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INTRO : la conscience de soi

Publié le 12/03/2011

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conscience

La notion de conscience a toujours interessé la philosophie, car elle est plus ou moins présente dans sa définition même : ainsi, pour Socrate, la philosophie est une entreprise qui nous enjoint à prendre conscience de nos préjugés, et par là, à pouvoir mieux nous connaître, nous et le monde qui nous entoure. Philosopher, c’est prendre conscience de .. afin de se rendre maître de soi.

Nous allons voir que la philosophie attache un sens spécifique à la notion de conscience, qui va bien au-delà de la conscience \"critique\" découverte par Socrate, et cela, à partir de Descartes.

Mais avant d’y venir, abordons quelques exemples.

  1. \"j’ai pris conscience de cela en vieillissant\"
  2. \"la conscience est ce qui doit diriger nos actions\"
  3. \"sa conscience lui interdit d’agir de cette façon\"
  4. \"il est totalement inconscient du danger\"
  5. \"l’inconscient est ce qui détermine nos actions\"

 

I- Les propositions (1) et (4) emploient le mot \"conscience\" au sens d’\"avoir conscience de\", ou de \"prendre conscience\". Avoir conscience, c’est le plus souvent être capable de déterminer les conséquences de certains actes ou comportements. Ce qui importe, c’est la notion de capacité à faire quelque chose.

Précisions : Cf. étymologie = \"cum-scientia\", \"accompagné de savoir\" : être conscient, c’est agir, sentir, ou penser, et savoir qu’on agit, sent, ou pense.

En fait il y a plusieurs niveaux de conscience : il y a la conscience immédiate, la conscience réfléchie, et la conscience morale, qu’on peut ranger dans la conscience réfléchie (en tant qu’elle semble présupposer nécessairement son émergence).

1) La conscience immédiate : ce qui accompagne tous nos actes, nos perceptions, etc (sorte de présence du monde, à laquelle nous faisons attention : nous ne sommes alors pas \"immergés\" dans le monde, confondus avec) Ici l’exemple serait : percevoir un objet; se rendre compte qu’un objet est devant nous; et même, c’est ici qu’on rangerait \"il a perdu conscience\" (ie : il n’est plus \"éveillé\")

2) La conscience réfléchie : la conscience est ici capacité de retour critique sur nous-mêmes, sur nos expériences, nos actions, etc. ; la conscience se retourne sur elle-même, prend ses états de conscience comme objets de conscience; le sujet qui est conscient se ressaisit ici comme conscience, il a conscience d’être conscient (on \"prend\" conscience)

3) La conscience morale : capacité de répondre de soi, à porter des jugements de valeurs sur ses comportements (ceux d’autrui, ou les miens); nécessite la précedente, car le sujet doit pour cela faire retour sur ses actes afin de les juger.

II- Les propositions (2), (3) et (5) supposent tout autre chose. Il ne s’agit plus d’avoir conscience de quelque chose, mais d’être une conscience. Elle devient quelque chose en moi, ou quelque chose qui est moi, une sorte d’entité dont il faudrait percer les mystères. Elle serait le siège de la pensée et de la personnalité des individus.

C’est ce deuxième sens qui, à partir de Descartes, intéresse avant tout la philosophie : il s’agit d’une entité, d’une chose, du siège (origine) des actes, de la pensée, qui se situe sous ou dans notre tête.

Le problème philosophique de la conscience est donc, depuis Descartes, celui de savoir :

1) s’il existe quelque chose de tel, ou si au contraire elle n’est qu’une fiction (qu’elle soit d’origine philosophique, et donc, exemple typique de ce que fait la métaphysique, ou ancrée dans le sens commun).

2) et si on peut y avoir accès : après Descartes, la tradition française a continué et consisté à considérer le moi comme un objet, qui, de surcroît, est le fondement privilégié de toutes nos connaissances et de tout ce qu’on peut savoir. Le problème est ici celui de savoir si avoir conscience de soi, c’est vraiment se connaître soi-même

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