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Fidji

Publié le 11/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Fidji, en fidjien Viti et en anglais (langue officielle) Fiji, pays insulaire d’Océanie, faisant partie de la Mélanésie, situé dans le Pacifique Sud. Sa capitale est Suva.

L’archipel des îles Fidji se situe au nord de la Nouvelle-Zélande ; il est traversé par le méridien 180° (antipode de celui de Greenwich). Il est formé de 800 îles, îlots et atolls, dont une centaine seulement sont habités. Les deux îles principales sont Viti Levu (10 429 km²) et Vanua Levu (5 556 km²). Elles représentent, à elles seules, 87 % de la superficie totale du pays (18 376 km²). Les autres îles sont Taveuni (435 km²), Kandavu (409 km²), Ovalau (104 km²), Ngau (140 km²), Koro (104 km²) et Rotuma, située au nord-ouest. L’archipel comporte également plusieurs groupes d’îlots : le groupe de Yasawa constitue, à l’ouest, un chapelet de seize îles ; le groupe de Lau, à l’est, entoure la mer de Koro.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief

Les plus grandes îles de l’archipel, d’origine volcanique, sont montagneuses et accidentées. Elles culminent à 1 324 m d’altitude au mont Tomanivi (Viti Levu). Des plaines côtières alluviales, fertiles mais discontinues, les frangent sur leur pourtour. Les petites îles sont des îlots volcaniques ou des atolls coralliens.

2.2 Climat

Le climat des Fidji est tropical. Il est très humide dans les zones exposées aux alizés du sud-est (côtes « au vent «), plus sec sur les côtes « sous le vent «, abritées. Une partie de l’archipel est régulièrement frappée par des cyclones. Les précipitations moyennes sont comprises entre 135 mm et 220 mm par mois de juin à octobre, et entre 250 mm et 375 mm le reste de l’année. Les températures moyennes sont comprises entre 25 °C et 27 °C de novembre à mai, et entre 23 °C et 24 °C de juin à octobre.

2.3 Ressources naturelles

Les bois et forêts couvrent environ 54,7 % de la superficie totale des terres émergées. L’archipel dispose d’importantes ressources halieutiques, ainsi que de notables gisements d’or (sur l’île de Viti Levu) et de manganèse.

2.4 Végétation et faune

Les Fidji sont caractérisées par une très grande richesse en espèces vivantes, tant dans l’environnement terrestre que dans le milieu sous-marin. L’archipel abrite les types d’écosystèmes présentant la biodiversité la plus élevée : sur terre, des forêts tropicales qui comptent parmi les plus riches de l’océan Pacifique, sous l’eau, un nombre élevé de récifs coralliens (un millier, dont la troisième plus longue barrière de corail au monde [200 km]).

2.4.1 Végétation

La flore des Fidji est caractérisée par une grande diversité et, comme dans tous les milieux insulaires, par un taux d’endémisme élevé. Les plantes vasculaires, par exemple, sont représentées par près de 1 800 espèces indigènes, pour lesquelles le taux d’endémisme « national « (espèces que l’on ne rencontre qu’aux Fidji, et souvent sur une seule île de l’archipel) est de 23 %. Par ailleurs, un certain nombre d’espèces est endémique de la région Fidji-Samoa-Tonga-Vanuatu.

La végétation des Fidji se répartit en quatre grands types de peuplement. Dans les zones « au vent « se trouvent des forêts tropicales humides, dominées par plusieurs espèces de grande taille, dont le kauri (Agathis macrophylla), qui peut dépasser 50 m de haut ; les fougères arborescentes sont répandues dans les strates inférieures. Dans les zones humides côtières poussent des mangroves. Le long des plages se dressent des rangées de cocotiers — probablement arrivés dans l’île, par le biais de noix de coco flottant sur la mer, il y a 4 500 ans. Les Fidji sont également riches en espèces uniques de palmiers : on y dénombre 24 espèces endémiques (et 6 espèces importées par l’homme). Enfin, les zones « sous le vent «, abritées des alizés, sont plantées de cultures tropicales, en particulier la canne à sucre.

