JULES SUPERVIELLE

Supervielle, né à Montevideo comme Laforgue et Lautréamont, partagea son existence entre la France et l'Uruguay. Il débuta en poésie avec Brumes du passé, dès 1900, et publia sa dernière plaquette, Le Corps tragique, en 1959; ses principaux recueils se nomment Les Amis inconnus (1934)5 La Fable du monde (1938). Il a écrit, en outre, des romans (.L'Homme de la pampa, 1923); des pièces de théâtre [La Belle au bois, « féerie », 1932; Bolivar, 1936); des contes (L'Arche de Noé, 1938). Supervielle se défend de toute affinité avec le surréalisme; pourtant, la fraîcheur de son inspiration, la simplicité de son vocabulaire apparentent sa poésie à celle d'Éluard. Il possède assez de souffle pour évoquer avec puissance la sauvage beauté de la pampa; mais il excelle surtout dans l'art des demi-teintes et dans l'expression des sentiments délicats. Il chante avec une pudique tendresse, parfois nuancée de malice, l'harmonie d'un paysage, la grâce d'un animal ou le pouvoir de l'amour. Réservé, mais fervent, il est accessible à toutes les voix du monde, à tous les appels de la vie : Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même Et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant.