviable. Ainsi, il est difficile de réduire le réalisme à une reproduction de la réalité, puisqu’elle-même est indéfinissable. 

Le rôle premier de l’écrivain, de l’artiste est de créer. Même si ces derniers cherchent à se rapprocher le plus possible de la réalité, ils restent une part de création, d’imagination dans leur récit. C’est certainement ce qui différencie les écrivains des journalistes. Une citation d’André Malraux disait « Les grand artistes ne sont pas les transcripteurs du monde ; ils en sont les rivaux «. Ainsi, le travail des écrivains réalistes est de « cautionner le réel «, ils cherchent à nous convaincre que nous sommes dans la réalité, ils nous en donnent une illusion : le réalisme. La reproduction de la réalité passe par un ensemble de procédés susceptibles de rendre crédible ou de construire cette réalité. Donc le réalisme, tend, au moyen d’outils lexicaux, stylistiques, textuels à créer cette illusion du vrai et du vécu. Nous pouvons convenir que le réalisme va au-delà d’une représentation fidèle de la réalité, les écrivains et artistes, même en désirant atteindre ce principe, sont destinés à enrichir le réel, à y rajouter un temps soit peu leur imagination, leur « touche personnelle «. 

 

Ainsi, nous avons vu qu’effectivement les écrivains et artistes, lorsqu’il s’agit de la conception d’une œuvre réaliste, on recourt forcément à des éléments de notre monde, ils essaient d’imiter tant bien que mal celui-ci. Ils sont de cette manière des témoins de leur temps. Mais par ailleurs, nous avons vu que les récits réalistes ne se fondaient pas seulement sur la création d’une réalité illusoire, mais aussi sur une certaine interprétation du réel, différente selon les angles de vue sous lesquels on se trouve. La définition la plus basique du réalisme est « la reproduction de la réalité «, or comme nous l’avons constaté dans le développement, il est difficile de définir la notion de réalité. Comment pourrions nous donc l’expliquer : en existe-il une seule et unique, ou bien chacun a sa propre réalité, chacun interprète le monde à sa façon ?

 

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