2.4.2 Faune

Les Fidji représentent la limite orientale de l’aire de répartition des amphibiens de la zone intertropicale pacifique. La faune reptilienne comprend notamment deux espèces d’iguanes (l’iguane à crête des Fidji et l’iguane à bandes des Fidji), un gecko (le Gecko de Mann) et trois espèces de serpents. Deux de ces dernières sont venimeuses : Laticauda colubrina, marin, et Ogmodon vitianus, terrestre et fouisseur, qui se rencontre rarement. Contrairement à une idée répandue, cette quasi-absence de serpents venimeux dans les îles de l’archipel est originelle, et non imputable à l’introduction de la mangouste à la fin du xixe siècle — importée pour lutter contre les rats. En mer se rencontrent plusieurs espèces de tortues marines, dont la tortue-luth, la tortue verte et la tortue caret ou caouanne.

Les Fidji abritent 87 espèces d’oiseaux, dont 27 sont endémiques. Les seuls mammifères terrestres indigènes des Fidji sont des chauves-souris (5 espèces), menacées de disparition à des degrés divers. Les autres mammifères présents dans l’archipel (porc, mangouste, chat, chien, rat, etc.) ont été introduits, volontairement ou involontairement, par l’homme. Dans les eaux des Fidji croisent une dizaines d’espèces de cétacés (baleines et dauphins).

Riches en récifs coralliens, les eaux des Fidji abritent une faune marine extrêmement riche et diversifiée, parmi laquelle on dénombre 400 espèces de coraux, près de 120 espèces d’éponges et quelque 1 200 espèces de poissons (dont 7 requins).

2.5 Problématiques environnementales

Sur la terre ferme, les écosystèmes sont affectés notamment par l’accroissement du réseau routier. La déforestation (pratiquée essentiellement pour créer de nouvelles terres agricoles) a également contribué à la dégradation et au morcellement des habitats (on estime que, entre les années 1960 et 2000, 15 % du couvert forestier a été détruit) ; cependant, depuis le début des années 2000, le pourcentage des terres émergées couvert par la forêt est en augmentation.

Parallèlement, les Fidji, comme toutes les îles basses du Pacifique, sont très vulnérables au changement climatique : événements climatiques extrêmes (tempêtes, sécheresse), érosion des plages et perturbation des écosystèmes des mangroves dues à l’élévation du niveau de la mer, hausse de la température de l’eau entraînant un dépérissement des coraux (phénomène de blanchiment corallien), et par conséquent de toute la vie corallienne.

Les Fidji ont été choisies en 2006 comme pays pilote dans le cadre d’un projet de développement durable du tourisme dans le contexte du changement climatique, mené par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), conjointement avec les Programmes des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et pour le développement (PNUD).

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Caractéristiques démographiques

En 2008, la population fidjienne est estimée à 931 545 habitants, soit une densité de 51 habitants au km². Pour la période 1995-2005, le taux de croissance de la population s’élève à 15,1 % ; il est de 1,4 % en 2008. Le taux de natalité s’élève à 22,2 ‰, avec une moyenne de 2,7 enfants par femme. La population est relativement jeune : les moins de 25 ans représentent environ 50 % de la population, mais ce chiffre est en baisse (près de 59 % en 1985).

Cosmopolite, la population fidjienne se caractérise par des clivages importants entre les Fidjiens autochtones, d’origine mélanésienne, et les descendants des émigrés indiens établis au xixe siècle. Elle se répartit comme suit selon des estimations de 2005 : 54,8 % de Mélano-Fidjiens et 37,4 % d’Indo-Fidjiens (d’origine indienne). Le reste de la population est originaire d’Europe, d’autres îles du Pacifique et de Chine.

3.2 Divisions administratives et villes principales

Les Fidji sont constituées de quatre entités administratives appelées divisions (Centre, Est, Ouest, Nord) et d’une dépendance (Rotuma).

