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ile des esclaves scene6

Publié le 09/04/2013

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L'Ile des esclaves ( Marivaux) Scène VI Situer le texte : Les deux valets viennent tour à tour de dénoncer les travers de leurs maîtres. Cléanthis décrit avec beaucoup plus de ressentiments les défauts de sa maîtresse sur sa coquetterie, ses artifices, etc. En revanche Arlequin est moins cruel avec son ancien maître et se contente d'ébaucher un portrait satyrique. On note une différence d'attitude entre les deux valets. Les deux maîtres doivent ensuite avouer leurs défauts, non sans réticence. Et maintenant, en l'absence de Trivelin, les valets se comportent s'ils étaient réellement devenus leurs maîtres et singent leurs manières en jouant une scène d'amour. Hypothèse : Cette scène est en quelques sorte l'apogée du renversement des rôles. Les valets se prennent totalement pour leurs maîtres et s'amusent même à parodier leurs codes galants. Il y aune certaine fragilité dans l'inversion des rôles et encore une fascination à l'égard de leur maîtres et ils n'arrivent pas à s'en débarrasser. Ainsi ils donnent lieu à une véritable scène de théâtre dans le théâtre, les maîtres assistant à leur ridicule impuissant. 1)Parodie : ?En jouant cette scène d'amour à la manière de leur maîtres, Arlequin et Cléanthis parodient leurs anciens maîtres qui assistent impuissants à la contrefaçon de leurs attitudes. ¤ La conversation galante : Arlequin et Cléanthis imitent le comportement sentimental de leurs maîtres en adoptant les codes de la séduction mondaine. - Arlequin : la façon dont il courtise sa compagne : attitude galante des aristocrates? il se promène à son bras, il s'agenouille pour lui déclarer sa flamme. Son vocabulaire, métaphorique et précieux, n'est plus celui auquel ses origines et son franc-parler nous avaient habitués : «  Madame « pour s'adresser à Cléanthis, il feint de s'intéresser à la douceur du temps pour arriver adroitement aux sentiments que lui inspire la belle. Il recourt à la métaphore du feu pour désigner l'intensité de sa passion : «  Faut-il m'agenouiller, Madame, pour convaincre de mes flammes, et de la sincérité de mes feux ? « ? renonçant à sa rusticité, il sacrifie au raffinement verbal et aux convention galantes des aristocrates. - Cléanthis : elle incite son partenaire à se déclarer en employant ave subtilité, les champs lexicaux du sentiment et de la séduction : « on appelle un jour tendre « « vous êtes galant « «  vous me dites des douceurs « . Elle éveille le désir de celui qui la courtise « grâces « ¤ Les artifices du c?ur : Bien qu'elle paraisse raffinée, cette scène de séduction n'en reste pas moins ridiculement artificielle. Les deux valets imitent sans jamais vraiment s'éprendre l'un de l'autre. ? le jeu auquel ils se livrent est destiné à dénoncer le caractère mensonger de bien des pratiques galantes. Les aristocrates obéissent à des conventions dépourvues d'authenticité. Leur langage est à la fois stéréotypé et artificiel ; leurs attitudes sont feintes, leurs aveux hypocrites et affectés. En faisant remarquer à Arlequin qu'il est « aimable mais coquet «, Cléanthis met à jour les mécanismes de la séduction : « la belle conversation « est une comédie dans laquelle les êtres sont généralement dupes les uns des autres. ¤ Les formes différentes : Arlequin et Cléanthis parodient les comportements aristocratiques sans adopter pour autant, une attitude similaire. - Arlequin singe les manières d'Iphicrate , mais ne se prends jamais véritablement au jeu. En témoigne la façon dont il interrompt la scène de séduction pour rire des ses m?urs galantes : « Et palsambleu le moyen de n'être pas tendre, quand on se trouve tête à tête avec vos grâces. Oh ! oh ! oh ! oh ! « ? les éclats de rire d'Arlequin et l'emploi du juron populaire créent un soudain changement de registre qui tourne en dérision se manières raffinées. -Cléanthis se comporte, en revanche, de façon différente. Sans jamais rire de son propre jeu, la jeune femme se prends au sérieux et s'indigne du comportement de son partenaire. Elle intervient pour blâmer ses pitreries : «  vous défigurez notre conversation « ? cela montre que les aristocrates sont dupes du jeu auquel ils se livrent. ? une parodie pour Arlequin, un pastiche pour Cléanthis. 