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Etude comparative d'Antigone de Sophocle et d'Antigone d'Anouilh.

Publié le 19/09/2010

Extrait du document

antigone

 

 

 Introduction. 

 1) Biographie 

 a. d’Anouilh. 

 b. de Sophocle. 

 2) Résumé commun des deux œuvres. 

 3) Exploitation des différences. 

 a. Différence de forme. 

 b. Différence d’époque. 

 c. Différence de procédé d’écriture. 

 d. Différence de caractères des personnages. 

 Antigone est une œuvre ayant traversé les siècles. En effet, beaucoup d’œuvres du nom d’Antigone ont succédé à la pièce d’origine. On compte parmi elles Antigone ou la Piété de Robert Garnier (1580), Antigone de Jean Rotrou (1637), Antigone du Comte Vittorio Alfieri (1776), Antigone de Jean Cocteau (1922), Antigone d’Anouilh (1944) et Antigone de Bertolt Brecht (1948) . Et c’est la pièce d’Anouilh qui a su rester la plus fidèle à la pièce d’origine mais elle compte tout de même beaucoup de différences liées à l’époque. On a en effet des différences de caractères chez les personnages, de procédés d’écriture et de forme. 

 1) Biographie 

 a. d’Anouilh. 

 Jean Anouilh est né à Bordeaux (en Gironde), en 1910. Son père est tailleur, sa mère musicienne. Inscrit à la faculté de droit, il abandonne vite ses études pour gagner sa vie. Il travaille d’abord au service des réclamations des Grands Magasins du Louvre puis dans une agence de publicité. Il découvre alors Jean Giraudoux, auteur de roman et de pièces de théâtre pour lequel il voue une grande admiration. A son tour Jean Anouilh commence à écrire quelques textes de théâtre. Sa première pièce, L’Hermine, est jouée au théâtre de l’œuvre à Paris en 1932. Il n’a encore que 22 ans. A la fin des années 1930, Anouilh est déjà reconnu comme un auteur de talent par la critique et le public pour ses nombreuses œuvres : Le voyageur sans bagages, Le bal des voleurs, Léocadia, Le rendez-vous de Senlis. 

 En 1942, Anouilh écrit une nouvelle version d’Antigone plus de 2300 ans après Sophocle. Il donne d’autres adaptations modernes d’œuvres anciennes, récoltant un succès retentissant. Parmi ces œuvres, on peut nommer Eurydice, Médée et Œdipe, roi boiteux. 

 Il meurt en 1987, laissant derrière lui un répertoire impressionnant. Cet auteur est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands dramaturges français du XXeme siècle. 

 b. de Sophocle. 

 Sophocle (vers546, 406 av. J. C.), a changé les règles de la tragédie en faisant parler un troisième acteur et en diminuant le temps consacré aux chants des choreutes. Il fit mettre les décors peints derrière la scène. L’action de ses pièces qui racontent la souffrance des hommes, est ainsi plus animée que dans les pièces d' Eschyle. Sophocle a remporté 24 fois le concours des grandes Dionysies. De ses 130 pièces nous n’en connaissons plus que sept. 

 Ses œuvres : Ajax, Antigone, Electre … 

 2) Résumé des deux œuvres. 

 _Antigone est la fille d’Œdipe. Celui-ci découvrit qu’il a tué son père et épousé sa mère. Pris de rage et de honte, il quitte Thèbes. Antigone le suit dans son errance. A la mort de son père elle rentre à Thèbes. Au cours de la guerre des sept Chefs, ses frères Etéocle et Polynice s’entretuent. Créon alors au pouvoir donne à Etéocle une sépulture décente, mais il ordonne que le corps de Polynice, qu’il considère comme un traître de la cité, reste à l’endroit où il est tombé._ 

 L’action commence au retour d’Antigone qui vient d’enterrer ce frère maudit. Dans un premier temps, elle s’entretient avec ses proches (sa nourrice, sa sœur Ismène, son fiancé Hémon, le fils de Créon) qui ignorent la situation. Puis, elle révèle son acte qui est parallèlement annoncé à Créon par les gardes. Le chœur rappelle alors le mécanisme de la tragédie. L’affrontement avec Créon occupe un second moment. Ismène entre, apparemment ralliée à sa sœur. Mais Antigone est emmenée. Hémon supplie en vain son père de l’épargner. Dehors, la révolte gagne aussi la foule tandis qu’Antigone échange quelques mots avec le garde qui l’a arrêtée : elle sera murée vivante. Un messager et le chœur racontent ensuite qu’Hémon s’est tué, que la reine est morte ; Créon se retrouve donc seul. 

 3) Exploitation des différences. 

 a. Différences de forme. 

 Dans l’œuvre d’Anouilh, la destinée d’Antigone est annoncée dès le prologue et il est annoncé comme une fatalité irrémédiable (« Elle sait qu’elle doit mourir. «) ce qui réduit le jeu théâtral par la suite par son inutilité. Toute la suite de la pièce est annoncée dans ce prologue. A l’inverse, l’Antigone de Sophocle est beaucoup vu comme un jeu théâtral ou un prétexte à jeu théâtral. 

 b. Différences d’époque et de contexte. 

