Euphrate.

Euphrate. 1 PRÉSENTATION Euphrate, fleuve du sud-ouest de l'Asie mineure, d'une longueur de 2 700 km. Formé en Turquie, l'Euphrate traverse la Syrie et l'Irak avant de confluer avec le Tigre et de se jeter dans le golfe Arabo-Persique sous le nom de Chatt al-Arab. 2 GÉOGRAPHIE Le fleuve draine un bassin hydrographique de 440 000 km2, dont moins de 30 p. 100 se trouvent en territoire turc. Pourtant, près de 95 p. 100 des eaux de l'Euphrate proviennent de la Turquie, après la jonction près d'Elazig du Karasu (450 km) et du Murat (700 km). L'Euphrate pénètre en Syrie à 120 km au nord de la ville d'Alep où il est rejoint par le Khabour (650 km), un de ses affluents majeurs, qui prend sa source dans le nord-est de la Syrie. Il parcourt ensuite La Gezireh syrienne en suivant un cours presque parallèle à celui du Tigre. À partir de leur entrée en Irak, les deux fleuves ne sont jamais éloignés de plus de 160 km et coulent vers leur confluence au sudest du pays en traversant la haute et la basse Mésopotamie. Près de Bassorah, la réunion de l'Euphrate et du Tigre à Al-Qurna forme le Chatt al-Arab, un vaste delta marécageux où, avant la guerre du Golfe, les arabes des marais habitaient des villages lacustres. À sa réunion avec le Tigre, le débit moyen de l'Euphrate est d'environ 850 m3 / s. Il présente cependant d'importantes variations saisonnières en raison des crues parfois redoutables qui se produisent du mois d'avril au mois de juin. 3 LE BERCEAU DES PLUS ANCIENNES CIVILISATIONS Historiquement, le fleuve est l'un des plus importants au monde. La vallée formée par le Tigre et l'Euphrate a été le berceau des anciennes civilisations d'Assyrie, de Babylone et de Sumer. Les cités de Babylone et d'Ur ont été construites sur les rives de l'Euphrate. De nombreuses villes et centres artistiques et littéraires se trouvaient sur ses rives au temps de l'Empire romain d'Orient. La plupart des données historiques relatives à cette période ont été fournies grâce aux fouilles archéologiques entreprises sur les rives du Tigre et de l'Euphrate. 4 L'ENJEU DE L'EAU L'Euphrate est aujourd'hui la source de graves tensions politiques entre la Turquie, la Syrie et l'Irak qui se disputent ses eaux pour l'irrigation et la génération d'énergie hydroélectrique. La Turquie a entrepris un vaste programme de développement à long terme de ses régions rurales du sud de l'Anatolie. Ce projet, le GAP, devrait détourner une partie des eaux de l'Euphrate pour l'usage local. Pour faciliter cela et approvisionner la région en eau, la Turquie a construit le barrage d'Ataturk (du nom du fondateur de la Turquie moderne), quatrième plus grand barrage au monde. Le lac formé par la retenue du barrage d'Ataturk couvre une superficie de 815 km2 ; son alimentation en eaux détournées du fleuve nécessite de stopper le flot de ce dernier pendant un mois. La décrue de l'Euphrate inquiète la Syrie qui a investi dans les projets de génération électrique et d'irrigation réalisés grâce au barrage al-Thawrah (la révolution) édifié en 1973 puis de Tabqa en 1977. Le réservoir d'eau créé par ce barrage est le lac Assad, du nom du président syrien, d'une superficie de 640 km2. Le projet du GAP a porté préjudice à la production d'électricité syrienne. L'Irak a protesté à son tour contre l'utilisation des eaux de l'Euphrate par la Syrie, et ce différend a failli déclencher une guerre entre les deux pays en 1975. En Irak, les terres cultivées sont situées dans des régions qui dépendent des eaux du fleuve pour leur irrigation. Celui-ci a un débit maximal en avril et mai qui assure près de 40 p. 100 de l'alimentation annuelle en eau des terres agricoles. Les fluctuations saisonnières ou annuelles du débit de l'Euphrate rendent donc l'agriculture irakienne particulièrement vulnérable aux pénuries d'eau et à la sécheresse. Le barrage al-Haditha a été construit pour fournir à l'Irak des réserves d'eau, mais son utilité s'est révélée relativement limitée. Depuis les années 1950, un projet visant à contrôler la crue du Tigre a permis de détourner les eaux de ce bassin vers l'Euphrate par la dépression du Mileh Tharthar, mais n'a pas résolu les problèmes d'approvisionnement en eau. L'Irak souffre de la présence, dans son eau, d'un taux de sel important résultant du filtrage et des applications chimiques dans les régions en amont. Les trois États riverains, la Turquie, la Syrie et l'Irak poursuivent leurs efforts pour rentabiliser au maximum l'accès et l'usage des eaux de l'Euphrate, qui risque de devenir à l'avenir une source croissante de tensions et peut-être de conflits.