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Gilles Deleuze : fiche de lecture sur les lettres à Blyenbergh

Publié le 09/01/2011

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deleuze

NOTES PHILO : Dissertation sur le mal

 

Gilles Deleuze: Spinoza, philosophie pratique

 

èChapitre 3 : les lettres du mal (correspondance avec Blyenbergh)

-         Blyenbergh est un courtier qui écrit à Spinoza sur la question du mal et celui-ci s’aperçoit vite qu’il recherche la dispute et juge très vite => théologien calviniste amateur

-         Première question de B. : La volonté d’Adam de manger le fruit défendu serait la cause de Dieu, pourquoi ? Spinoza explique alors que Dieu a informé Adam que le fruit serait dangereux pour lui, il agit comme un poison. => Thèse essentielle de Spinoza : ce qui est mauvais doit être perçu comme une intoxication voire une allergie.

-         Seconde question de B : Que fait-on des criminels ? Le mal est-il seulement lié à l’expérience et donc que veut dire le mot « connaissance « ?

ð Explication de l’empoisonnement selon Spinoza : Les corps sont composés de parties qui sont reliées par des rapports de manière toujours différente. En cas d’empoisonnement, un des rapports entre les parties est détruit et la mort arrive lorsque le rapport dominant du corps est appelé à être détruit. Autrement dit, l’empoisonnement n’est pas la disparition littérale du rapport mais surtout les parties entre lesquelles il s’établissait. Donc les rapports qui coïncidaient avec l’ordre naturel ne vont pas correspondre avec le nouvel ordre déterminé par l’empoisonnement qui va créer de nouveaux rapports où en décomposer => en ce sens, il n’y a pas de mal en soi mais seulement du mauvais.

ð Sera dit bon tout objet dont le rapport se compose avec le mien =convenance / Sera dit mauvais tout objet dont le rapport décompose le mien quitte à se composer avec d’autres = disconvenance

-         Situation compliquée : le nombre de rapports constituants est si important que la convenance et la disconvenance peut varier selon les individus + Au fil de l’âge les rapports que nous avons varient considérablement + Les maladies ou autres peuvent modifier les rapports à tel point qu’on peut se demander si c’est toujours le même individu qui subsiste + Si la modification est trop importante elle peut agir comme un poison qui élimine les autres parties (ex : certaines maladies ou le suicide)

-         Spinoza indique que nous pouvons également être empoisonneur et B. donne trois exemple de dégradation des rapports : l’assassinat, le vol et l’adultère. Il pose alors une série d’objections : 1) Comment distinguer le vice de la vertu ? 2) Comment faire pour que le mal ne soit pas la responsabilité ni la cause de Dieu ?

ð Réponse de Spinoza : l’acte de frapper est bon lorsqu’il exprime une capacité de mon corps à composer directement un rapport (ex : battre le fer) MAIS il est mauvais lorsqu’il décompose un rapport (ex : battre qqun et le tuer). è Il faut donc savoir si l’acte va être composable avec l’objet è DISTINCTION VICE/VERTU

-         La distinction vice/vertu ne repose ni sur l’intention de l’acte, ni sur l’acte même mais sur la détermination c’est à dire la relation entre le rapport de l’acte et le rapport de la chose (L’acte est-il associé à une chose dont il décompose le rapport ? Ou l’inverse ?).

ð Retour sur la thèse de Spinoza (« le mal n’est rien «) : Il n’y a rien d’autres que des rapports qui se composent et chaque idée est aussitôt associée à au moins deux corps dont le mien donc il n’y a pas d’idée qui disconviennent. En ce sens, le mauvais existe que dans une idée inadéquate et dans les affects (colère, haine)

-         En  est-il de même pour les essences ? Contrairement aux rapports, les acteurs et les essences ne sont pas parfaits. Les essences sont singulières et pourrait être directement associées au mauvais (=> seconde objection de B. sur le mal par nature.)

-         B. continue dans son objection avec le « mal malheur « : si un malheur arrive, il appartient tout de même à mon essence et celle-ci peut être contaminé donc on ne peut pas expulser le mal en moi.

