Dom Juan - Scène 3 Acte IV (4) - Molière

 

Introduction

Molière, auteur dramaturge et acteur du XVIIème siècle, écrit une pièce en prose composée de cinq actes qui paraîtra en 1682, Dom Juan. C’est une pièce tragique en raison de son dénouement, mais elle relève toutefois du registre comique tout au long du texte. Ce mélange des genres fait de Dom Juan une pièce baroque, ne respectant pas les règles du classicisme. Le texte que nous allons étudier est extrait de la scène 3 de l’acte IV, dans celui-ci nous pouvons voir l’apparition de M. Dimanche, créancier, qui alors que Dom Juan s’apprête à diner vient lui rappeler qu’il a une dette envers lui. Nous allons donc nous intéresser à l’humour qui émane de ses manipulations. Dans un premier temps nous traiterons du fonctionnement l’humour dans cette scène, puis nous verrons en quoi est-il passé maître d’abuser autrui, et pour finir nous expliquerons pourquoi nous pouvons dire qu’il est l’homme de toutes les transgressions. 

 

I-Fonctionnement de l’humour dans la scène

 

a) Une comédie sociale

 

Dans la scène 3 de l’acte IV, M. Dimanche, créancier rend visite à Dom juan pour lui rappeler qu’il lui doit de l’argent. Cependant, tout ne sa passe pas comme il l’avait prévu… Dom Juan reçoit avec de grandes civilités, et une grande aise son débiteur, qui lui, se trouve gêné de cet accueil. En temps normal Dom Juan aurait dû être dans la position de M. Dimanche et vice-versa. Ils sont tous deux issus de deux classes sociales différentes, le créancier est un bourgeois tandis que Dom Juan est un noble. C’est pourquoi nous pouvons déceler une forme d’ironie dans le dialogue, car les rôles sont inversés : Monsieur Dimanche répète à plusieurs reprises « Je suis votre serviteur «, et Dom Juan affirme « Je suis votre débiteur « ce qui fait parti du comique de ce dialogue, car c’est M. Dimanche qui tient de rôle de débiteur.

 

b) Un décalage entre les deux protagonistes

 

Dans cet extrait, chaque fois que M. Dimanche tente d’aborder le sujet qui l’amène chez Dom Juan, il lui coupe la parole pour le complimenter et faire mine de s’intéresser à sa famille, il transforme le dialogue en plusieurs petites coupures, ou on aurait presque des stichomythies. Il met en place cette ruse afin de gêner de plus en plus son interlocuteur. Nous pouvons même penser qu’il y a une forme de décalage dans les attentes de M. Dimanche et ce que lui donne Dom Juan. L’un attend de l’argent, et l’autre le « paye « en belles paroles, en s’intéressant à sa famille et en lui offrant son amitié, ce qui symbolise beaucoup. Alors que le créancier vient aborder un sujet important, Dom Juan ne cesse de couper le dialogue avec des détails sans importance. Par exemple, il insiste lourdement sur le fait qu’il faut une chaise pour son hôte, et pas n’importe laquelle, une qui ne fasse pas de différences entre eux. Bien que M. Dimanche refuse, celui-ci exige qu’il s’asseye pour continuer le dialogue. Une fois assis il lui parle de son teint, et termine en parlant de son chien.

 

c) Un dialogue servant « d’intermède comique «

 

Cet extrait est précédé dans l’œuvre d’une augmentation de tension dramatique. C’est pourquoi le comique ici sert à dédramatiser la situation, il y aura d’ailleurs la visite de nombreux « fâcheux «, ce qui va d’autant intensifier au fur et à mesure l’ampleur comique. Mais derrière cette scène, Molière montre une fois de plus a quel point Dom Juan est un vil manipulateur.

 

II-En quoi est-il passé maître en l’art d’abuser les autres

 

a) Une ruse masquée d’un agréable discours

 

Par tous ses beaux compliments, Dom Juan arrive à détourner la conversation, bien que son interlocuteur essaye a la fin de toutes ses phrase de parler de sa requête, celui-ci le déstabilise, le met en position délicate. Il cache même derrière ses soi-disant compliments une critique, par exemple par l’antéposition de l’adjectif « Brave « devant « femme «, celui-ci prend une forme péjorative. Il sait pertinemment qu’en offrant son amitié en apparence sincère, M. Dimanche ne saurait la refuser et finira tôt ou tard par repousser la date d’échéance voir même de se débarrasser définitivement de ce débiteur.

