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KHMERS ROUGES (Cambodge)

Publié le 22/02/2012

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Mouvement communiste cambodgien. Au milieu des années 1960, pour qualifier de manière péjorative ses opposants, le prince Norodom Sihanouk dénomme les républicains « Khmers bleus » et les communistes « Khmers rouges » (les Khmers étant le peuple majoritaire du Cambodge). Exploitant le mécontentement rural, les communistes constituent des maquis avec le soutien actif des Nord-Vietnamiens et adoptent les thèses maoïstes. En avril 1967, la rébellion prend de l'ampleur après la répression de l'insurrection des paysans de Samlaut. Accusés d'être à l'origine de la révolte, plusieurs députés (Khieu Samphan, Hou Yuon) rejoignent les maquis. Paradoxe, évincé du pouvoir en mars 1970 par un coup d'État du lieutenant-général Lon Nol (1913-1985) soutenu par les États-Unis, Norodom Sihanouk se rallie à ses adversaires et leur apporte sa notoriété dans le contexte d'une implication accrue du Cambodge dans le second conflit indochinois dit « guerre du Vietnam ». Sans illusion sur ceux-ci, il s'attend après la victoire (les Khmers rouges entrent à Phnom Penh le 17 avril 1975), à être « craché comme un noyau de cerise ». Chef de l'État du Kampuchéa démocratique (1975-1976), il n'aura en réalité aucune influence. Les Khmers rouges ont installé une structure de pouvoir inédite. Divinisée même dans son anonymat, l'Angkar Leu (l'« Organisation ») concentre tous les pouvoirs et a « des yeux comme des ananas » pour tout voir. Partout la démesure, sous couvert de révolution radicale. Les Khmers rouges se livrent à un véritable autogénocide. Les décisions qui ont le plus scandalisé les Occidentaux furent l'expulsion des populations citadines puis l'élimination des populations éduquées, la suppression de la monnaie et celle des pratiques religieuses. Une césure entre le peuple « ancien » et « nouveau » est instituée. Il s'agit de régénérer le peuple en le rendant à son univers agricole originel, qu'il n'aurait jamais dû abandonner. À l'inverse d'autres révolutions faites au nom de la modernité, le mouvement khmer rouge se tourne résolument vers un passé lointain mythifié, symbole de pureté. Par le retour à la terre, les Cambodgiens doivent redevenir « Khmers ». Chassés du pouvoir par l'intervention des troupes vietnamiennes du 25 décembre 1978, les Khmers rouges trouvent refuge sur la frontière thaïlandaise. Forts des soutiens de Bangkok, de Pékin et de tous ceux qui s'opposent à la constitution d'un condominium soviéto-vietnamien sur l'Indochine, ils continuent d'occuper le siège du Cambodge aux Nations unies. En juin 1982, ils se joignent aux partisans de Norodom Sihanouk et à l'opposition nationaliste au sein d'un nouveau gouvernement du Kampuchéa démocratique, qui ne contrôle que quelques parcelles du territoire. Bien que signataires des accords de Paris devant mettre fin au conflit cambodgien (1991), ils boycottent les élections législatives organisées par les Nations unies (mai 1993). Acculée sur ses réduits de Pailin et d'Along Veng, la résistance khmère rouge s'affaiblit et ses chefs disparaissent : Ieng Sary est amnistié par le roi en 1996, Son Sen est assassiné par ses pairs en 1997, Pol Pot meurt le 15 avril 1998 peu avant que Khieu Samphan et Nuon Chea ne se rallient au gouvernement de Hun Sen (1951-) à Phnom Penh (le 25 décembre 1998) et que Ta Mok ne soit arrêté (le 6 mars 1999). Christian LECHERVY

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