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Homère, Odyssée (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Homère, Odyssée (extrait). De retour à Ithaque, Ulysse ne se fait pas reconnaître immédiatement, il lui faut surmonter une dernière épreuve et connaître les sentiments et la fidélité de Pénélope envers un époux demeuré si longtemps absent. Ulysse apprend de la sorte quelle fut la ruse de Pénélope pour ne pas céder à l'obstination de ses prétendants. C'est un drap mortuaire que la reine tissait, mais, en le défaisant chaque nuit, elle retardait le trépas de sa famille. Odyssée d'Homère (Chant XIX) PÉNÉLOPE. -- Ce que je veux d'abord te demander, mon hôte, c'est ton nom et ton peuple, et ta ville et ta race. Ulysse l'avisé lui fit cette réponse : ULYSSE. -- O femme ! est-il mortel, sur la terre sans bornes, qui te pourrait blâmer ? Non ! ta gloire a monté jusques aux champs du ciel ! et l'on parle de toi comme d'un roi parfait, qui, redoutant les dieux, vit selon la justice. Pour lui, les noirs sillons portent le blé et l'orge ; l'arbre est chargé de fruits ; le troupeau croit sans cesse ; la mer pacifiée apporte ses poissons, et les peuples prospèrent. Aussi, dans ta maison, tu peux m'interroger sur tout ce qu'il te plaît ; mais ne demande pas ma race et ma patrie ; en me les rappelant, tu ne feras encor qu'augmenter mes souffrances : je suis si malheureux ! Dans la maison d'autrui, il ne faut pas toujours gémir, se lamenter ; geindre sans fin n'est pas la meilleure attitude... qui sait ? quelque servante agacée ou toi-même, vous finirez par mettre au compte de l'ivresse ce déluge de larmes. La plus sage des femmes, Pénélope reprit : PÉNÉLOPE. -- Étranger, ma valeur, ma beauté, mes grands airs, les dieux m'ont tout ravi lorsque, vers Ilion, les Achéens partirent, emmenant avec eux Ulysse mon époux ! Ah ! s'il me revenait pour veiller sur ma vie, que mon renom serait et plus grand et plus beau ! Je n'ai plus que chagrins : tant le ciel me tourmente ! Tout m'est indifférent, les suppliants, les hôtes, et même les hérauts, qui servent le public. Le seul regret d'Ulysse me fait fondre le coeur. Ils pressent cet hymen. Moi, j'entasse les ruses. Un dieu m'avait d'abord inspiré ce moyen. Dressant mon grand métier, je tissais au manoir un immense linon et leur disais parfois : « Mes jeunes prétendants, je sais bien qu'il n'est plus, cet Ulysse divin ! mais, malgré vos désirs de hâter cet hymen, permettez que j'achève ! tout ce fil resterait inutile et perdu. C'est pour ensevelir notre seigneur Laërte : quand la Parque de mort viendra, tout de son long, le coucher au trépas, quel serait contre moi le cri des Achéennes, si cet homme opulent gisait là sans suaire ! «. Source : Homère, Odyssée, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade «, 1955. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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