Döblin, Alfred - littérature.

Döblin, Alfred - littérature. 1 PRÉSENTATION Döblin, Alfred (1878-1957), écrivain français d'origine et d'expression allemandes, rendu populaire par son roman Berlin Alexanderplatz. 2 UNE VIE PLACÉE SOUS LE SIGNE DE L'EXIL Né à Stettin (aujourd'hui en Pologne), dans une famille de commerçants juifs, Alfred Döblin étudie la médecine à Berlin et à Fribourg-en-Brisgau, se spécialise en neurologie puis, ses études achevées, commence à pratiquer parallèlement la médecine et la littérature. Au lendemain de l'accession au pouvoir de Hitler, en 1933, ses livres sont brûlés par les nazis. Döblin s'expatrie en France, dont il devient citoyen (1936). En 1940, l'invasion allemande le contraint de nouveau à l'exil, et c'est aux États-Unis qu'il trouve cette fois refuge. Rentré en Allemagne en 1945 comme officier culturel des forces françaises d'occupation à Baden-Baden, il meurt à Emmendingen (Bade-Wurtemberg) douze ans plus tard. 3 UNE OEUVRE CLÉ DE L'EXPRESSIONNISME D'abord attiré par les oeuvres de Hölderlin, Schopenhauer et Nietzsche, Döblin s'associe plus tard à l'expressionnisme, et l'une des principales revues expressionnistes, Der Sturm (fondée en 1910), publie ses premiers textes, dont une nouvelle, l'Assassinat d'une renoncule (Die Ermordung einer Butterblume, 1913), et un roman, le Rideau noir (Der schwarze Vorhang). Les premiers romans de Döblin témoignent de son intérêt pour l'histoire et pour les courants de pensée révolutionnaires : les Trois Bonds de Wang-Loun (Die drei Sprünge des Wang-Lun, 1915) s'intéresse à la lutte d'anciens taoïstes chinois contre l'oppression mandchoue, pour conclure à l'inanité de toute révolte dans un monde irrémédiablement voué à l'injustice. L'action de Wallenstein (Wallenstein, 1920), qui prend pour cadre la guerre de Trente Ans, débouche sur le même constat pessimiste. Berlin Alexanderplatz (Berlin Alexanderplatz, 1929), son chef-d'oeuvre (qui continue d'éclipser le reste de sa production), est une oeuvre à part. Le récit prend forme, par le biais d'un monologue intérieur constamment parasité par la présence du narrateur et par l'interférence de discours extérieurs. Par ce moyen, Döblin dépossède son « héros «, Franz Biberkopf, un ancien détenu, de toute individualité ; sa quête de normalité se voit perpétuellement tenue en échec par des forces qui le dépassent ou le pénètrent : le milieu, la ville, la foule... La peinture du Berlin enfiévré des années 1920, traversé par des foules anonymes, le caractère très neuf d'une prose expressionniste calquant l'écriture cinématographique, l'abandon de toute psychologie centrée sur le personnage donnent à ce roman, davantage que son intrigue, les dimensions d'une épopée moderne. Döblin écrira lui-même, en 1931, le scénario d'une version filmée de son roman, plus tard adaptée pour la télévision par Rainer Werner Fassbinder (1979). 4 LA CONVERSION Certaines de ses oeuvres font directement référence aux idées révolutionnaires de ses débuts, comme son roman en quatre volumes sur la révolution allemande, Novembre 1918 (November 1918. Eine deutsche Revolution, 1939-1950), ou Pas de pardon (Pardon wird nicht gegeben, 1934), récit de l'ascension sociale puis de la chute d'un jeune provincial. En 1941, à la suite d'une grave crise intérieure survenue en exil, Döblin se convertit au catholicisme ; sa foi apparaît dans des oeuvres comme Voyage au pays où la mort n'existe pas (1936) et dans les deux autres romans qu'il consacre à l'histoire de l'Amérique latine et qui forment, avec le premier, la trilogie Amazonas (1936-1948). Citons aussi, dans la même veine, l'Homme immortel (1946) et Hamlet ou la longue nuit prend fin (Hamlet oder Die lange Nacht nimmt ein Ende, 1956). Alfred Döblin a publié son autobiographie Voyage et Destin (Schiksalsreise) en 1949 et est l'auteur d'une importante oeuvre critique ; il a publié ses essais journalistiques dans un ouvrage intitulé Mascarade allemande (Der deutsche Maskenball, 1921). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.