2)Théâtre dans le théâtre : ? Arlequin et Cléanthis joue à leur manière, une petite scène de théâtre impromptue. ¤ un changement de rôles : La didascalie laisse clairement entendre que les personnages se donnent la comédie. Le fait que Cléanthis et Arlequin se promène sur le « théâtre « et non sur une plage ou un décor de l'île est très significatif : la scène sur laquelle évoluent les personnages ne représentent plus une île, mais le monde du théâtre que le dramaturge se plaît à mettre en abyme ( théâtre dans le théâtre). Et au c?ur il y a le changement de rôle des personnages. Au cours de cette scène, Arlequin et Cléanthis, devenues comédiens, incarnent des personnages de l'aristocratie. L'emploi réitéré des termes « Madame « et « Monsieur «, la préciosité du vocabulaire et le vouvoiement témoignent de ce changement d'identité. ¤ des éléments de mise en scène : Les anciens valets sont les metteurs en scène de la petite comédie sentimentale qu'ils improvisent. Au début de la scène, Cléanthis organise la trame de leur brève représentation. Les répliques indignées qu'elle adresse à son partenaire au cour de ce passage témoignent de son désir d'être, tout à la fois, comédienne et metteur en scène. De là, le double langage qu'elle adopte : la jeune femme joue le rôle d'une parfaite coquette, on le voit par ses répliques : « Quelle vivacité ! Faut-il vous dire qu'on vous aime ? «. Elle est en revanche, metteur en scène lorsque qu'elle vitupère Arlequin, comédien incapable de tenir son rôle. Enfin, il y a la présence de spectateurs. La didascalie laisse entendre qu'Iphicrate et Euphrosine, réduits au silence, jouent le rôle de spectateurs. Parce qu'ils assistent, impuissants, à la contrefaçon de leurs attitudes, les maîtres déchus sont ainsi spectateurs de la comédie qui les ridiculise. ¤ des jeux théâtraux antithétiques : Les deux valets n'appréhendent pas leur rôle de manière similaire. - Incapable de s'identifier pleinement à son personnage, Arlequin ne peut contraindre durablement sa nature, sa sincérité naturelle et sa bouffonnerie resurgissent. Il laisse libre cours à sa spontanéité par ses éclats de rire. Il brise l'illusion sur laquelle repose le jeu théâtral. Ses facéties, sa vivacité et son inconstance rappellent que le personnage est issu de la commedia dell'arte. La séduction galante devient une improvisation bouffonne. - Cléanthis incarne, en revanche, son personnage avec sérieux et conviction. Ses manières sont celles d'une coquette : elle feint d'être indifférente aux compliments pour qu'on lui en adresse de plus tendre. Son travail de comédienne consiste donc à combler la distance qui la sépare du modèle à imiter, à se glisser dans la peau d'Euphrosine. Elle est ainsi plus proche des personnages de Molière que de ceux de la commedia dell'arte. Son théâtre est moins improvisé que celui son partenaire. Conclusion : - Marivaux à la fois léger et profond. Comique mais avec une interrogation profonde. Qui est qui ? Qui est Arlequin ? Uniquement valet devenu maître, Arlequin toujours double ? Cléanthis fait tout pour être aristocrate. On le retrouve chez les aristocrates, joue les valets mais gardent des éléments d'aristocratie ? complexité des personnages. - Marivaux tourne en dérision les comportements aristocratiques de son temps. Il conçoit ainsi une ?uvre d'une étonnante modernité.

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