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JAZZ: la révolution be-bop. LA CHANSON DU «GROSS PARIS»

Publié le 09/12/2018

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LA CHANSON DU «GROSS PARIS». Pendant la Première Guerre mondiale, la chanson française s’était retranchée dans le genre «utile» pour contribuer à l’élan sacré: héroïque ou érotique, parfois comique mais troupier avant tout. Après l’armistice de 1940, dans tous les registres s’exprime une insouciance feinte propre à soigner la terrible «gueule de bois» des lendemains de défaite. Bien malin serait celui qui devinerait, à l’écoute des disques Pathé de l’époque, l’épouvantable tragédie qui se joue dans une Europe où les « maîtres-chanteurs de Nuremberg» donnent le la. Paris sous l’occupation, ce n’est certes pas ce lupanar pour gestapistes, cette «Babylone pour centurions éméchés» que dénonceront les romans et les films d’après l’horreur. Mais il est vrai que l’on y chante l’amour et le bonheur jusque dans le Vél d’hiv. Les étoiles du music-hall consolent les prisonniers et galvanisent la jeunesse des chantiers vichyssois. Mais une partie de cette génération perdue se met en dissidence: empruntant son nom aux onomatopées du chanteur de jazz Cab Calloway, la secte des zazous résiste à sa façon, en cultivant le swing loin des chants de bataille.

JAZZ: la révolution be-bop. À la fin des années trente, le «swing» est devenu une vaste affaire commerciale; récupéré, le jazz a acquis une certaine respectabilité; tout marche pour le mieux dans la meilleure des musiques. Cependant, les révolutions n’arrivant jamais sans quelques prémices, les audaces du pianiste Art Tatum, les «bombes» du batteur Kenny Clarke, le bouillonnement généreux du trompettiste Roy Eldridge, les idées harmoniques du guitariste électrique Charlie Christian sentent la poudre... c’est le boum du «be-bop», l’avènement d’un nouveau langage dont le Minton’s Playhouse (club new-yorkais où se retrouvaient les jeunes musiciens après leurs engagements dans les orchestres) sera l’un des creusets; les protagonistes sont Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Thelonious Monk, Kenny Clarke et Bud Powell. Les structures traditionnelles sont bousculées, remises en question: écartèlement de la rythmique, r/évolution du phrasé et transformation des thèmes, introduction des rythmes afro-cubains. Devenu une mode, le be-bop sera aussi le prélude à la «beat génération», coïncidant avec l’usage de la drogue dans les milieux artistiques.

 

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