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Dom Juan, Acte 1,scène 2. Molière

Publié le 22/02/2012

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juan
Jean Baptiste Poquelin (1622-1673) dit Moliére est un dramaturge et acteur français, il est considéré comme l'âme de la comédie française. Il est impitoyable avec le mensonge des médecins ignorants ou la prétention des bourgeois enrichis .Mais Moliére aime la jeunesse et veut la « libérer » des contraintes imposées à l'époque. Pour libérer la jeunesse des contraintes, Moliére crée donc un personnage qui se moque des lois et de la religion pour profiter pleinement de sa vie. Cette dispense de contrainte est bien visible dans l'extrait de Don Juan que nous allons étudier. En effet le personnage de Don Juan se libère lui-même, seul, des contraintes imposées par une vie de couple normale. Ainsi cette comédie outre le fait qu'elle dut détendre son auditoire, offre une réflexion intéressante sur la vie et les relations conjugales. A l'époque la religion chrétienne étant omniprésente en France, faisant passer des valeurs de mariage, d'unité, de fidélité. La remise en question de la fidélité affichée par Moliére, par le biais de Don Juan, devait et doit en faire réfléchir plus d'un. Aussi nous pouvons nous demander dans quelle mesure Moliére par la remise en question de Sganarelle sur des actes de Don Juan, et la tirade argumentative de Don Juan désapprouvant la fidélité a réussi à faire réfléchir les auditeurs de l'époque et d'aujourd'hui sur les fondements d'une relation conjugale ? Nous essaierons de le prouver en observant dans un premier temps quel rôle Sganarelle a sur le spectateur et sur Don Juan, dans un second temps l'argumentation de Don Juan pour convaincre son auditoire et dans un troisième temps la dimension pragmatique de cette oeuvre et son effet sur le spectateur. Le pronom personnel « moi » prononcé par Sganarelle dans la première réplique annonce que celui-ci parle pour donner son avis personnel et qu'il entend affirmer ses opinions aux yeux de Don Juan et des spectateurs ou lecteurs. Le champ lexical du savoir « je crois », « je sais », « connais » prononcé dans les paroles de Sganarelle agit comme une sorte de tactique de Sganarelle pour amadouer Don Juan son maitre .Sganarelle entreprend de faire croire à son maitre qu'il connaît un grand nombre de ses traits. De plus on remarque la présence du champ lexical du respect dans ces mêmes paroles « sans vous faire tort », « votre coeur pour le plus grand », « assurément que » ce ton bien que normal entre un valet et son maitre peut néanmoins être mis au compte de la tactique de Sganarelle. Tactique mise en place pour l'annonce de sa dernière réplique plus dur, et déplacée pour un valet envers son maitre. En effet celle ci annonce l'opinion de Sganarelle caractérisée par le champ lexical suivant « je trouve » « je n'approuve » «  je vous dirai franchement », qui n'acquiesce en aucun cas les actes de son maître et son libertinage. On voit ici que Sganarelle agit ici comme un garant de l'amour qui respecte les femmes et la fidélité. Des questions viennent alors à l'esprit du lecteur ou spectateur, quelles raisons poussent Sganarelle à donner une opinion si catégorique à une personne qu'il devrait respecter ? La jalousie ? Cela est peut probable car étant valet Sganarelle ne peut prétendre à épouser une superbe femme et il en est conscient. De plus, il est dit dans l'oeuvre de Moliére que Sganarelle déteste son maître, le fait qu'il lui affirme son opinion, pour le protéger ou le résonner est donc de même peu probable. Cependant la thèse de la protection de la foi et de la religion est plus plausible. Sganarelle veut rappeler son maitre à l'ordre, car il refuse de servir un homme qui va à l'encontre de la religion et de ses fondements. Sganarelle s'adresse d'ailleurs à Dieu et l'interpelle «  Eh !mon Dieu ». Celui-ci refuse de servir un libertin. Sganarelle refuse cela par peur de l'au-delà, par peur d'être rattrapé par un dieu tout puissant qui lui reprocherait de ne pas l'avoir servi. Quand Sganarelle affirme « je n'approuve point vos méthodes » il sous entend que sa conscience religieuse n'approuve point les actes de Don Juan. On peut donc noter ici une personnification de la conscience religieuse et de l'amour par le personnage de Sganarelle. Aux yeux des spectateurs et lecteurs Sganarelle est donc une sorte de voie de la raison ici pour rappeler à l'ordre la fougue et le libertinage de Don Juan. On voit donc que Moliére cherche à montrer à son lecteur ou spectateur que le personnage de Sganarelle est tiraillé entre le fait de suivre sa conscience religieuse et le respect qu'il doit à son maître et avec quelle habile tactique il essaie d'exprimer son opinion, tout en respectant Don Juan. Moliére veut que Sganarelle soit vu comme un garant de la fidélité de l'amour, et une barrière pour Don Juan. Nous allons voir à présent de quelle manière Don Juan par son judicieux discours argumentatif arrive a dépasser cette barrière mise