 

b) Une invitation peu sincère

 

Dans cet extrait on peut observer une sorte d’amplification tout le long du dialogue. Le déroulement est progressif, il le complimente, lui parle en tant qu’ami. Mais à un moment il va jusqu’à l’inviter « Voulez vous souper avec moi ? «. Dom Juan en faisant cette proposition ne prend pas de gros risques, il connait d’avance la réponse de son interlocuteur. Ils sont tout deux de différentes classes, ce qui implique que M. Dimanche ne peut accepter. Dom Juan, par sa ruse n’aurait jamais risqué cette invitation sans en connaître d’avance l’issue. Derrière cette invitation se cache aussi l’intention d’instaurer une plus grande confiance entre ces deux protagonistes, et de précipiter le départ du créancier. Ce qui semble faire son effet car suite a ça, M. Dimanche refuse l’invitation, se sent gêné et Dom Juan arrive enfin à le faire sortir de chez lui. 

 

c) Une sortie accélérée

 

Dom Juan durant tout l’extrait a sus utiliser la naïveté de M. Dimanche. Vers la fin du dialogue, Dom Juan tente de faire partir au plus vite M. Dimanche pour pouvoir enfin passer à table… Il essaye alors toutes les manœuvres pour y parvenir. Il y parvient alors lorsque M. Dimanche déclare « Il faut que je m’en retourne tout à l’heure «, il profite de cette opportunité pour le faire reconduire « Allons, vite un flambeau pour conduire M. Dimanche «, et feint même de le faire par intérêt et amitié pour lui, ce qui est totalement absurde lorsque l’on connait les intentions de Dom Juan.

 

III-Pourquoi peut-on dire qu’il est l’homme de toutes les transgressions

 

a) Les transgressions sociales

 

Dom Juan  transgresse sans arrêt des mœurs parce qu'il est séducteur il ne respecte pas le mariage. Il séduit les femmes, y compris celles qui sont promises par exemple, Charlotte et Pierrot devaient se marier, mais il l’a séduite. Dom juan va jusqu’à séduire plusieurs femme a la fois, sans se cacher, juste en les manipulant. Il transgresse les règles sociales, il vit à l'écart, il est constamment en fuite par exemple, il fuit les frères d’Elvire qu’il a abandonné après s’être promis à elle, il représente un danger pour la société dans la mesure où il séduit toutes les femmes.

 

b) Une atteinte à sa famille

 

Il va même jusqu’à transgresser des règles imposées par sa naissance, car il est issus de la noblesse et ne respecte donc pas le rang de son père. Il n'éprouve aucun respect envers ce dernier et lui souhaite même de mourir dans l’acte V. Il refuse de régler sa conduite comme le nécessiterait la coutume de son rang social. Son père, Dom Louis, l'accuse même d'être la honte de sa famille à cause de toutes ses transgressions aux mœurs et coutumes dans une tirade, il ne respecte pas les codes de sa caste.

 

c) Le renégat des mœurs religieuses

 

Dom Juan dans ses transgressions va jusqu’à nier l’existence d’un Dieu, il croit en la science, il le synthétise par la simple pensée que « deux et deux sont quatre «. Il a sans cesse attendu un signe afin de lui prouver une existence divine, mais ne considère pas en avoir eu une quelconque preuve. Il a, à plusieurs reprises l’occasion de se repentir, mais celle-ci se sont avérée inutiles, il décide à chaque fois de maintenir sont attitude de libre pensée qui va a l’encontre des codes sociaux de l’époque. Malgré toutes les mises en gardes, toutes les occasions qui lui ont été offertes de se repentir, il reste sur sa position jusqu’à sa mort…

 

Conclusion

Nous pouvons alors conclure de cet extrait, que dans cette intermède comique de la pièce, Molière a utilisé les viles manipulations de son protagoniste à l’encontre de M. Dimanche, qui s’est avéré être un bien naïf personnage afin de faire rire le spectateur. Dom Juan remporte une victoire facile sur un créancier qui n’était pas de taille face a sa ruse. Dom Juan sort gagnant de cette conversation car il a fini par payé M. Dimanche de belles paroles.