 Jean Anouilh a écrit Antigone en 1942. La France vit alors ses heures les plus noires, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Après la défaite de 1940, le pays est occupé par les Allemands. Le maréchal Pétain, qui collabore avec les Nazis, est à la tête de l’Etat français dont le gouvernement est installé à Vichy. En 1943, la milice française traque ceux qui refusent de se plier à l’ordre nazi. Dans le même temps des Français font le choix de la désobéissance. Une résistance à l’ennemi allemand et au régime de Vichy s’organise, à l’appel, entre autres du général de Gaulle, exilé à Londres. C’est dans ce contexte que Jean Anouilh propose une nouvelle version du mythe grec d’Antigone. Cette pièce a chez Anouilh, suivant les circonstances de l’époque une valeur très symbolique. En effet, beaucoup ont vu dans le personnage du roi Créon, une représentation de Pétain et dans la désobéissance d’Antigone, la France qui résiste. 

 Sophocle est un contemporain de la fin de l’apogée d’Athènes. Il a voulu par cette pièce revaloriser le pouvoir et la démocratie. Par cette pièce Sophocle nous montre un justice qui se doit d’être juste mais nous pose une question fondamentale mettant en relation la religion et le pouvoir : lequel doit prédominer ? Cette période de l’histoire est à Athènes une période de doute pour ce qui relève de la politique et de la religion. L’auteur laisse, dans cette pièce, le spectateur croire en Antigone et en son devoir religieux ce qui leur montre ainsi une face injuste de la politique ou au contraire, le spectateur voit en Antigone une représentation de la rébellion contre le pouvoir et il croit ainsi bon de la juger comme tel malgré sa condition royale. Ainsi se pose une autre question : Le pouvoir et la religion sont-ils compatibles ? 

 c. Différences de procédés d’écriture. 

 Jean Anouilh reprend la tragédie antique mais la recompose à sa façon. Il ne la transporte pas dans la société contemporaine non plus mais il se permet quelques anachronismes (le tricot, les costumes modernes, …) et le langage est souvent courant voire même parfois familier. Tous ces effets de style sont là pour rapprocher les spectateurs des personnages malgré la barrière historique. Contrairement à la pièce d’Anouilh, la pièce d’origine est écrite dans un langage soutenu. 

 d. Différence de caractères des personnages. 

 Les caractères des personnages sont très différents d’une œuvre à une autre et cette différence de caractère est principalement liée aux époques d’écritures. 

 On a pour exemple le personnage d’Ismène qui est la sœur d’Antigone qui dans la pièce d’origine persiste à lui dire qu’elle court un grand danger bien qu’Antigone en ait conscience et Ismène n’essaie que de la dissuader de ne pas désobéir à l’ordre établi par les hommes et Antigone lui dit qu’elle ne doit pas désobéir à l’ordre divin. On a ainsi une dualité entre Antigone et Ismène dans le texte de Sophocle contrairement à celui d’Anouilh ou Ismène soutient Antigone dans son œuvre et il y a comme une sorte de soutien moral entre les deux sœurs. Ismène laisse à Antigone le chois entre la politique et la religion sans s’interposer sur aucun de ses choix. Mais il persiste tout de même une certaine opposition entre les deux sœurs. Antigone l’insouciante « noire et maigre « face à la belle Ismène pondérée « rose et dorée comme un fruit «. De même Antigone scelle cette opposition avec Ismène par « Tu as choisis la vie et moi la mort. « 

 On a aussi l’exemple de Créon qui est totalement différent d’un texte à l’autre. Dans le texte de Sophocle, la politique est respectée bien qu’Antigone est de sang royale alors que dans le texte d’Anouilh, on nous représente plus Créon comme un sauveur que comme un persécuteur : il essaie de faire prendre conscience à Antigone de la gravité de son acte et étant donné sa condition royale, il va essayer de la sortir de cette mauvaise passe. Mais Antigone persiste et elle demande presque par elle-même que l’ordre soit respecté et ainsi que la religion. Elle montre que l’un ne peut pas être fait sans l’autre et que l’incompatibilité persiste. Le roi Créon est un homme d’âge mûr qui incarne l’ordre et le pouvoir. Face à lui, Antigone est le symbole de la jeunesse, de l’insoumission et de la rébellion. En transgressant l’interdit royal, elle représente un certain idéal mais aussi du retour du chaos dans la ville. Antigone est entière, têtue et choisit la mort pour rester fidèle à ses rêves d’enfant. Au nom de la famille, de la loi des dieux et non celle des hommes, la jeune fille renonce au bonheur et à la vie avec son fiancée Hémon. Antigone est trop entière pour accepter les compromis et une vie moyenne. Elle incarne l’absolu et la mort. Créon, dans son rôle de roi a perdu ses idéaux qu’Antigone ne se résolut pas à perdre.

 

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