Exposé de français sur La Grenadière d'Honoré de Balzac

1 Introduction La Grenadière est une nouvelle d'Honoré de Balzac écrite en un seul jour au mois d'Août 1832 chez son amie Zulma Carraud à Angoulême. Elle parue pour la première fois dans La revue de Paris le 28 octobre 1832. Dans le manuscrit d'origine, Balzac l'avait intitulée Les Orphelins, mais il garda le titre de La Grenadière pour la première publication en volume en 1834. Elle figure dans les Études de moeurs publiées chez Mme Béchet, dans la série Scènes de la vie de province. Le texte paraîtra ensuite dans les Scènes de la vie privée de La Comédie Humaine en 1842. Cette nouvelle se situe donc au début de la carrière de Balzac , ayant été écrite 9 ans après ses premiers romans. La Grenadière doit son nom à l'unique lieu où elle prend place qui est une « closerie «,  « une petite habitation située sur la rive droite de la Loire, près du pont de Tours «. Elle sied donc en Touraine, région pour laquelle Balzac porte une affection très particulière car ce lieu renvoie à son enfance ayant été mis en nourrice dans la localité de Saint-Cyr-Sur-Loire et à son intimité puisqu'il séjourna à la Grenadière tout l'été 1830 avec Laure de Berny. Le nom de cette maison de campagne vient de grenadiers qui poussent en pleine terre non loin du logis. Cette nouvelle est aussi un support de réflexion sur l'affection maternelle que Balzac idéalise avec justesse, sans tomber dans l'artifice ni la mièvrerie alors qu'il n'a pas connu cet amour. 2 Développement

a/ L 'histoire se déroule au printemps de l'année 1820, « l'une des plus belles années de la Restauration «. Elle prend place dans une maison de campagne simple mais confortable où tout respire le bonheur et la simplicité. Une jeune femme de 36 ans, Augusta Willemsens, s'y établit avec ses deux fils, Marie-Gaston et Louis-Gaston âgés de 8 et 13 ans et leur femme de chambre, Annette... Ils forment une famille idyllique et unie aux yeux du voisinage mais Augusta semble fuir un passé qu'elle voue au silence. Elle est minée par un mal mystérieux qui la ronge chaque jour dont elle dit devoir oublier la cause et les autres l'ignorer. Elle inspire le respect à la bonne société des environs au point que l'on admet sa vie de recluse sans se poser de questions. Leur « vie uniforme mais simple « commence à se dégrader en même temps que la belle perd ses forces. Elle éprouve une grande détresse à laisser ses enfants orphelins, démunis, sans protection, sort dont une faute passée la rendrait coupable. On découvre que le père des enfants est mort bien que la cause de cette mort ne soit pas définie. A l'approche de sa mort, elle donne à chacun de ses enfants son acte de naissance qui, à leur majorité, leur révélera l'identité de leur vrai père et aussi un document attestant de son identité pour que l'on puisse l'enterrer légalement. Mme Willemsens dévoile aussi l'existence d'un époux légitime, un certain Lord Brandon, par une lettre qu'elle fait écrire par son fils aîné, où elle annonce sa mort prochaine et dit lui pardonner quelque chose. Mais elle finit par s'éteindre, emportant avec elle le secret d'un drame amoureux et d'une mort mystérieuse. Le plus jeune des orphelins est envoyé au collège, tandis que l'aîné, s'engage dans la marine pour subvenir aux besoins de son frère. b/ On remarque en 1er lieu une très grande importance du paysage dans son aspect visuel, Balzac ouvre en effet la nouvelle par un long passage descriptif ciselé et rédigé avec un soin extrême. Il commence par dépeindre l'immensité panoramique de la Touraine, à laquelle il apporte une valorisation affective et symbolique et où les beautés du paysages sont proches « des ensorcelantes séductions d'un paradis terrestre «. Il continue ensuite par peindre minutieusement la Grenadière comme un lieu idyllique , le refuge de l'amour, où la « rêverie est dans l'air «, "Un prince peut faire sa villa de La Grenadière et un poète son logis, deux amants y verront le plus doux refuge." C'est un havre de paix qui agit comme un « stade provisoire « entre la Terre et le Paradis, entre la vie et la mort d'Augusta. Elle a choisi la Grenadière pour passer une retraite prématurée et mourir. Cette nouvelle nous livre les conséquences d'une catastrophe antérieure inconnue. C'est presque un véritable refus d'informer, une réticence de la part de Balzac que l'on suppose être délibérée. C' est ce mystère qui donne un caractère particulier à cette nouvelle . Ainsi, on ne saura jamais tout à fait les causes de la maladie d'Augusta, ni ce qu'elle pardonne à son époux légitime, ni les raisons de la mort du père de ses enfants et le nom véritable de ce dernier. On peut cependant supposer que Madame Willemsens ait commis un adultère et que ses enfants sont nés de cette union interdite provoquant la vengeance de son mari légitime. Ainsi reparaît encore et toujours la question de l'infidélité de la femme coupable malgré ses louables efforts et devant expier ses fautes. (On peut aussi noter que contrairement aux autres femmes décrites par Balzac, celle- ci ne dame pas d'aveux suprêmes ne demande pardon de rien). Mais Balzac finit par pardonner l'adultère d' Augusta car celle -ci a commis « le plus doux des crimes, un crime toujours puni sur cette terre, afin que ces anges pardonnés entrent dans le ciel «, elle a aimé d'un amour démesuré , sans limites, elle s'est vouée à ceux qui sont tout pour elle, elle fait tout pour leur cacher ses malheurs... Balzac déclare ainsi que l 'Enfer n'est pas pour les femmes aimantantes et amoureuses. Comme nous en avons fait part dans l'introduction, Balzac décrit admirablement bien cet idylle familial reposant sur cette affection particulière entre mère et fils. Citer page 395 puis 397. On relèvera aussi l'amour surabondant des enfants pour leur mère, une sorte de sensualité câline . Ils se comportent comme des amants auprès d'elle, comme s'ils remplaçaient le père manquant. Louis-Gaston, l'aîné se comporte d'ailleurs comme un père avec Marie-Gaston. A la page 395, il est dit que « l'aîné avait pour le second quelque chose de paternel dans le regard et la dernière phrase du texte dit « Il était devenu père «.. Enfin, on peut remarquer que Madame Willemsens représente un lien entre les autres habitants de la maison, qui finit par disparaître à sa mort, et provoque leur séparation. 3 Conclusion La Grenadière est une nouvelle particulière car il n'y figure presque aucune action narrative: Une femme malade s'y installe avec ses enfants avant de mourir. C'est l'une des nouvelles de Balzac les plus lyriques dans le sens où elle montre la beauté des sentiments humains et en particulier les joies et les souffrance de l'amour. Mais ce qui semble important dans la nouvelle c'est son refus d'informer, son mystère, le secret dont elle fait son argument et sa matière. Enfin, Balzac prend plaisir à nous décrire sa région natale et affective.