en place par Sganarelle, et a remettre en question la fidélité. On note la stupéfaction de Don Juan dans le premier mot de sa tirade, l'interjection « quoi ». Don Juan ne comprend pas la réaction de son valet, et sa remise en cause. Pour lui il est tout à fait normal de pouvoir choisir à tout moment une nouvelle femme. Le champ lexical de la mort « s'ensevelir », « être mort », est ici employé par Don Juan pour qualifier une relation stable. Pour lui le fait de devoir rester avec une même femme une vie entière est un gâchis, une certaine façon de mourir. Mourir, car ne pas pouvoir s'ouvrir « à toutes les autres beautés qui peuvent nous frapper les yeux ». Pour Don Juan, chaque femme est une cible potentielle auquel il pourrait attacher son amour. Cette cible qu'il considère comme « objet » ou « belle », Don Juan ne l'appellera, ne l'a considérera jamais comme femme. Don Juan considère les femmes comme relation éphémère, qu'il délaissera à la « première » femme qu'il verra. Pour lui la constance est bonne que pour les « ridicules » et le fait de se vanter «  du faux honneur » d'être fidèle est déplacé. Don Juan fait une apologie de l'infidélité, il considère celle-ci comme raison de vivre, le champ lexical du plaisir, de l'amour, est ici pour nous le rappeler « coeurs »,  « l'amour », « une passion ». De plus Don Juan se conduit comme un libertin, la religion l'importe peu, mais il se défend quand même devant Dieu: « l'amour que j'ai pour une femme n'engage point mon âme de faire injustice aux autres », il sous entend que le fait de refuser l'amour d'une femme parce qu'on est marié est une injustice. Enfin Moliére par la voie de Don Juan essaie de faire ressortir chez ses lecteurs et auditeurs masculins leur instinct « animal », qui ne penserait pas aux sentiments amoureux et autre notions de mariages, pour vivre sans contraintes conjugales, en libertin, sans penser aux répercutions futures dans l'au-delà et présentes avec la loi. Ainsi, Moliére par le discours de Don Juan, a voulu prouver à ses auditeurs que l'infidélité a aussi des aspects positifs, et les faits réfléchir. Ce passage de Don Juan, est marqué aussi par sa théâtralisation, sa dimension Pragmatique, qui vise à rendre plus convaincant et concret ce passage et en particulier la tirade de Don Juan, ce texte est là pour être joué et il ne faut pas l'oublier. On observe dans ce passage un dialogue entre deux personnes et donc une double énonciation. Cette double énonciation oppose les deux personnages, d'un coté la raison de Sganarelle caractérisée par les expressions « je trouve fort vilain d'aimer de tous cotés », « je sais », de l'autre la fougue et l'inconstance de Don Juan « tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet », « la constance n'est bonne que pour les ridicules ». Cette opposition influe sur les tonalités des paroles des deux acteurs, en effet au fur et à mesure de la conversation de l'extrait, la tension et le ton montent peu à peu, jusqu'à la justification de Don Juan par sa tirade. La tension monte car on sent dès le début de la scène que Sganarelle va avouer quelque chose à son maître. Cela donne un rythme au texte qui est plus rapide au fil des paroles, jusqu'à ce que Don Juan lance sa tirade. L'attention du spectateur est donc captée, et celui-ci est impatient d'entendre la justification de Don Juan, celui ci est donc captivé par sa tirade, la remise en question de la fidélité en est que plus importante. La mise en scène de la parole dans la tirade de Don Juan est aussi importante, car le spectateur joue un rôle. En effet, quand Don Juan s'adresse à Sganarelle par les pronoms « tu » et « on », il s'adresse indirectement à ce même spectateur, tout ce qu'il dit dans sa tirade, toute son argumentation, est basée pour être entendu par un public. Par exemple dans cette citation : « la constance n'est bonne que pour des ridicules », Don Juan ne s'adresse pas à Sganarelle mais aux « ridicules », sous entendus les hommes fidèles, soit une grande partie du public. Je pense que sur la scène, pendant la représentation, Don Juan doit proclamer sa tirade face aux publics, les observant, pour encore mieux capter leur attention. Donc, dans sa représentation, cet extrait, et en particulier la tirade de Don Juan, prend toute sa valeur et son sens. Car l'acteur est ici pour capter l'attention du spectateur et donner une dimension encore plus importante au message à faire passer. On peut donc conclure que cet extrait de Don Juan de Moliére est là pour remettre en question les relations de l'époque, en effet Sganarelle, homme garant de l'amour est « battu » par l'argumentation habile de Don Juan. La dimension pragmatique de ce passage occupe une place importante car elle rend réalisable tout ce qu'a défendu Don Juan. Moliére se met donc au niveau de la société dans ses oeuvres et observe les problèmes de la vie courante. C'est peut être pour cela, qu'encore aujourd'hui, les oeuvres de Moliére sont les plus interprétées?

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