INTERNATIONALE (L’)

Célèbre chant révolutionnaire composé par Eugène Pottier (1816-1888) en juin 1871, c’est-à-dire quelques semaines après la défaite de la Commune de Paris, dont il fut un des membres actifs. Elle ne fut publiée qu’en 1887, dans le recueil des Chants révolutionnaires de l’auteur. En 1888, Pierre Degeyter (1848-1932), ayant lu ce recueil, choisit L'Internationale pour la mettre en musique. Degeyter, né à Gand de parents français, était tourneur sur bois : dans ses moments de loisirs, il aimait à rimer et à composer des couplets qu’il chantait le dimanche dans les cabarets de Lille, Eugène Pottier, lui, également ouvrier du bois, écrivit sa première chanson. : « Vive la liberté «, lors de la Révolution de 1830. Après le coup d’État du 2 décembre, il continua, tout en travaillant, à composer des poèmes, dénonçant dans ses vers l’Empire et ses iniquités. En 1871, il participe à la Commune et s’occupe du IIe arrondissement de Paris dont il est élu maire. Ce fut après la Commune, lors de son exil en Amérique et après son retour en France (loi d’amnistie), qu’il composa ses plus beaux chants, tirant les leçons de l’histoire récente. A ce titre, L' Internationale témoigne de la maturité de l’auteur. La nouveauté d’une telle poésie, par rapport aux chansons socialistes qui fleurirent dans toute la première moitié du xixe s., c’est que l’ouvrier n’y est plus considéré comme un pauvre ou un insurgé, émergeant à peine de la masse du peuple, mais bien comme un « prolétaire « organisant cette masse dont il devient l’élément dynamique : « Groupons-nous, dit-il à ses frères de misère et de luttes, et demain, l’internationale sera le genre humain «. L'Internationale fut exécutée pour la première fois à Lille, le 23 juillet 1888. En 1889, au premier Congrès de la IIe Internationale, elle fut diffusée par les délégués français comme l’hymne du prolétariat révolutionnaire. Traduite dans toutes les langues, elle est un de ces chants qui, tout comme la Marseillaise. parti de France, a fait le tour du monde.