Outre la capitale Suva (75 225 habitants en 2007), principal port et centre commercial du pays, les autres centres urbains sur l’île Viti Levu sont Lautoka, Nadi et Ba et, sur l’île Vanua Levu, Lambasa. La part de la population rurale était estimée à 47 % en 2005 (contre environ 60 % en 1985).

3.3 Langues et religions

La population des Fidji est à 53 % chrétienne (essentiellement des Mélano-Fidjiens) — dont 34 % de méthodistes et 7% de catholiques — et à 34 % hindoue (des Indo-Fidjiens). La minorité musulmane (également des Indo-Fidjiens) représente 7 % de la population. La langue officielle est l’anglais. Le fidjien (langue malayo-polynésienne) et l’hindi sont couramment pratiqués.

3.4 Éducation

Le taux d’alphabétisation est estimé à 94,4 % de la population (2005). Suva abrite le siège de l’université du Pacifique Sud (University of the South Pacific), institution régionale de premier plan fondée en 1968 et ouverte à l’ensemble des étudiants océaniens.

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE

Ancienne colonie de la Couronne britannique, les îles Fidji obtiennent leur indépendance en 1970. La Constitution en vigueur date de 1997 ; elle succède à celle de 1990 et garantit une représentation plus équitable des Indo-Fidjiens au sein des institutions politiques. La république des Fidji est une démocratie parlementaire.

Le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République, qui est le chef de l’État. Le président de la République (qui doit être un Mélanésien de souche) est élu pour un mandat de cinq ans (renouvelable une fois) par le Grand Conseil des chefs (un organe institué pendant la période coloniale et constitué principalement de conseillers provinciaux). Le président nomme le Premier ministre, qui est le chef du gouvernement ; celui-ci nomme son cabinet parmi les membres du Parlement, devant lequel il est responsable.

Le pouvoir législatif est détenu par un Parlement bicaméral. La Chambre haute est constituée du Sénat, composé de 32 membres nommés par le président — 14 sur proposition du Grand Conseil des chefs, 9 sur celle du Premier ministre et 8 sur celle du leader de l’opposition. La Chambre basse est la Chambre des représentants, composée de 71 membres élus pour cinq ans — dont 25 au suffrage universel, 23 par les Mélano-Fidjiens et 19 par les Indo-Fidjiens.

En dépit de ce cadre constitutionnel, la vie politique a été marquée par plusieurs coups d’État (en 1987, 2000 et 2006) visant notamment à empêcher de manière anticonstitutionnelle l’exercice du pouvoir par le Fiji Labour Party  (FLP, travailliste), soutenu par la minorité d’origine indienne et victorieux aux élections législatives de 1987 et 1999). Dans ce contexte, le chef des armées (le Commodore) joue un rôle clé.

5 ÉCONOMIE

L’économie des îles Fidji est l’une des plus développées parmi les îles du Pacifique. Elle repose essentiellement sur l’agriculture, le tourisme et l’industrie textile. L’instabilité politique nuit toutefois à la situation économique du pays. Celui-ci est en outre largement dépendant de son industrie sucrière, qui pâtit des discriminations contre la minorité indienne — qui assure une grande partie de la production de sucre —, de la vétusté des infrastructures et de l’arrêt des subventions à la production de l’Union européenne dans les années 2000. Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est élevé à 2,7 % pour la période 1990-2003 ; il atteint 3,6 % en 2006.

5.1 Secteur primaire : agriculture, forêts et pêche

L’agriculture, qui représente 15 % du PIB mais emploie environ 60 % de la population active, est dominée par la culture de la canne à sucre. Les autres cultures commerciales sont le cacao, la noix de coco, le coprah, la banane, le café, l’ananas, le tabac. Elles coexistent avec des cultures vivrières (riz, maïs, taro, tubercules, haricots, potirons, manioc). L’élevage (bovins, porcs, chèvres) se développe. L’exploitation forestière et la pêche sont des secteurs actifs.

