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"Fanatisme", extrait du Dictionnaire Philosophique de Voltaire

Publié le 12/09/2006

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Ce texte est tiré du Dictionnaire philosophique de Voltaire. Il s’agit d’un article de celui-ci. A l’époque des Lumières, les dictionnaires et les encyclopédies étaient utilisées comme des armes. Ils ont su détourner les dictionnaires pour y exprimer des idées. Ils transmettent des visions du monde. Le dictionnaire n’est pas un outil neutre, il y a des valeurs qui s’y expriment. Le texte reste explicatif mais aussi argumentatif, polémique et satirique. I. L’argumentation repose sur la clarté du propos et un large recours aux exemples. a) Un plan simple pour dépasser la stricte définition. Le texte s’organise en trois étapes : En premier (¶1 et 2), définition du mot par comparaison et traits distinctifs : le fanatisme est pire que l’ « enthousiasme « (forme de folie) auquel il ajoute le meurtre. Seule exception, les juges qui pratiquent le meurtre fanatique sans l’excuse de la folie. En second (¶3,4, 5et6), Voltaire recherche des remèdes au fanatisme présenté comme une  « maladie «. En dernier, il précise un autre danger : les fanatiques manipulés par des « fripons « cad des personnes malhonnêtes mais conscientes de leurs actes. b) Des exemples frappants à forte valeur argumentative. Le fanatisme est ici défini à trois niveaux : par rapport à la religion, par rapport à la loi et par rapport aux hommes. Pour illustrer ceci, Voltaire utilise essentiellement des exemples. Pour le fanatisme par rapport à la religion, il fait références à des faits bibliques où à des meurtres religieux comme par exemple celui des frères Diaz. Par rapport à la loi, il fait référence aux juges d’autant plus condamnables car ils sont fanatiques mais ne sont cependant pas fous ainsi qu’aux lois impuissantes, et par rapport aux hommes, il en en parle dans sa conclusion lorsqu’il explique que le fanatiques ne sont que les pantins d’autres hommes qui agissent en toute conscience et se servent de leur folie. II. Cet article de dictionnaire est surtout un texte polémique et satirique. a) Les cibles sont identifiées et dénoncées par un vocabulaire ouvertement dépréciatif. Les mots fanatisme ou fanatique reviennent 5 fois au début, relayés par d’autres termes à partir de la ligne 16, puis repris une dernière fois dans le paragraphe conclusif. Les exemples permettent d’identifier le fanatisme religieux sans jamais associer ces deux termes. « L’antéchrist, l’Apocalypse, Rome, L’amour de Dieu, les convulsionnaires, les miracles de Saint Pâris «, tous les noms des personnages bibliques renvoient à la religion. A la fin, l’attaque est plus directe : « esprit saint, obéir à Dieu, mériter le ciel, les joies du paradis «. L’insistance sur l’idée de meurtre, d’assassinat est remarquable. 9 occurrences avec des synonymes variés dans les exemples bibliques : « assassiner, tua, auraient tué, assassine, coupe la tête, hache en morceau, égorgeant, assassiner «. Les termes de jugement sont sans équivoque, le vocabulaire de la condamnation morale est souvent hyperbolique, associé à l’idée de degré : « un des plus abominable fanatique «l.8, « d’autant plus coupables, d’autant plus dignes de l’exécration du genre humain «l.12, « ces misérables «l.26, « abominables «l.30, « fripons «l.38, « imbéciles «l.40. b) Le procédé le plus remarquable est la métaphore filée de la maladie. Dès le 1er paragraphe, les mots « transport «, « fièvre «, « rage «, « folie «. Au 2ème, « accès « de fureur. Mais surtout ensuite, les mots « maladie «, « mal «, et « remède « reviennent avec insistance. Le 3ème ¶ décrit les symptômes. Voltaire choisit les maladies les plus effrayants : « gangrené «, « maladie épidémique «, « la peste «, « poison «, « infectés «, « accès de rage «, « frénétique «. Emploi métaphorique, puisque c’est le cerveau qui est touché par ces maladies. c) La satire passe aussi par l’ironie, le sarcasme. L’oxymore « assassiner saintement «l.7 signale l’ironie, renforcée aussitôt par le paradoxe : « tua […] pour l’amour de Dieu «l.8 et plus loin : « mériter le ciel en vous égorgeant «l.37. Personne ne peut accepter une telle logique : l’assassinat ne peut être ni saint ni méritoire. Les lignes 25 à 30 feignent d’excuser la religion qui serait « salutaire « pour les gens normaux, et les récits bibliques qui auraient été « respectables dans l’antiquité «, alors que Voltaire ne pense ni l’un ni l’autre. Conclusion : Derrière l’article de dictionnaire se cache un véritable réquisitoire véhément contre les extrémistes religieux

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