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Évaluation personnage du roman

Publié le 05/05/2013

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DEVOIR COMMUN SECONDE (3 heures) Evaluation sommative CORPUS : Les figures masculines dans Madame Bovary de Gustave Flaubert Document 1 : le portrait de Charles (I, 9) de « Elle aurait voulu que ce nom de Bovary [...] « à « [...] toujours prête. «. Document 2 : le portrait de Léon (III,1) de « Jamais aucun homme ne lui avait par si beau [...] « à « [...] lestement vers le parvis de Notre-Dame. «. Document 3 : le portrait d'Hippolyte (II, 11) de « Avec beaucoup de précautions [...] « à « [...] buvaient, chantaient, braillaient. «. ECRITURE Vous répondrez d'abord à la question suivante (6 points) Flaubert nous donne-t-il la même image de ces différents hommes ? Vous traiterez ensuite un de ces sujets au choix (14 points) Sujet I : Commentaire Vous commenterez le document 2 (Le portrait de Léon) en vous aidant du parcours de lecture suivant : - quels sont les différents éléments qui font de cet extrait une scène d'amour ? - le regard que le lecteur porte sur Léon évolue-t-il au fil de la lecture ? Sujet II : Dissertation Le roman doit-il toujours, selon vous, proposer au lecteur des personnages auxquels il peut s'identifier ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe ainsi que vos lectures personnelles. Sujet III : Ecriture d'invention A la manière de Flaubert dans le document 1, vous ferez le portrait d'un mari du XXIème siècle. Ce portrait respectera la structure, les thèmes, les procédés d'écriture de celui dont il s'inspire. Document 1 : le portrait de Charles (I, 9) de « Elle aurait voulu que ce nom de Bovary [...] « à « [...] toujours prête. « Emma Rouault, à sa sortie du couvent, a épousé Charles Bovary, médecin de campagne. Elle aurait voulu que ce nom de Bovary, qui était le sien, fût illustre, le voir étalé chez les libraires, répété dans les journaux, connu par toute la France. Mais Charles n'avait point d'ambition ! Un médecin d'Yvetot, avec qui dernièrement il s'était trouvé en consultation, l'avait humilié quelque peu, au lit même du malade, devant les parents assemblés. Quand Charles lui raconta, le soir, cette anecdote, Emma s'emporta bien haut contre le confrère. Charles en fut attendri. Il la baisa au front avec une larme. Mais elle était exaspérée de honte, elle avait envie de le battre, elle alla dans le corridor ouvrir la fenêtre et huma l'air frais pour se calmer. Gilles Charlon -Lycée Curie - Saint-Lô Sophie Deforge - Lycée Arcisse de Caumont - Bayeux - Quel pauvre homme ! quel pauvre homme ! disait-elle tout bas, en se mordant les lèvres. Elle se sentait, d'ailleurs, plus irritée de lui. Il prenait, avec l'âge, des allures épaisses ; il coupait, au dessert, le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, après manger, la langue sur les dents ; il faisait, en avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée, et, comme il commençait d'engraisser, ses yeux, déjà petits, semblaient remontés vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes. Emma, quelquefois, lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, rajustait sa cravate, ou jetait à l'écart les gants déteints qu' il se disposait à passer ; et ce n'était pas, comme il croyait, pour lui ; c'était pour elle-même, par expansion d'égoïsme, agacement nerveux. Quelquefois aussi, elle lui parlait des choses qu'elle avait lues, comme d'un passage de roman, d'une pièce nouvelle, ou de l'anecdote du grand monde que l'on racontait dans le feuilleton ; car, enfin, Charles était quelqu'un, une oreille toujours ouverte, une approbation toujours prête. Document 2 : le portrait de Léon (III,1) de « Jamais aucun homme ne lui avait par si beau [...] « à « [...] lestement vers le parvis de Notre-Dame. « Peu après être devenue mère, Emma est séduite par Léon, un jeune clerc1GH de notaire, mais elle ne répond pas aux marques d'attention du jeune homme. Trois ans après leur première aventure, ils se retrouvent à Rouen. Jamais aucun homme ne lui avait paru si beau. Une exquise candeur s'échappait de son maintien. Il baissait ses longs cils fins qui se recourbaient. Sa joue à l'épiderme suave rougissait - pensait-elle - du désir de sa personne et Emma sentait une invincible envie d'y porter ses lèvres. Alors, se penchant vers la pendule comme pour regarder l'heure : - Qu'il est tard, mon Dieu ! dit-elle ; que nous bavardons! Il comprit l'allusion et chercha son chapeau. - J'en ai même oublié le spectacle ! Ce pauvre Bovary qui m'avait laissée tout exprès ! M. Lormeaux, de la rue Grand-Pont, devait m'y conduire avec sa femme. Et l'occasion était perdue, car elle partait dès le lendemain. - Vrai ? fit Léon. - Oui. - Il faut pourtant que je vous voie encore, reprit-il ; j'avais à vous dire... - Quoi ? - Une chose... grave, sérieuse. Eh ! non, d'ailleurs, vous ne partirez pas, c'est impossible ! Si vous saviez... Ecoutez-moi... Vous ne m'avez donc pas compris ? vous n'avez pas deviné ?... - Cependant vous parlez bien, dit Emma. - Ah ! des plaisanteries ! Assez, assez ! Faites, par pitié, que je vous revoie..., une fois..., une seule. - Eh bien... Elle s'arrêta ; puis, comme se ravisant : - Oh ! pas ici ! - Où vous voudrez. - Voulez-vous... Elle parut réfléchir, et, d'un ton bref : - Demain, à onze heures, dans la cathédrale. . - J'y serai ! s'écria-t-il en saisissant ses mains, qu'elle dégagea, 1 Clerc de notaire : employé chez un notaire. Gilles Charlon -Lycée Curie - Saint-Lô Sophie Deforge - Lycée Arcisse de Caumont - Bayeux Et, comme ils se trouvaient debout tous les deux, lui placé derrière elle et Emma baissant la tête, il se pencha vers son cou et la baisa longuement à la nuque. - Mais vous êtes fou ! ah ! vous êtes fou ! disait-elle avec de petits rires sonores, tandis que les baisers se multipliaient. Alors, avançant la tête par-dessus son épaule, il sembla chercher le consentement de ses yeux. Ils tombèrent sur lui, pleins d'une majesté glaciale. Léon fit trois pas en arrière, pour sortir. Il resta sur le seuil. Puis il chuchota d'une voix tremblante : - A demain. Elle répondit par un signe de tête, et disparut comme un oiseau dans la pièce à côté. Emma, le soir, écrivit au clerc une interminable lettre où elle se dégageait du rendez-vous : tout maintenant était fini, et ils ne devaient plus, pour leur bonheur, se rencontrer. Mais, quand la lettre fut close, comme elle ne savait pas l'adresse de Léon, elle se trouva fort embarrassée. - Je la lui donnerai moi-même, se dit-elle : il viendra. Léon, le lendemain, fenêtre ouverte et chantonnant sur son balcon, vernit lui-même ses escarpins, et à plusieurs couches. Il passa un pantalon blanc, des chaussettes fines, un habit vert, répandit dans son mouchoir tout ce qu'il possédait de senteurs, puis, s'étant fait friser, se défrisa, pour donner à sa chevelure plus d'élégance naturelle. - Il est encore trop tôt ! pensa-t-il en regardant le coucou du perruquier, qui marquait neuf heures. Il lut un vieux journal de modes, sortit, fuma un cigare, remonta trois rues, songea qu'il était temps et se dirigea lestement vers le parvis Notre-Dame. Document 3 : le portrait d'Hippolyte (II, 11) de « Avec beaucoup de précautions [...] « à « [...] buvaient, chantaient, braillaient. « Hippolyte est un jeune garçon qui travaille à l'Auberge de Yonville. Il a été opéré par Charles Bovary pour être guéri d'une malformation, un pied bot. La scène suivante se passe peu après l'intervention chirurgicale, au moment où l'on délivre Hippolyte de l'appareillage qui entoure son pied. Avec beaucoup de précautions, pour ne pas déranger la position du membre, on retira donc la boîte, et l'on vit un spectacle affreux. Les formes du pied disparaissaient dans une telle bouffissure, que la peau tout entière semblait près de se rompre, et elle était couverte d'ecchymoses occasionnées par la fameuse machine. Hippolyte déjà s'était plaint d'en souffrir ; on n'y avait pris garde ; il fallut reconnaître qu'il n'avait pas eu tort complètement ; et on le laissa libre quelques heures. Mais à peine l'oedème eut-il un peu disparu, que les deux savants jugèrent à propos de rétablir le membre dans l'appareil, et en l'y serrant davantage, pour accélérer les choses. Enfin, trois jours après, Hippolyte n'y pouvant plus tenir, ils retirèrent encore une fois la mécanique, tout en s'étonnant beaucoup du résultat qu'ils aperçurent. Une tuméfaction livide1 s'étendait sur la jambe, et avec des phlyctènes2 de place en place, par où suintait un liquide noir. Cela prenait une tournure sérieuse. Hippolyte commençait à s'ennuyer, et la mère Lefrançois l'installa dans la petite salle, près de la cuisine, pour qu'il eût au moins quelque distraction. Mais le percepteur, qui tous les jours y dînait, se plaignit avec amertume d'un tel voisinage. - Alors on transporta Hippolyte dans la salle de billard. Il était là, geignant sous ses grosses couvertures, pâle, la barbe longue, les yeux caves3, et, de temps à autre, tournant sa tête en sueur sur le sale oreiller où s'abattaient les 1 Tuméfaction livide : gonflement pâle. Phlyctène : ampoule, cloque. 3 Cave : creux, renfoncé. 2 Gilles Charlon -Lycée Curie - Saint-Lô Sophie Deforge - Lycée Arcisse de Caumont - Bayeux mouches. Mme Bovary le venait voir. Elle lui apportait des linges pour ses cataplasmes, et le consolait, l'encourageait. Du reste, il ne manquait pas de compagnie, les jours de marché surtout, lorsque les paysans autour de lui poussaient les billes du billard, escrimaient avec les queues, fumaient, buvaient, chantaient, braillaient. Gilles Charlon -Lycée Curie - Saint-Lô Sophie Deforge - Lycée Arcisse de Caumont - Bayeux

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