JACQUES DE LACRETELLE

Jacques de Lacretelle, originaire du Mâconnais, est le fils d'un diplomate. Après avoir évoqué discrètement les souvenirs de son adolescence dans La Vie inquiète de Jean Hermelin (1920), il écrit un court roman, Silbermann (1922), auquel il donne une suite en 1930, Le Retour de Silbermann : le héros, un israélite subtil et persuasif, nourrit l'ambition d'allier au génie de la France l'esprit critique de sa race; mais il est en butte, dans sa jeunesse, à la haine de ses camarades et, plus tard, il mène une vie misérable parce que, malgré tous ses dons, il manque d'esprit créateur. La Bonifas (1925) dépeint la destinée solitaire d'une femme au tempérament viril, dans le cadre d'une petite ville de province. De 1932 à 1936, Lacretelle publie le cycle des Hauts-Ponts : c'est, étalée sur trois générations, l'histoire d'une famille vendéenne qui se désagrège parce que ses membres sont animés par des passions opposées. Jacques de Lacretelle est un analyste amer et lucide de l'âme humaine. Il pénètre dans les « régions secrètes et douloureuses » des consciences et s'attache particulièrement « aux êtres injustement persécutés ou incompris en raison de leur pureté intacte et de leur sensibilité ». Le récit, bien équilibré, vise à l'essentiel; le style, châtié, est d'une lumineuse clarté.