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« Ils riaient quand il faisait des contes ». Pensez-vous que les contes soient avant tout écrits pour amuser et divertir ?

Publié le 05/12/2010

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À l'origine, un conte est un récit raconté à l'oral. Mais depuis la Renaissance, il est devenu un genre écrit à part entière. Qu’il soit raconté à l’oral ou à l’écrit, le conte est un genre littéraire. Commençant généralement par « il était une fois « et se finissant par la célèbre formule de clôture « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants «, le conte est un récit de faits ou d'aventures imaginaires impliquant l'évolution d'un personnage destiné à distraire le lecteur. Mais divertir le lecteur est-elle la principale fonction de ces fictions légères ? Nous verrons dans un premier temps les contes principalement écrits pour divertir le lecteur, puis nous nous arrêterons sur les contes philosophiques qui amènent le lecteur à s’interroger sur la société, et pour finir nous étudierons l’évolution de ce genre littéraire.

 

Les contes sont généralement destinés à distraire comme les contes de fées. Plusieurs éléments sont nécessaires à la confection d’un conte merveilleux capable de bercer le lecteur : un monde imaginaire, des éléments surnaturels ou féeriques, mais surtout des personnages humains ou animaux soient gentils ou méchants. Mais la fin « happy-end « du conte de fées est le plus important servant à faire rêver le lecteur petit ou grand. Dans Cendrillon, conte écrit par Perrault, tous les éléments du conte sont réunis : une héroïne douce, belle, gentille, la cruelle belle-mère dans le rôle de la méchante, la marraine magicienne pour le côté féerique, le prince-charmant dans le rôle du sauveur, et une fin heureuse : les amoureux se marient finalement. 

La Belle au bois dormant, Doucette, Peau d’âne, La petite sirène… et beaucoup d’autres contes servent à transporter le lecteur dans un monde imaginaire où seuls les gentils l’emportent et l’amour triomphe d’où l’expression « contes de fées «. Dans Cendrillon, Perrault distrait le lecteur plus qu’il ne l’éduque même si une petite morale apparaît : la vertu et la patience sont toujours récompensées. Certes beaucoup de contes servent à divertir plus qu’il n’éduque mais beaucoup d’autres éclairent le lecteur plus qu’il ne le divertit. 

 

En effet, à côté du conte divertissant existe un tout autre style de conte : le conte philosophique. C’est une histoire fictive produite par l’auteur dans le but de peindre une critique de la société. Il est rédigé en s'inspirant de la structure du conte pour se soustraire à la censure, tout en restant compréhensible. En effet, sous le voile de la fiction légère se dissimule la pensée de l’auteur. Dans Candide, Voltaire raconte la découverte du monde à travers le regard du personnage principale. Cela aurait pu faire un conte de récit d’aventures tout à fait traditionnel, mais le ton de l’ironie présent dans Candide démasque la pensée de Voltaire. Dans le chapitre où Candide découvre la guerre, Voltaire n’hésite pas à la décrire comme un spectacle, mais sous cet éloge apparent Voltaire dénonce en fait l’absurdité de la guerre. Voltaire critique aussi, tout au long du conte, la théorie de l'optimisme qui affirme « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes «, l’Eglise, l’aristocratie et l’esclavage. Voltaire réussi donc à diffuser les idées des Lumières grâce au conte qui par sa forme lui évite la censure. 

Donc derrière le côté divertissant de chaque récit peut se cacher la parole d’un auteur engagé, en quête d’éclairer les lecteurs sur les réalités sociales ou culturelles de l’époque. Le conte philosophique, dont Voltaire fut le principal initiateur, est donc une arme de combat pour défendre des idées comme l’on montré les philosophes des Lumières. Mais comment le conte est-il passer de la tradition orale à la réflexion philosophique ?

 

Le mot « conte « vient du latin computare, qui signifie « compter, énumérer «. Avec le temps ce mot a pris le sens de « rapporter des événements successifs «. Au Moyen Âge, le conte désigne toute forme narrative en vers ou en prose puis au 17e siècle, ce terme désigne une forme brève liée à la tradition orale et au plaisir de raconter sans trop de sérieux. Les premiers grands recueils de contes furent Le Décaméron de Boccace, composé entre 1348 et 1345 rassemblant 100 contes ou se basant sur la technique du « récit-cadre « (lorsqu’une histoire principale encadre la série de contes) mais aussi Contes et nouvelles en vers  (1665-1682) de Jean de La Fontaine, recueil de récits en vers, humoristiques, au ton affecté et galant. Cette tradition du conte grivois, inspiré des fabliaux médiévaux, est alors très à la mode. À la fin du 17e siècle,  les contes de fées issus du folklore et de la tradition orale se développent notamment ceux de Charles Perrault qui connaissent un grand succès (Peau d’Âne, la Belle au bois dormant, le Petit Chaperon rouge, Cendrillon). Au début du 18e siècle, les frères Grimm collectent à leur tour et consignent par écrit les contes de tradition orale de leur pays, l’Allemagne. Le Danois Andersen connaît également un très grand succès avec ses recueils de contes d’inspiration plus personnelle, publiés de 1835 à 1872 (la Petite Sirène, la Princesse au petit pois). Au 18e siècle, les contes exotiques apparaissent en France comme Mille et Une Nuit. Ces contes populaires d’Inde, de Perse, d’Arabie et d’Égypte, racontés depuis le 8e siècle dans les pays arabes, connaissent un grand succès. Le siècle des Lumières voit naître le conte philosophique créé par Voltaire, qui mêle les charmes du conte et la réflexion philosophique. Zadig ou la Destinée, Candide ou l’Optimisme : ils cherchent tous une réponse à une question essentielle : comment l’homme peut-il faire son bonheur ?

Au 19e siècle, le conte se confond souvent avec la nouvelle comme Les Contes drolatiques d’Honoré de Balzac (1832-1837). Guy de Maupassant publie quelques 300 contes et nouvelles, dont les Contes de la bécasse (1883) sur les faiblesses humaines.

Au 20e siècle, les Contes du chat perché de Marcel Aymé ont pour héros des animaux qui parlent comme des hommes. Ils mêlent une peinture réaliste du milieu paysan et un merveilleux qui naît des situations les plus quotidiennes.

 

Donc chaque conte à sa propre fonction : divertir le lecteur ou l’éduquer. Les contes de fées, les contes merveilleux vont préférés divertir le lecteur en lui proposant une histoire se finissant sur une fin heureuse. Et les contes philosophiques vont se servir de l’apparence du conte pour mieux critiquer la société et par la même occasion éclairer le lecteur sur le monde qui l’entoure. Mais comment l’auteur utilise son personnage pour arriver au but de son conte ?

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