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Harris, Zellig - Langues et Linguistique.

Publié le 07/05/2013

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Harris, Zellig - Langues et Linguistique. 1 PRÉSENTATION Harris, Zellig (1909-1992), linguiste américain d'origine russe. Zellig Harris a formalisé les méthodes d'analyse distributionnelle puis a créé les bases d'une linguistique transformationnelle, reprise et développée par la suite par son élève Noam Chomsky. Il est le premier à avoir utilisé la méthode hypothéticodéductive en linguistique permettant de découvrir les structures syntaxiques d'une langue grâce à l'observation des régularités formelles d'un corpus. 2 LES FONDEMENTS DU TRAITEMENT FORMEL DE LA LANGUE Immigré aux États-Unis en 1913, Zellig Harris prend la nationalité américaine en 1921. Sa recherche entamée dès les années 1930 s'appuie sur les travaux d'Edward Sapir et de Leonard Bloomfield rattachés à l'école américaine d'analyse distributionnelle. Il devient avec ce dernier l'un des principaux théoriciens de l'école américaine de linguistique connue sous le nom de distributionnalisme. La théorie distributionnaliste apparaît au moment où l'oeuvre de Ferdinand de Saussure commence à être connue en Europe, mais, bien qu'offrant certaines analogies avec cette dernière, on doit la considérer comme indépendante de l'héritage saussurien. L'origine du distributionnalisme initié par Zellig Harris doit plutôt être cherchée dans la psychologie béhavioriste qui fait son apparition aux États-Unis vers 1920. Pour les tenants du béhaviorisme, tout le comportement humain doit être explicable à partir des situations dans lesquelles est placé le sujet, sans qu'il soit nécessaire de considérer des facteurs d'ordre interne. À ce titre, l'acte d'énonciation fait partie du comportement humain et il est donc possible d'expliquer la parole par son contexte d'apparition. Ainsi, « les parties d'une langue n'apparaissent pas arbitrairement relativement les unes aux autres ; chaque élément se rencontre dans certaines positions par rapport aux autres « (Zellig Harris). Professeur dès 1947, il se consacre à l'université de Pennsylvanie à des études de linguistique descriptive portant sur les langues sémitiques et les langues amérindiennes. Il fonde sa description linguistique sur l'analyse de régularités relevées dans différents corpus d'énoncés prononcés par différents sujets. 3 L'ANALYSE EN CONSTITUANTS IMMÉDIATS C'est dans Methods in structural linguistics (1951) que Zellig Harris tente de combiner la méthode distributionnelle à l'analyse phonologique et syntaxique de la phrase. Cette oeuvre importante constitue la première tentative de traitement formel de la langue et utilise des relations d'équivalence ou de substitution pour montrer les caractères formels les plus importants des langues naturelles. La formalisation va de pair avec le rejet du sens comme critère pour définir les phonèmes et les morphèmes puisque le postulat du distributionnalisme exclut qu'on s'appuie sur le sens ou la fonction des éléments linguistiques. Zellig Harris substitue au critère du sens le critère formel de la somme totale des environnements des éléments abstraits qui correspond à la distribution. À partir du contexte formé par les éléments de la phrase, il se livre à un travail de décomposition de l'énoncé qui l'amène à dégager des constituants immédiats. Chaque phrase se voit attribuer une structure hiérarchisée d'éléments emboîtés les uns dans les autres. Mais, se heurtant aux limitations de la description par constituants immédiats, il introduit la notion capitale de transformation que reprendra Noam Chomsky avec le système de l'arborescence mathématique, laquelle servira de support de structure aux transformations. Zellig Harris est aussi un précurseur par ses travaux sur l'analyse du discours (String analysis of sentence structure, 1962 ; Discourse analysis reprints, 1963). En utilisant pour le texte les principes distributionnels appliqués à la phrase, il montre que l'étude des formes récurrentes dans des énoncés longs fait apparaître des structures du langage. Il met aussi en évidence que le traitement des paraphrases, c'est-à-dire les différentes façons de dire plusieurs fois la même chose, a un rôle à jouer dans l'analyse systématique du discours. 4 POSTÉRITÉ Dans ses derniers travaux notamment (Notes du cours de syntaxe, 1976), Zellig Harris développe la notion de structure profonde, à partir de laquelle se dégagent les règles générales de formation des phrases d'une langue ; c'est ainsi qu'il jette les bases de ce que Noam Chomsky appellera la grammaire générative, reposant sur des principes mathématiques et que l'on utilisera en vue de l'analyse syntaxique par ordinateur. Les verbes y sont conçus comme des opérateurs exigeant un certain nombre d'arguments (de noms). Tout ce qui n'est pas opérateur ou argument, verbe ou nom, doit pouvoir être dérivable du système en termes d'entrées successives des opérateurs et des arguments qui leur sont associés. Cette entreprise systématique sans précédent constitue la première grammaire générale sur des bases mathématiques, avant d'aboutir dans Theory of Language and information. A mathematical approach (1990) où Zellig Harris démontre que le langage est « un système autosuffisant, auto-organisé, un système qui évolue «. Aujourd'hui abandonnée, l'analyse en constituants immédiats a fait l'objet de plusieurs remaniements. Noam Chomsky en a donné une version formalisée et a étudié les capacités et les limites d'une grammaire fondée sur cette analyse. Les méthodes de Zellig Harris ont aussi été appliquées à l'analyse du français par Maurice Gross (Grammaire transformationnelle du français 1968-1977). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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