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Ecriture d'invention: le père Goriot

Publié le 24/04/2012

Extrait du document

L’homme, qui s’en allait sur la soixantaine, se dressait là. Il était monté d’un pas indéterminé avec ses chaussures sur le paillasson qui semblait vivre sa septième vie,  usé de se faire écraser de la sorte par la semelle des hôtes. Porté par ses deux jambes tremblantes, et éprouvant des difficultés à supporter son poids qui était conséquent des plaisirs qu’il ne s’interdisait jamais, c’était un gourmand il péchait relativement souvent pour ce vice. Monsieur Balzac marmonnait dans sa barbe de trois jours, grognon. Sa timidité s’emparant de lui, il prit sa respiration avant de faire usage de son courage pour frapper au centre du motif ancien, unique fantaisie de cette façade, en relief de la porte de la pension. A une dizaine de centimètres de la porte, courbé par l’âge, il attendait devant l’entrée, patiemment a son habitude. Ses mains liées dans le dos, ses sourcils froncés, son regard profond,  son léger tremblement et sa prise d’air suivant la frappe de la porte de bois qui lui barrait le passage, laissaient paraitre en lui, une certaine tension justifiée, qu’il maitrisait sereinement. Ce lieu morbide créait un pincement au cœur à quiconque s’en approchait, et Honoré n’en était pas exempté. La porte s’ouvrit, l’obstacle d’ébène qui l’empêchait de voir l’intérieur du pensionnat, l’intriguait, mais celui-ci était franchi.             A présent, il était posé sur son lit, essoufflé et ruisselant de grosses gouttes, il avait bien entendu, rangé soigneusement ses affaires dans la commode, qui bordait son matelas digne d’un d’hôpital de campagne. Il s’était fait guider, il y a quelques minutes de cela dans sa pièce. Il avait premièrement emprunté l’escalier avec, serré dans sa main gauche vacillante, sa valise qui renfermait ses affaires d’une semaine et son veston récupéré d’une vente a l’arraché dans paris, trouée au niveau du coude. C’était un escalier bossu, en quart de tour, au centre de tous les regards, central à la pièce. Il était certes imposant, mais loin d’être robuste. Chacune des marches sur lesquelles ses pieds avaient été en contact avaient crié de douleur. Il portait seulement une valise de dix litres à peine, mais il s’était tout de même aidé, se tirant, agrippé à la rambarde de l’escalier pour à la fin, virer a gauche et atterrir dans une pièce extrêmement large. L’odeur y était insupportable. La moisissure de bois montait à sa tête, à la vitesse des alcools les plus forts. La pièce loin d’être abondante de décorations, ne comportait que le minimum de ce que pouvait exiger un locataire, et ne méritait certainement pas le prix qu’il lui serait demandé, à la fin de son séjour. Deux tableaux rougeâtres, originalité ratée de la pièce, se voyaient pendus grâce à deux épais clous noirs ficelés aux crochets arrière de ces toiles, que la propriétaire jugeait suffisant pour ses locataires vacataires.  Quant aux murs blanchâtres, qu’un artisan peu travailleur avait repeints sans trop d’enthousiasme, trente ans auparavant, s’écaillaient à tous les angles, ce qui désolait le père. Le lustre, mis pour éclairer la pièce, scintillait d’un jaune macabre pénible à l’œil. Même le carrelage était angoissant de part sa couleur et son irrégularité, les joints étaient noirâtres et engorgés de poussière.

            Ses gros yeux vitreux clignaient, il songeait à l’extérieur. Son cou était rentré comme rentre celui d’une tortue après un grand frison, ne laissant apparaitre qua sa tête ridé par l’âge. Ses paupières épaisses  protégeaient son globe oculaire de l’odeur qui pourrait lui irriter ses yeux couleur amande. Seulement, la nature décidant que ses narines ne seraient pas équipées de protections nasales, le fait d’humer l’air ambiant était source d’éternuements fréquents. Ses cheveux souples et gris malgré le manque évident de densité, étaient plaqués vers sa nuque. Ses deux mains veineuses, posées avec liberté sur son ventre, légèrement entrecroisées, semblaient être de bois avec des nervures bleuâtres ressortant de sa peau, elles semblaient articulées de charnières grinçantes. Il portait un pantalon à pinces de couleur sombre, trop court pour sa stature qui laissait apparaitre une bonne dizaine de centimètre de cheville avec des chaussures du même ton, lacets défaits. Sa chemise n’était pas boutonnée, la pilosité de son torse et le surplus de graisse l’en empêchaient.

            C’est pourquoi les pupilles dilatées, voulant s’extirper mentalement de la pièce, il transperçait du regard les carreaux de verre de la porte fenêtre qui donnait sur le balcon, surplombant l’arrière du pensionnat.

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