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Fiche de lecture : SILBERMANN de Jacques de Lacretelle

Publié le 18/11/2018

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SILBERMANN

Jacques de Lacretelle. Roman, 1922.

 

Silbermann est un jeune écolier juif avec qui le narrateur s’est lié d’amitié. Différent, parfois insolent, il est en butte aux tracasseries de ses camarades qui le méprisent et le persécutent. Mais dans l’adversité, Silbermann se révèle fort et courageux. Au lieu de capituler, il résiste, habité par le sentiment de sa propre différence, voire de sa supériorité. Il mène seul sa lutte, délaissant parfois son jeune ami dont il déçoit sans s’en apercevoir l’amitié. Le regard du narrateur est ici sans complaisance: il observe et constate, s’abstenant de porter un

jugement. Pourtant, ce récit sensible et digne ne peut s’empêcher de conforter quelques stéréotypes sur l’identité et le caractère juifs.

 

Jacques de Lacretelle (1888-1985) est surtout connu pour ses romans: La Vie inquiète de Jean Hermelin (1920), L’Âme cachée (1928), Les Hauts-Ponts (1932-1935). En 1930, il donnera une suite à Silbermann, Le Retour de Silbermann. Mais cet écrivain est aussi un essayiste : Quatre Études sur Gobineau (1927), La Vie privée de Jean Racine (1949).

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« Jacques de LACRETELLE (Silbermann vient d'entrer au lycée en classe de troisième.

Le narrateur, un élève de la classe, raconte comment laméfiance de la majorité des élèves envers le jeune Juif va se transformer en franche hostilité.) Il avait été deux fois premier lors des compositions.

Ce succès avait suscité des jalousies parmi les rangs des bonsélèves.

Et comme il lui échappait quelquefois une ironie méprisante à l'adresse des cancres, il n'y avait pas moinsd'animosité contre lui aux autres degrés de la classe.

Les choses commencèrent par des taquineries assezinnocentes; elles furent un peu encouragées par l'insouciance de la plupart de nos professeurs qui, malgré sesbonnes places, n'aimaient pas Silbermann.

On s'en aperçut bien le jour où l'un d'eux, irrité de le voir venir tropsouvent près de la chaire, le renvoya avec une phrase brusquement cinglante que tout le monde entendit.Bientôt, pendant les récréations, ce fut un amusement courant d'entourer Silbermann, de se moquer de lui et de lehouspiller.

Sitôt qu'il apparaissait : «Ah! Voilà Silbermann, disait-on.

Allons l'embêter.

» On le bousculait, on prenaitsa casquette, on faisait tomber ses livres.

Silbermann ne se défendait pas, mais il ripostait d'un trait1 qui, le plussouvent, frappait juste et exaspérait l'assaillant.

Au début, ces petits succès de parole lui procuraient tant de plaisirqu'il en oubliait les brimades.

Mais, comme la répétition de ces scènes et aussi son physique bizarre lui valurentd'être en butte à la curiosité générale, je crus m'apercevoir qu'il commençait à en souffrir.

Peu après, le jeu prit lecaractère d'une persécution. Ce fut Montclar qui donna le premier une direction nouvelle aux vexations envers Silbermann.

Le premier, il l'attaquaau sujet des caractères physiques de sa race et des pratiques de sa religion.

Les autres, peut-être de convictionsplus molles, mais flattés par la présence de Montclar au milieu d'eux, le suivirent dans cette voie.

On ne laissa pluséchapper une occasion d'outrager Silbermann.

Il n'était pas le seul Juif dans notre classe, mais on ne s'en prenaitpas aux autres : Haase, le fils du banquier dont on savait que la sœur avait épousé un d'Anthenay et Crémieux dontle père était député...

Ce fut une très grande peine pour moi de voir Philippe se joindre aux persécuteurs.

Je savaisbien qu'il se plaisait aux jeux un peu violents ; je savais aussi que l'action d'un Montclar ou d'un La Bèchellière n'étaitpas sans le guider ; mais son bon cœur l'empêchait toujours de commettre une action qui pût nuire à un autre.

Jene m'expliquais pas cette haine instinctive et opiniâtre, telle que s'il avait senti ses biens et sa vie en péril. Jacques de LACRETELLE, Silbermann. 1.

Un trait ; Un trait d'esprit. sujets au choix 1) Imaginez une suite à ce récit.

Vous vous mettrez à la place du narrateur : comment vous comporterez-vous etpourquoi ? 2) Dans une lettre à sa famille ou à un ami, Silbermann expose la persécution dont il est devenu progressivementl'objet et cherche à en comprendre les raisons. 3) Montrez que Montclar, Philippe et les autres camarades de l'auteur deviennent des persécuteurs chacun à samanière et pour des motifs différents. conseils Sujet 1 • Ces extraits (légèrement trahis par de nombreuses coupures) du roman de Jacques de Lacretelle, permettent dese faire une idée du comportement du narrateur : — «Ce fut une grande peine pour moi de voir Philippe se joindre aux persécuteurs.» — «Je ne m'expliquais pas cette haine instinctive et opiniâtre.

» Il est l'un des seuls, pour ne pas dire le seul, à nepas participer aux manifestations d'antisémitisme, de plus en plus violentes, dirigées contre ce jeune Juif brillant etorgueilleux qui attise les jalousies et l'hostilité de ses congénères. • Une amitié peut naître entre ces deux garçons, qui assurera à Silbermann une relative protection et une meilleurecompréhension. Vous pouvez donc : — Soit imaginer les dialogues des deux nouveaux amis. — Soit décrire l'escalade de la violence raciste dirigée contre Silbermann. — Soit conjuguer ces deux thèmes, ce qui serait sans doute la solution la plus heureuse.. »

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