Jean-Didier VINCENT (1935-) Cerveau gauche et cerveau droit

Jean-Didier VINCENT (1935-)

Cerveau gauche et cerveau droit

Pour résumer les choses et au prix d'inévitables approximations, il apparaît que les deux hémisphères, lorsqu'ils sont séparés chirurgicalement, interagissent, selon des compétences et des modalités différentes avec la moitié du corps et de l'espace qui leur revient : la droite pour le cerveau gauche et la gauche pour le cerveau droit.

Le cerveau gauche, dit hémisphère dominant, est responsable du langage parlé et écrit, des tâches motrices qui exigent précision et concentration dans l'espace, du calcul - il pense de façon logique et sérielle et établit les relations de causalité entre les objets et les faits. L'hémisphère droit est en revanche supérieur dans la perception des plans d'ensemble dans laquelle le corps évolue ; il guide les yeux et les mains dans l'exploration de l'espace dont il a une appréhension globale et intuitive ; il reconnaît les gens à la vue et à la voix ; il semble enfin qu'il ait une interprétation du monde à la fois plus réaliste, plus pathétique et une coloration plus sombre des humeurs qui s'en dégagent.

On doit toutefois remarquer que la séparation artificielle créée par la chirurgie empêche d'apprécier le fonctionnement normal des deux hémisphères. II paraît prouvé en effet que le cortex gauche exerce le rôle de contrôleur sur le fonctionnement du cortex droit et assure l'unification de la conscience. Il est d'ailleurs étonnant que les patients opérés n'éprouvent aucune modification de leur état de conscience, de leurs facultés, ni aucun sentiment d'incapacité intellectuelle. Si l'on croit Michael Gazzaniga qui a contribué à la plupart des recherches sur les split brains, c'est peut-être à la fabuleuse supériorité de son cortex gauche que l'homme doit sa conscience unifiée qui lui permet d'appréhender l'Être sous les instances de la parole originelle.

Qu'est-ce que l'homme ? Sur les fondamentaux de la biologie et de la philosophie (avec Luc Ferry), Paris, Odile Jacob, 2000, p. 195-196.