è Réponse de Spinoza : 1) Si le crime appartenait à mon essence il serait une vertu car il serait insensé de vivre sans commettre de crime en sachant que je vis mieux en en faisant. 2) Ce qui appartient à une essence, c’est un état, une réalité qui exprime un pouvoir d’être affecté : qqn est donc méchant en fonction d’un affect qu’il n’a pas (il n’a pas de lucidité intellectuelle) ou qu’il n’a plus => Or une essence est figé et singulière, elle ne peut pas être une autre essence. 3) Donc le mal n’existe ni dans les rapports, ni dans les essences : il ne se forme que dans la comparaison entre deux rapports ou deux essences.

-         MAIS : forme d’instantanéisme de l’essence qui empêcherait une évolution dans le temps. Dans l’Ethique,  il fait pourtant mention de la durée à travers « la tristesse « : il y a une possibilité d’évolution de l’état et pas de comparaison entre deux états, notion de durée dans la tristesse. Diminution de la puissance d’agir qui se manifeste autant dans la victime que dans le méchant (car la joie du méchant dépend de la tristesse de la victime).

-         Ce qui appartient à l’essence c’est seulement l’état et l’affection : l’état englobe la réalité absolue et la variation de la puissance d’agir déterminée par la tristesse

-         Cette variation n’appartient pas à l’essence même mais à l’existence et à la durée, l’état qui en découle se détermine dans l’essence selon une augmentation ou une diminution : si l’état subit une augmentation, c’est comme cela que l’on pourra se faire une idée qui se composera avec nous et qui sera donc adéquate avec Dieu (l’état extérieur se double d’un bonheur qui ne dépend que de nous) / Avec une diminution, il y aura un enchaînement d’idée inadéquates.

-         L’existence est une épreuve continue : car malgré la perfection des états de l’essence qui expriment la réalité absolue, ils dépendent  de la variation  subie dans l’existence et qui va différencier leur loi de production.

-         Mais c’est une épreuve physique et non un jugement. Dieu est-il un juge du Bien et du Mal ?

=>Nous ne sommes jugés que par nous même mais l’épreuve que l’on subit physiquement est en opposition au jugement moral.

-         L’essence, partie la plus intense de nous même, coexiste avec l’existence dans la durée : Si durant notre existence on augmente notre puissance d’agir, on augmentera nos affections qui dépendent de nous = essence / au contraire si l’on a pas cessé de se détruire ou de détruire les autres, nos affections vont diminuer et vont prendre très peu de place dans notre essence pour créer le bonheur.

-         Différence entre homme bon/mauvais : l’homme bon existe si pleinement qu’il considère la mort comme chose extérieure, ayant conquis l’éternité de son vivant è PAS DE JUGEMENT MORAL DIFFERE (système de récompense et de châtiments)  mais une EPREUVE ETHIQUE qui analyse notre composition chimique**

-         ** 1° notre essence singulière et éternelle – 2° nos rapports, nos pouvoirs d’être affecté – 3° les parties qui définissent notre existence dans la durée et qui appartiennent à notre essence puisqu’elles effectuent nos rapports.

-         Le mauvais naît uniquement dans le 3° : il vient d’une affection qui excède notre pouvoir d’être affecté => rapport décomposé. En réalité tout ce qui est mauvais vient du dehors.

-         EXEMPLE : La mort. La mort vient de dehors en tant qu’il y a une durée moyenne de l’existence qui en plus peut être interrompue par des événements extérieurs => la mort en fait pas partie de nous.

-         La destruction de soi : groupe de parties qui sont déterminées à établir d’autres rapports et qui agissent en corps étrangers (ex : maladies auto immunes)

-         Le suicide : le groupe perturbé prend le dessus et incite les autres à déserter notre système. => modèle universel de l’empoisonnement

-         Nos parties extensives et nos affections ne constituent pas notre essence : l’affection dépend de causes extérieures qui agissent sur notre existence (ces affections peuvent compromettre ou renforcer nos rapports).

