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Dom Juan, Molière Acte III Scène I

Publié le 05/12/2010

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juan

Développement: Un dialogue impossible C'est Sganarelle qui est demandeur, il cherche une "dispute" (=une controverse), il veut sonder les pensées de Dom Juan. Donc il cherche une conversation approfondie mais il n'obtiendra que des réponses plus ou moins monosyllabiques. Si la 1ère réplique de Dom Juan ("Eh bien?") peut laisser soupçonner son impatience, sa curiosité devant la demande de son valet, les répliques suivantes, lapidaires et moqueuses, ne laissent aucune équivoque. Elles sont la marque du désintérêt et de l'ennui que les notions de bien et de mal génèrent chez lui."Le ciel...l'Enfer...le Diable...l'autre vie" toutes ces questions d'ordre métaphysique l'indiffèrent, libertin et libéré de toute morale, Don Juan est ainsi affranchi de tout sentiment de culpabilité, il n'attend ni récompense ni châtiment. 

L'aparté de Sganarelle "voilà un homme que j'aurai bien de la peine à convertir." met l'accent sur le degré d'impiété du personnage, il rappelle aussi l'ambition du valet qui pourtant n'est pas armé pour accomplir cette mission. En effet, il fait sombrer le débat dans le ridicule en mélangeant religion et superstition: la référence au moine bourru souligne la perméabilité de Sganarelle à toute forme de croyance. D’ailleurs, il accorde plus de crédit «rien de plus vrai« à ce fantôme qu’à Dieu. L’interjection «hé!« qui clôt la réplique du valet montre l’autosatisfaction naïve qui teste le degré d’infidélité de son maître comme s’il l’avait pris au piège. En fait, le débat atteint ici une première étape: le «Et voilà« marque le constat, la mise en évidence de l’incroyable incrédulité du maître.

La réponse de Dom Juan sur le moine bourru s’est faite sous la forme d’une exclamative au subjonctif, donc un souhait, une malédiction lancée plus à l’encontre de ceux qui croient qu’au personnage de légende lui-même. La réponse est plus violente que les précédentes, c’est la marque d’une désapprobation plus forte. Dom Juan méprise les croyances populaires car elles représentent tout ce qu’il déteste (naïveté, bêtise, soumission).

Le verbe "croire" revient quatre fois : Dom Juan reprend notamment la question de Sganarelle "Ce que je crois ?" afin de créer un effet d'attente et donner plus de force à sa déclaration. Phrase brève, sèche, froidement équilibrée, qui claque comme une gifle lancée à la figure du crédule. Dom Juan s'affirme matérialiste, rationaliste. Tout est selon lui déterminé par la physique et non par la volonté divine. La première partie de cette discussion met surtout en évidence les théories de Dom Juan , dont la force réside dans un quasi mutisme.

A l’opposé Sganarelle s'enthousiasme, se scandalise comme le montre le début de sa tirade.

L'argumentation maladroite du valet Une exclamative,marque de l'indignation, ouvre la tirade suivie d'une interrogation . (c'est aussi le schéma d'ouverture de la tirade de l'inconstance).C'est dans une parodie de démonstration que se lance Sganarelle. Il s'appuie dans un premier temps sur des vérités générales "Il faut...des hommes...On..."Il oppose le bon sens populaire aux folies des gens cultivées ( donc lui et son maître),le centre de sa démonstration va reposer sur son expérience personnelle alors quil revendique dans un premier temps son ignorance, double négation :"personne ne...jamais rien", manifestant une fausse humilité (reprise de "petit") qui cache mal une prétention soulignée par le superlatif "mieux que". Sganarelle, comme tous les imbéciles,a une haute opinion de lui-même.

L'argument auquel il recourt est pourtant pertinent, c'est celui des causes finales ( pas de création sans créateur)mais la métaphore qu'il utilise ("champignon") crée un effet burlesque. Il choisit deux exemples , la nature et l'homme, utilise les procédés de l'énumération et de l'implication du destinataire ("vous";"vos")mais la remarque triviale est inconvenante.(le verbe "engrosser" montre la grossièreté du personnage et par là même celle de sa démonstration.)Les énumérations qui pourraient avoir un pouvoir de conviction donnent plutôt l'impression d'un flot de paroles. Il s'embrouille : les points de suspension traduisent les hésitations et un dernier terme incongru ("ingrédients")qui transfert l'anatomique dans le culinaire achève et discrédite définitivement le discours. Une exclamation marque son exaspération et signe le triomphe de son interlocuteur. Il avoue ainsi son échec.

 

CONCLUSION : Pour Dom Juan, Sganarelle représente ici un moyen de mesurer son pouvoir, il n'a pas besoin de parler, son mutisme et sa sérénité contraste avec l'excitation verbale et physique de son valet. Celui-ci, dans sa chute finale semble vouloir se désintéresser du sort de son maître, mais c'est surtout par dépit.

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