Devoir de Philosophie

Jouvet, Michel - Biologiste / Naturaliste.

Publié le 24/04/2013

Extrait du document

jouvet
Jouvet, Michel - Biologiste / Naturaliste. Jouvet, Michel (1925- ), neurophysiologiste français connu pour ses travaux sur le sommeil paradoxal, troisième état de fonctionnement du cerveau, avec l'éveil et le sommeil. Michel Jouvet a consacré sa vie à l'étude des mécanismes et de la conscience oniriques. Membre de l'Académie des sciences, médaille d'or du CNRS, professeur de médecine expérimental à l'Université de Lyon I, il a dirigé jusqu'à sa retraite l'unité de recherche de l'INSERM spécialisée dans l'onirologie moléculaire et l'unité associé au CNRS consacrée à la «neurobiologie des états de vigilance«. Instigateur d'un grand courant de recherches sur le sommeil et le rêve, spécialiste mondialement reconnu, il est aussi romancier (le Château des songes, 1992, le Voleur de songes, 2004). De la Résistance au CNRS Né à Lons-le-Saunier, Michel Jouvet prépare l'école navale au début de la Seconde Guerre mondiale, guerre au cours de laquelle il s'engage dans les bataillons FFI (Forces françaises de l'intérieur) du maquis du Jura. Après la guerre, il s'oriente vers des études de médecine, en même temps qu'il obtient un certificat d'ethnologie, avec André Leroi-Gourhan pour professeur, à Lyon. Reçu à l'internat, il choisit la neurochirurgie, puis, en 1949, se prend de passion pour la neurophysiologie. En 1955, Michel Jouvet passe un an aux États-Unis dans le laboratoire du professeur Magoun, séjour pendant lequel il découvre la formation réticulée du tronc cérébral, découverte qui est à l'origine de sa vocation. À son retour en France, il intègre le CNRS, au sein du département de physiologie de l'université ClaudeBernard de Lyon. La découverte du sommeil paradoxalÉtudiant le phénomène d'éveil en réponse à des stimulations électriques répétées, Michel Jouvet mesure l'activité électrique du cortex cérébral et des muscles de la nuque chez des animaux. Vers 1958, il décèle, à l'intérieur du sommeil du chat, deux états différents : l'un de sommeil à ondes lentes qui s'accompagne de la conservation du tonus musculaire ; l'autre, de sommeil profond caractérisé paradoxalement par une activité électrique cérébrale similaire à l'éveil, par des mouvements oculaires rapides et par une disparition totale du tonus musculaire. Il baptise cette phase de sommeil, très vite mise en évidence chez l'homme, «sommeil paradoxal« (1959). Il ne s'agit pas d'un stade de sommeil lent léger, comme le pensaient à l'époque les chercheurs américains, mais bien d'un «troisième état du cerveau, aussi différent du sommeil que le sommeil l'est de l'éveil«. Chez l'homme, 4 ou 5 phases de sommeil paradoxal d'environ 20 mn apparaissent au cours d'une nuit de sommeil. Les étapes ultérieures permettent de montrer que c'est dans ces phases que le rêve s'exprime avec toute la richesse sensorielle (visuelle, auditive, olfactive, gustative, etc.) et surtout motrice que l'on connaît. Le sommeil paradoxal paraît être le témoin neurobiologique de l'activité onirique. L'exploration d'un nouveau continentÀ partir des années soixante, Michel Jouvet oriente ses recherches dans deux directions, afin d'essayer de trouver une explication à l'activité onirique : d'une part, la recherche de l'histoire naturelle de ce phénomène («quand commence-t-il au cours de l'évolution, phylogénétique et ontogénétique ?«), d'autre part l'étude des mécanismes neurobiologiques du sommeil paradoxal. La première approche passe par l'étude du «rêve« chez les animaux et chez le nouveau-né, mammifères et humain. Michel Jouvet et son équipe découvre que le sommeil paradoxal apparaît chez les oiseaux et les mammifères, qui sont des homéothermes (animaux dont la température est constante) et est absent chez les poïkilothermes (animaux dont la température varie avec le milieu, comme les reptiles), sauf peut-être chez le crocodile. Dans son laboratoire, Danièle Jouvet-Mounier étudie l'ontogenèse comparée des états de vigilance chez le chat, le rat et le cobaye et observe que plus un mammifère est immature à sa naissance, plus le temps occupé par le sommeil paradoxal (ou sommeil sismique, ou sommeil agité) est important. Il atteint son taux le plus élevé au moment où s'achèvent la maturation et la programmation génétique du système nerveux. La seconde approche permet de mieux localiser les structures responsables du sommeil paradoxal, situées au niveau des noyaux du tronc cérébral. Michel Jouvet observe que la disparition du tonus musculaire dans le sommeil paradoxal est accompagnée non seulement des mouvements oculaires rapides mais encore d'une activité électrique rythmique, de nature périodique, issue du tronc cérébral à destination des centres corticaux, baptisée «ondes ponto-géniculo-occipitales« («ondes PGO«). Les chercheurs du laboratoire de Lyon se sont beaucoup interrogés sur le rôle de ces ondes ainsi que sur celui des mouvements oculaires rapides dans le phénomène du sommeil paradoxal. Après avoir mis en évidence les structures responsables de l'inhibition du tonus musculaire pendant les phases de sommeil paradoxal (le noyau locus coeruleus á), Michel Jouvet découvre, en levant cette inhibition par lésion de ces structures chez le chat, l'expression de ses «comportements oniriques«. En effet, celui-ci adopte, alors qu'il est endormi, en phase de sommeil paradoxal, tout un répertoire de comportements moteurs stéréotypés : approche d'une