-         Si elle renforce nos rapports, elle va créer une affection « active « qui elle va être constitutive de notre essence, ex : auto affection è exclusion du mal.

-         A ce moment là, on prend conscience de nous même et de Dieu. Plus tôt cette auto affection surgit, moins le mal représentera quelque chose dans notre existence.

 

 

 

 

 

 

 

 

J.J Rousseau: Du contrat social – Livre 1, ch.4

 

-         Une convention est nécessaire pour légitimer le pouvoir d’un homme sur un autre. Mais selon Grotius, si un homme peut aliéner sa liberté pour un autre (esclave) pourquoi un ensemble d’homme ne pourrait-il pas le faire pour un roi ?

-         Explication du mot « aliéner « : donner ou vendre. Un esclave se vend à un homme pour sa subsistance MAIS un peuple qui se vend n’obtient pas la sécurité par le roi, c’est le roi qui subsiste grâce au peuple.

èRéférence à Rabelais : un roi ne vit pas de peu. Donc le peuple doit se vendre et abandonner leurs biens.

-         Et même s’il leur assurait la tranquillité dite « civile «, cela ne suffirait pas à leur bien car cette tranquillité peut signifier également leur misère = Etre tranquille ne veut pas dire être bien.

-         Un homme sain d’esprit ne peut pas se vendre volontairement, c’est un acte illégitime et forcé par un élément extérieur (idem pour un peuple).

-         Exemple de Rousseau : un père ne pourrait aliéner volontairement ses enfants car ils naissent libres et lorsqu’ils deviendront adultes, c’est à eux de décider de leur condition. => Pour assurer la légitimité d’un gouvernement, il faudrait  qu’à chaque génération il soit remis en cause.

-         Renoncer à sa liberté est totalement contraire à la nature de l’homme et une convention créée  sur cette renonciation est inutile car le maître a une autorité absolue et l’esclave lui doit une obéissance absolue => pas d’engagement réciproque + tous les droits reviennent au maître.

-         La guerre, une justification de l’esclavage ? (Hypothèse de Grotius) Le vainqueur a le droit de vie sur le vaincu, celui-ci préférera racheter sa vie en échange de sa liberté = profit réciproque

èRéponse de Rousseau : **Mais la guerre n’est pas une relation privée mais d’État à État et elle ne saurait exister dans l’état de nature ou dans l’état social où les lois conditionnent les rapports humains. La guerre et le droit de conquête n’ont comme fondements que la loi du plus fort. Elle n’oppose que des états et des soldats qui sont leurs défenseurs. ** De plus la guerre s’exécute sous des règles précises : un homme ne peut piller, enlever des gens et envahir un état sans faire une déclaration de guerre au préalable => Il va respecter les règles présente dans son état et dans celui qu’il compte envahir sans forcément tuer des gens pour détruire le présent état. Autrement dit, la guerre ne donne aucun droit (comme tuer des gens) qui soit nécessaire à son but.

-         Il n’y a QUE la loi du plus fort qui justifie les conquêtes, et étant donné que la guerre ne justifie pas le droit de tuer, elle ne justifie pas non plus le droit d’asservir.

-         « On ne peut tuer l’ennemi que si on ne peut pas le faire esclave « : autrement dit le droit de le faire esclave ne vient pas du droit de le tuer => L’échange proposé qu’il rachète sa vie (sur laquelle on a aucun droit) en échange de sa liberté est donc INJUSTE = cercle vicieux

-         En lui proposant d’être esclave, le maître ne fait pas grâce de la vie du vaincu, il le tue de façon utile car il n’a pas acquis la légitimité d’avoir des droits sur lui ==> Donc l’état de guerre est maintenu et la répétition de ce cercle vicieux n’ira jamais vers la paix.

-         Ainsi le droit d’esclavage est nul et illégitime. Ces deux mots sont contradictoires et s’excluent mutuellement d’homme à homme ou de chef à peuple car la convention établie n’ira que dans le sens du chef.

 

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