5.2 Secteur secondaire : mines et industries

Les industries, qui constituent 26 % du PIB, dérivent pour la plupart de la transformation des matières premières agricoles (industrie sucrière, industrie du bois, traitement du coprah, manufacture de cigarettes). Les exonérations fiscales ont encouragé le développement d’une industrie textile (vêtements). Les gisements d’or et de manganèse sont aussi exploités.

5.3 Secteur tertiaire : services, finance et commerce

Le secteur tertiaire constitue 59 % du PIB. Le tourisme est en plein essor (plus de 500 000 touristes au milieu des années 2000) et représente un cinquième du PIB ; le pays dispose d’un très bon réseau aérien notamment lié à ce secteur ; outre l’aéroport de Suva, l’aéroport international de Nadi, sur la côte ouest de Viti Levu, est l’une des principales plateformes de la région.

L’unité monétaire du pays est le dollar fidjien, divisé en 100 cents. Le tourisme, les exportations de sucre ainsi que les revenus provenant de la diaspora fidjienne constituent les principales sources de devises. Les principaux produits d’exportation sont le sucre, l’or, le poisson, le bois de construction, les vêtements et l’huile de coco (coprah), avec pour principaux clients l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Les Fidji importent essentiellement des biens manufacturés, des biens d’équipement et de transport, du pétrole, des produits chimiques et des denrées alimentaires ; ses principaux fournisseurs sont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour.

Fidji est notamment le siège du Forum des îles du Pacifique, principale organisation politique et économique régionale fondée en 1971.

6 HISTOIRE
6.1 Les premiers peuplements

Les premiers habitants des Fidji sont des Austronésiens (probablement venus de l’ouest, Nouvelle-Calédonie et Vanuatu), qui ont abordé l’ouest de l’archipel au cours du IIe millénaire avant notre ère. Ils y développent la culture Lapita, propre au Pacifique insulaire. Vers le xe siècle de notre ère, des populations originaires des îles à l’est (Tonga) s’installent sur les côtes orientales de Fidji.

6.2 L’arrivée des Européens

Au xviie siècle, les Européens découvrent l’existence de l’archipel des Fidji. Navigateur hollandais, Abel Janszoon Tasman est le premier à croiser au large des Fidji et à apercevoir l’île de Vanua Levu (1643). Il est suivi par les Britanniques James Cook, qui navigue au large des îles de Lau (1774), et William Bligh, qui traverse le détroit entre l’île de Viti Levu et celle de Vanua Levu (1789). Pour sa part, le Français Jules Dumont d’Urville fait escale dans l’archipel à deux reprises (1827 et 1838). L’exploration complète de l’archipel des Fidji est finalement menée en 1840, par l’expédition américaine de Charles Wilkes.

Au cours du xixe siècle, les Fidji sont la proie des puissances européennes qui rivalisent dans l’exploitation des ressources de l’archipel (bois de santal, noix de coco, etc.) et organisent la culture de la canne à sucre. Les îles sont alors organisées en chefferies ; puissant grâce à son commerce avec les colons planteurs européens de l’archipel, récemment converti au christianisme, le chef Cakobau parvient à soumettre les chefferies voisines et, en 1855, s’autoproclame Tui Viti (« roi de Fidji «). En octobre 1874 cependant, son pouvoir déclinant auprès des anciennes chefferies, Cakobau est contraint de signer un traité de Cession avec le Royaume-Uni, faisant des îles Fidji une colonie de la Couronne britannique.

6.3 La période coloniale (1874-1970)
6.3.1 Le gouvernement colonial

Face à la spéculation foncière des planteurs européens, les Fidjiens natifs ont été progressivement spoliés de leurs terres. Aussi, en 1880, le gouverneur britannique des Fidji, personnage éclairé, fait-il promulguer la « Native Lands Ordinance « qui remplace la vente de terre par un système de location généralisé.