proie, posture d'affût, toilette, comportements d'attaque, peur, rage, colère, jeu...Au début des années soixante-dix, il émet sa théorie monoaminergique de la régulation des états de vigilance, affinée par la suite, qui place les monoamines (la sérotonine en particulier) au coeur des mécanismes de régulation de l'éveil, du sommeil lent et du sommeil paradoxal. Il ne cesse de développer des recherches cliniques et découvre en particulier une molécule (le Modafinil) qui constitue un traitement efficace contre l'hypersomnie et la narcolepsie, deux pathologies du sommeil très invalidantes. Le rêve est-il le gardien de l'individuation psychologique ? La découverte des « comportements oniriques « chez le chat le conduit d'abord à émettre l'hypothèse que le sommeil paradoxal a pour fonction la reprogrammation périodique des comportements caractéristiques de l'espèce. Cette hypothèse est ensuite abandonnée et une notion analogue se présente ; le rêve serait responsable d'une «programmation génétique itérative de l'individuation«. Si elle était confirmée, cette hypothèse expliquerait les différences psychologiques dans l'espèce humaine. Le rêve représenterait la répétition, au cours du sommeil, des mécanismes qui gouvernent l'ensemble de traits de caractères héréditaires constituant la personnalité. Selon l'expression de Michel Jouvet, le sommeil paradoxal serait «le gardien de l'individuation du cerveau«. Une «onirothèque« personnelleMichel Jouvet développe également une approche du phénomène onirique «par en dedans«, c'est-à-dire par l'étude des souvenirs de rêves. Il constitue sa propre «onirothèque« et publie dans le Sommeil et le Rêve, une étude portant sur 2525 souvenirs de rêves recueillis entre décembre 1970 et août 1978 («Mémoires et cerveau dédoublé au cours des rêves«) qui révèle certaines singularités dans le domaine des mémoires récentes et de l'activité des deux hémisphères cérébraux. Il observe, par exemple, à la suite d'un voyage, une latence de 7 à 8 jours dans l'incorporation du nouveau décor dans l'espace onirique du rêveur et suppose que le processus du rêve utilise deux sortes d mémoires. Dans d'autres rêves, le visage du sujet émetteur d'un message est parfaitement identifié, mais le message verbal ou écrit est totalement incompréhensible, ou bien le message est facilement retenu tandis qu'il est impossible de reconnaître le visage de l'émetteur du message ; il existerait durant les périodes de sommeil paradoxal une disconnexion temporaire entre les deux hémisphères. Les publications : science, fiction et vulgarisationMichel Jouvet a été membre du comité de lecture de nombreuses revues scientifiques. Il est l'auteur de plus de 400 articles dans le domaine de la neurobiologie. En 1992, dans le Sommeil et le Rêve, il livre les aspects essentiels de ses théories, recherches et expérience sur la fonction et la signification du rêve et du sommeil paradoxal. Parallèlement, il publie son premier roman, le Château des songes, sorte de transposition dans le monde du XVIIIe siècle de la recherche scientifique moderne sur le rêve et le sommeil. Un savant onirologue, Hugues La Scève, redécouvre, avec les moyens qui auraient pu être les siens à son époque (et une bonne dose d'ingéniosité ou de «pré-science«), une bonne partie de ce qui n'a été découvert que récemment dans ce domaine, ces quarante dernières années. Sa recherche, imaginaire, repose sur des bases scientifiques exactes. Roman singulier, érudit, le Château des songes obtient un grand succès de librairie. Avec le Voleur de songes (2004), il signe une nouvelle fiction à caractère scientifique, un véritable «thriller neurophysiologique«. La science des rêves y joue à nouveau un rôle essentiel. Cette fois, il se met lui-même en scène. Venu pour suivre une cure de bains de boue à Montegrotto (Venétie), le professeur Jouvet ressent les premiers signes d'un changement radical de sa personnalité. Ses rêves se transforment, il tient des discours étranges, défend des théories scientifiques qu'il combattait jusqu'alors. Le roman repose sur son hypothèse du rêve comme «programmation génétique itérative de l'individuation«. On a subtilisé au professeur Jouvet et injecté à son insu une molécule capable de supprimer ce «message de programmation«. Il vit à son tour les affres d'un rat ou d'un chat de laboratoire, victime d'une machination des services secrets de l'ex-Union soviétique. Avec le Grenier du rêve (1997), écrit en collaboration avec Monique Gessain, anthropologue spécialiste des Bassari du Sénégal oriental, il retourne à son autre passion de jeunesse : l'ethnologie. Le livre est le fruit de deux démarches convergentes : celle d'«une anthropologue intéressée par les rêves« et celle d' «un onirologue intéressé par l'anthropologie«. Ils étudient le sommeil et le rêve chez les Bassari, s'intéressent au contenu manifeste de leurs rêves et à leur rapport diachronique avec la vie éveillée, cherchant notamment à répondre à cette question : «Un Bassari vivant à l'âge de la chasse peut-il incorporer ou non, au niveau du rêve, son expérience des modes de vie et de pensées de l'ère industriel, lorsqu'il séjourne pendant plusieurs semaines, et pour la première fois, dans une grande ville comme Paris ?«. Pourquoi rêvons-nous ? Pourquoi dormons-nous ? (2000) reprend, sous la forme d'un dialogue avec un adolescent, les principales thèses de son principal ouvrage, le Sommeil et le Rêve. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles