DISSERTATION SUR LE RESSENTIMENT SELON NIETZSCHE

La souffrance causée par un sentiment de culpabilité est choquante selon Nietzsche, car il serait irrationnel : « ce qui révolte dans la souffrance n'est pas la souffrance en soi, mais le non-sens de cette souffrance ». En effet, Nietzsche affirme que si l'on souffre c'est parce que nous croyons quand souffrant nous rachèterons nos fautes envers celui que nous avons blessé. Nietzsche ne peut adhérer à ce raisonnement, car selon lui la culpabilité viendrait du ressentiment qu'ont les gens du fait de ne pas pouvoir pleinement faire ce qu'ils souhaitent. Ce ressentiment est associé à ce que Nietzsche appela la morale esclave. Ainsi, l'homme qui n'est pas totalement libre et à qui on empêche de faire certaines choses (comme l'oblige le vivre ensemble) sera tout de suite placé dans une situation d'impuissance c'est-à-dire de subir l'impossibilité de s'extérioriser qui le mènera à la culpabilité comme nous le verrons plus loin. De plus, ce qui est choquant selon ce philosophe allemand ce n'est pas la souffrance, mais bien l'irrationalité dans laquelle elle perdure, ainsi l'homme s'infligerait cette douleur sans aucune raison et sans jamais aboutir à une satisfaction quelle conque. Les êtres humains vivent constamment dans un cercle vicieux de douleur et ils ne s'en sortiront jamais à travers la culpabilité. Le Christianisme promet toutefois le paradis après la mort d'une personne, ce qui peut être vu comme l'objectif final de s'infliger toute cette douleur, car d'après Nietzsche, si les religions fonctionnent si bien c'est parce qu'elles expliquent aux hommes pourquoi ils souffrent et que ceux-ci refusent d'admettre qu'ils souffrent pour rien. Si le sentiment de culpabilité ne naît pas de l'intention de racheter nos fautes, d'où provient-il? Nietzsche avance que ce sentiment remonte aux premiers États, quand l'agressivité contenue chez les individus dû être opprimé pour quitter les sociétés tribales et joindre les sociétés Étatiques. Effectivement, quand les aristocrates imposèrent leur force aux tribus par des lois très sévères, ceux-ci refoulèrent leur agressivité qui trouvait auparavant des exutoires à travers leur mode de vie plus libre et plus proche de la nature. Cette agressivité qui ne s'est pas estompée avec l'avènement de l'État s'est plutôt redirigée à l'encontre de l'individu lui-même, intériorisant tous ce qu'il ne pouvait plus extérioriser. D'après Nietzsche, ces hommes en s'intériorisant, firent grandir leur âme et leur conscience et firent aussi apparaître la mauvaise conscience qui créât ainsi chez eux un malaise, un mal-vivre qui devint le sentiment de culpabilité que l'on connaît aujourd'hui. Nietzsche s'oppose fortement à la vision chrétienne de la souffrance en lien avec les fautes et la culpabilité, car celui-ci ne voit pas d'aboutissement à la souffrance dans le Christianisme comme nous l'avons vue au premier paragraphe. De plus, le Christianisme prétend que la culpabilité viendrait des fautes que l'on a commises ou de fautes plus graves comme le péché originel, alors que Nietzsche explique son apparition par la naissance des États et du mal-vivre qu'ont ressentie les hommes oppressés. Pour Nietzsche, la morale issue du christianisme est vue comme une morale pour les faibles qui ne peuvent surmonter l'état dans lequel les place le ressentiment. Les faibles ne peuvent le faire et tentent alors de justifier son impuissance. Les idéologies qui utilisent une telle mentalité sont souvent définies en s'opposant à un ennemi réel ou non. Dans leur logique, s'ils s'opposent au mal, alors ils sont bons, ce que Nietzsche résumera par :  « ils sont méchants, donc nous sommes bons ».  Par ailleurs, le type de relation qu'entretiennent les hommes avec Dieu est aussi critiqué par Nietzsche parce que les hommes ont toujours une dette envers lui et doivent constamment leur rendre des contre-dons. Dans sa vision de l'athéisme, il n'y a pas de dette qui tienne parce que nous sommes uniquement des enfants de la nature qui ne doivent rien à personne et donc la culpabilité tel qu'elle existe dans le christianisme ne serait exister.