De même, en 1879, afin de pourvoir au besoin de main-d’œuvre grandissant dans les plantations de canne à sucre, le gouvernement colonial britannique décide de faire appel à des Indiens. En échange d’un engagement contractuel de dix ans dans les plantations, ceux-ci reçoivent l’autorisation de s’installer librement dans l’archipel. C’est ainsi que, entre 1879 et 1916, plus de 60 000 Indiens migrent vers les Fidji.

Selon les termes du traité de 1874, le régime colonial est dirigé par un gouverneur et dispose d’un Conseil législatif composé de six membres (tous Européens), les affaires indigènes relevant pour leur part du Grand Conseil des chefs fidjiens. Au début du xxe siècle, le Conseil législatif est pourvu de deux sièges supplémentaires permettant la représentation des Fidjiens natifs (les Mélano-Fidjiens) en 1904, puis d’un nouveau siège pour les Indiens (les Indo-Fidjiens) en 1916. Cependant, face aux revendications des populations indiennes, une refonte du système est nécessaire en 1937, offrant désormais cinq sièges à chacune des trois communautés de l’archipel.

6.3.2 La marche vers l’indépendance

Dans les années 1960, lorsque le Royaume-Uni annonce sa volonté de se désengager des Fidji, une troisième réforme du Conseil législatif ouvre le corps à 38 membres, dont la moitié est désormais élue au suffrage universel. Avec le départ annoncé des Britanniques, les Mélano-Fidjiens craignent d’être bientôt politiquement et culturellement supplantés par les Indo-Fidjiens, majoritaires depuis le milieu du xxe siècle. Chacune des deux communautés fonde son organe politique en vue de l’indépendance : l’Alliance Party (1964) est tenue par le Mélano-Fidjien Ratu Kamisese Mara (1920-2004), tandis que le National Federation Party (NFP) est le parti des Indo-Fidjiens.

6.4 Les Fidji indépendantes (depuis 1970)
6.4.1 La période du dominion (1970-1987)

Le 10 octobre 1970, les Fidji deviennent indépendantes, mais demeurent, à la demande de l’Alliance Party des Mélano-Fidjiens, un dominion du Commonwealth ; à ce titre, le chef de l’État est le souverain britannique. Pendant dix-sept ans, le pouvoir est aux mains de l’Alliance Party. Cependant, la politique menée par Ratu Kamisese Mara est jugée trop consensuelle envers les Indo-Fidjiens par une frange de son parti, qui fait sécession et fonde le Fijian National Party (FNP) en 1974. Les tensions au sein du pays s’accentuent lorsque le NFP des Indo-Fidjiens sort victorieux des élections de 1976 ; cependant, le gouverneur général rappelle Ratu Kamisese Mara pour former un nouveau gouvernement et dissoudre cette assemblée. Les votes de 1977 confirment le gouvernement de Ratu Kamisese Mara.

En 1985, un nouveau parti fait son entrée dans l’échiquier politique fidjien, le Fiji Labour Party (FLP, travailliste) ; il est le premier à ne pas défendre des intérêts ethniques même s’il est soutenu par la population d’origine indienne.

6.4.2 Le coup d’État de 1987 et la République mélano-fidjienne (1987-1999)

La victoire d’une coalition menée par les travaillistes lors des élections d’avril 1987 provoque une onde de choc au sein de la communauté mélano-fidjienne. L’Alliance Party se dissout, tandis que le Fijian National Party (FNP) opte pour le coup d’État : le 14 mai 1987, le général Sitiveni Rabuka, Mélano-Fidjien proche du FNP, s’empare par la force des principales institutions du pays. En septembre, il abroge la Constitution et instaure la république (démocratie parlementaire), entraînant de facto le retrait des Fidji du Commonwealth.

Au lendemain de la proclamation de la République, Ratu Penaia Ganilau (ancien gouverneur général) accède à la présidence du pays (1987-1993), tandis que le leader historique des Mélano-Fidjiens, Ratu Kamisese Mara, est rappelé à la tête du gouvernement ; pour sa part, le général Sitiveni Rabuka obtient le portefeuille des Affaires intérieures.

En 1990, une nouvelle Constitution est promulguée ; elle renforce, en la légitimant, la prépondérance politique des Mélanésiens de souche. Sans surprise, les élections de 1992 sont remportées par le Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei (SVL), issu de la dissolution de l’Alliance Party. À la mort de Ratu Penaia Ganilau en décembre 1993, Ratu Kamisese Mara est choisi comme président par le Grand Conseil des chefs (1993-2000). Un nouveau gouvernement est formé par le général Sitiveni Rabuka.

Dans ce contexte pro-mélanésien, nombre d’Indo-Fidjiens quittent le pays, et la population mélano-fidjienne redevient majoritaire. En 1997, face à la crise économique consécutive à cette migration et l’hostilité de l’Inde, le Premier ministre Rabuka fait adopter une révision constitutionnelle : désormais, seul la présidence de la République est réservé à un Fidjien de souche, et le Parlement est rééquilibré selon une répartition ethnique. Cette nouvelle orientation permet ainsi aux îles Fidji de réintégrer le Commonwealth en octobre 1997, après la levée du veto de l’Inde.

Parmi les conséquences de la politique pro-mélanésienne, la renégociation des baux des terres que les Mélano-Fidjiens (seuls autorisés à être propriétaires depuis la loi coloniale de 1880) louent aux Indo-Fidjiens, entraîne une fragilisation du secteur de la canne à sucre, principale ressource du pays.

6.4.3 L’instabilité politique des Fidji depuis 1999

En mai 1999, à la suite de la victoire aux élections générales de la coalition menée par les Parti travailliste (Fiji Labour Party, FLP), le dirigeant syndical Mahendra Chaudhry devient le premier Fidjien d’origine indienne à occuper la fonction de Premier ministre.

Cependant, un an plus tard, en mai 2000, le gouvernement de Chaudhry est renversé par un coup d’État conduit par l’homme d’affaires George Speight. Ce coup d’État entraîne la démission du président Ratu Kamisese Mara, remplacé par Ratu Josefa Iloilo (et une suspension du pays du Commonwealth). L’armée intervient (sous le commandement du Commodore Voreqe Bainimarama) et un gouvernement intérimaire, avec à sa tête Laisenia Qarase, leader du parti pro-mélanésien Soqosoqo ni Vakavulewa ni Taukei (SVL). Celui-ci est reconduit dans ses fonctions lors des élections de septembre 2001. L’auteur du coup d’État, George Speight, est condamné à la prison à vie.

Laisenia Qarase forme un gouvernement de coalition, dont il exclut le FLP et les représentants de la communauté indo-fidjienne en bafouant les dispositions constitutionnelles. Les pays riverains et le Commonwealth interviennent pour faire part de leur préoccupation face à une situation politique encore fragilisée par le coup d’État, d’autant que la situation économique est critique (en 2000, le PIB a en effet chuté de 12,5 %). En juillet 2003, le gouvernement Qarase est déclaré illégal par la Cour suprême, qui le contraint à intégrer les élus indo-fidjiens, mais ceux-ci refusent. Le président Iloilo est réélu en mars 2006 et le Premier ministre Qarase remporte les élections législatives au mois de mai. Pour la première fois dans l’histoire du pays, un gouvernement multipartite intégrant des ministres travaillistes est mis en place.

Le 5 décembre 2006, le chef de l’armée, le Commodore Voreqe Bainimarama, prend le contrôle du gouvernement, dont il dénonce la corruption, en se présentant comme le défenseur de la minorité ethnique indienne et de la Constitution (ce qui souligne le rôle ambigu de l’armé). Le coup d’État entraîne une nouvelle suspension du Commonwealth. Un mois plus tard, le Commodore restitue le pouvoir au président Iloilo et prête serment comme Premier ministre par intérim.

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